Émigration et colonisation

[ Viking Expansion ]

L'expansion viking, Vis-à-Vis Graphics,

Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi des personnes quittent leur maison avec tout ce qu’elles possèdent et partent vers des contrées lointaines, en sachant qu’elles ne reviendront probablement jamais.

L’Europe de l’Est et la France

L’ampleur de l’émigration et de l’effort de colonisation qui ont eu lieu pendant l’ère viking n’a pas été égalée avant le seizième siècle. Pour les Scandinaves de l’Est (les Danois et les Suédois), coloniser était une conséquence naturelle des entreprises commerciales et de l’établissement de postes de traite en sol étranger. En Europe de l’Est, le nombre de commerçants et de colons scandinaves était minime. Après quelques générations, les immigrants se fondaient dans la population d’accueil et avaient peu d’impact sur le développement du pays. Les Danois et les Norvégiens ont reçu des terres en Normandie (France) à la condition d’en assurer la défense et celle des Français contre les autres attaquants vikings.

L’Angleterre, l’île de Man, l’Écosse, les Hébrides, les Orcades, les îles Shetland et l’Irlande]

L’expansion vers l’ouest a été plus importante et a généré un impact plus profond sur les pays hôtes. Il y a eu deux phases de colonisation. La première a touché l’Angleterre et l’Écosse et, dans une certaine mesure, l’Irlande. La culture scandinave, en particulier celle des Danois et des Norvégiens, est devenue la culture dominante dans plusieurs régions. Les Danois contrôlaient un large secteur du nord et de l’est de l’Angleterre, connu sous Danelaw [la loi des Danois]. En Écosse, les Scandinaves ont pratiquement éliminé les cultures pictes, britanniques, anglaises et écossaises. Ils y ont introduit l’architecture, la langue et les coutumes scandinaves et ont changé le bagage génétique de la population. Dès 840, les Scandinaves avaient établi des bases permanentes en Irlande d’où ils partaient dans toutes les directions pour faire des raids. Une de ces bases est devenue la ville de Dublin. Les Scandinaves ne s’établissaient nulle part à l’extérieur de leurs bases et, à partir du moment où leur influence a connu son déclin au dixième siècle, ils ont commencé à s’intégrer à la population irlandaise.

Les îles Féroé

Bien que les îles Féroé et l’Islande aient été aperçues par les marins pendant l’ère de l’Empire romain, il est possible que les Scandinaves aient ignoré leur existence jusqu’au moment où, colonisant les îles Britanniques, ils ont entendu des histoires sur ces terres. À part quelques ermites chrétiens, personne n’y avait vécu. Vers 825, les Scandinaves établis en Écosse se sont installés aux îles Féroé et on y retrouve leurs descendants encore aujourd’hui. Certains sont aussi venus directement de la Norvège.

Islande

On dit que Floki Vilgerdarson, un Norvégien, aurait été le premier à reconnaître le potentiel de colonisation de l’Islande. Le premier groupe de colons est arrivé un peu avant 870, suivi assez rapidement par plusieurs centaines de personnes. Les nouveaux Islandais ont enregistré leurs concessions territoriales dans un livre remarquable, Landnámabók, [Le Livre de la colonisation] [littéralement Le livre de la prise de terres]. Le Livre de la colonisation donne la liste de 430 colons et l’emplacement de leurs concessions. Ce qui ne veut pas dire qu’ils étaient seulement 430. On y enregistrait le nombre d’hommes importants, l’élite du pays. Ils étaient non seulement les chefs de leur propre famille, mais aussi des fermiers libres et de ceux qui payaient un loyer, en plus des travailleurs rémunérés et des esclaves. Il faudrait probablement multiplier 430 par 20 pour avoir une meilleure idée de l’ampleur de cette immigration. Ce qui veut dire que la colonie initiale devait compter environ 8000 personnes.

Les fermiers libres et les locataires n’avaient pas le choix de suivre leur seigneur dans sa nouvelle existence à moins de se trouver une place dans un autre domaine. Ils ne pouvaient pas s’établir par eux-mêmes puisque seuls les riches possédaient des bateaux. Ils ne pouvaient pas rester non plus dans le pays d’origine, même s’ils le désiraient, parce que leur travail et leur productivité étaient nécessaires à l’établissement d’un nouveau domaine dans un territoire vierge. Quant aux serviteurs et aux esclaves, leurs choix étaient encore plus restreints.

La terre cultivable était colonisée dès leur arrivée et le processus se déroulait ainsi. Les chefs se réservaient immédiatement d’énormes superficies. Ces terres étaient les meilleures pour le pâturage, les cultures et les ressources comme les forêts, les lacs pour la pêche, les plages pour le bois de grève et les baleines échouées, ainsi que les superficies avec du minerai de tourbières pour en tirer le fer. Le chef distribuait ensuite des parcelles de terre à ses locataires et aux petits fermiers libres. Ces derniers obtenaient les endroits les moins productifs. Les zones les plus vastes et les plus productives étaient données aux amis les plus influents dont le soutien était indispensable ou aux derniers arrivés qui à leur tour redonnaient les parcelles les moins désirables à leurs locataires et à leurs fermiers. C’était la manière dont les riches et puissants pouvaient s’assurer que leur prospérité et leur autorité seraient préservées dans l’avenir.

Le Groenland

Après une centaine d’années en Islande, la population s’était élargie à environ 16 000 personnes. C’était un fait connu qu’il existait des terres à l'ouest de l’Islande. Eirik le Rouge et quelques employés de ferme avaient exploré ce territoire pendant trois ans. Aux environs de 985, il s’est proclamé en charge de l’immigration de cette région. Les membres de 25 maisonnées ont décidé de le suivre. Seules 14 sont arrivées à destination. On ne sait pas si les autres se sont découragées et sont retournées en Islande ou si elles ont réessayé plus tard. Ce dernier scénario est le plus probable. S’il n’y avait eu que les membres de 14 ménages, la population fondatrice du Groenland n’aurait été que de 280 personnes, en comptant 20 personnes par ménage. L’expérience démontre que ce nombre est trop petit pour démarrer une colonie dans un environnement désert et inhabité. Vingt-cinq bateaux remplis à pleine capacité auraient représenté environ 500 personnes, ce qui est à peu près le minimum requis pour garantir le succès d’une telle entreprise.

La colonie du Groenland a éventuellement atteint 2000 à 3000 personnes au cours des deux ou trois siècles qui ont suivi. Seule une petite partie de cette grande masse terrestre que représente le Groenland était propice au style de vie des Scandinaves dont la base économique reposait sur les immenses pâturages pour leur bétail. Les seules régions habitables sont situées sur la côte ouest, à deux endroits principaux séparés de 550 km. Une de ces régions est juste au nord de la pointe sud du Groenland et elle était connue sous le nom d’« Établissement de l’Est ». La deuxième, très loin au nord, se nommait « Établissement de l’Ouest ». Une troisième colonie, également située au nord de l’Établissement de l’Est, mais plus proche s’appelait « Établissement du Milieu ».

Les régions où les Scandinaves se sont établis sont caractérisées par un réseau de fjords qui s’avancent loin dans les terres. Les établissements se trouvaient sur les rives protégées, situées à l’intérieur des fjords, jamais sur les côtes extérieures.

Lorsque les Scandinaves sont arrivés au Groenland, le pays était inhabité. Ils ont trouvé des signes que d’autres y avaient habité avant eux : des vestiges de canots de peaux et d’outils en pierres. L’archéologie nous apprend que le Groenland avait été initialement habité par les cultures paléoeskimaudes nommées « Indépendance I et II », puis par les Sarqaqs [connus au Canada comme les paléoeskimaux de la culture de Dorset] qui ont vécu là-bas 2000 ans avant notre ère. Au moment où les Scandinaves sont arrivés, les Sarqaqs s’étaient retirés dans le nord du Groenland, dans la région connue aujourd’hui comme le Grand Nord canadien.

À la fin des années 1200, les Thulés, les ancêtres des Inuits modernes, sont arrivés de l’Est pour s’installer dans le nord du Groenland. De là, ils se sont dispersés vers le sud, dans les régions scandinaves. Nous ignorons comment la relation entre les Scandinaves et les Thulés s’est développée. Les archéologues n’ont détecté aucun signe direct indiquant des interactions conflictuelles ou pacifiques. Des figurines de bois sculptées par les Thulés démontrent cependant qu’ils étaient conscients de la présence des Scandinaves.

À la fin du treizième et au début du quatorzième siècle, il y a eu des périodes de refroidissement climatique. Certaines années, le rendement des pâturages était si faible qu’il y avait famine. De plus, les voyages entre l’Europe et le Groenland étaient plus difficiles à cause des vents changeants et de l’accumulation de glaces le long des côtes. Aux environs de 1350, l’Établissement de l’Ouest avait périclité et les fermes avaient été abandonnées les unes après les autres. En 1400, il ne restait plus personne. L’Établissement de l’Est a continué d’exister pendant au moins cinquante ans, mais dès 1500, il ne restait plus rien. Ce qui s’est réellement passé est le sujet de nombreux débats savants. Est-ce que les Scandinaves ont été décimés après des combats avec les Thulés? Ont-ils été victimes d’une épidémie? Sont-ils morts de faim? Ont-ils plié bagage et sont-ils repartis? Si oui, où sont-ils allés?

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