Le rôle des femmes

[ Swedish Amulets of Female Figures ]

Amulettes suédoises à l’effigie de femmes, Quatre petites amulettes de la Suède représentant des femmes portant de longues robes et des châles. La première porte aussi un collier. Elle semble être vêtue d’une chasuble par-dessus une robe plissée à traîne. Elles ont toutes des coiffures soignées, même si la dernière porte peut-être un couvre-chef. Ce personnage porte un rhyton et représente probablement une valkyrie. Les amulettes sont faites de bronze et d’argent; la plus grande mesure 3,2 cm. De gauche à droite, elles proviennent respectivement de Tuna, Uppland, Statens Historiska Museum, Stockholm #10035; de Birka, Uppland, Statens Historiska Museum, Stockholm [2 et 3] # Bj968; et de Köping, Öland, Statens Historiska Museum, Stockholm #128., ATA, Statens Historiska Museum, Stockholm 10035, Bj968,128

Notre connaissance du rôle et du statut des femmes dans la société scandinave nous vient de trois sources : les découvertes archéologiques, les lois et la littérature du Moyen Âge ainsi que les inscriptions runiques.

Les sagas islandaises dressent un portrait intéressant de femmes indépendantes. Plusieurs en ont conclu que les femmes vikings étaient farouchement indépendantes et l’égale des hommes. Mais, en lisant entre les lignes, on se rend compte que la réalité était tout autre. Les femmes devaient se marier, faire des enfants et s’occuper de la maisonnée. Les mariages étaient arrangés par le père ou d’autres membres masculins de la famille (bien que le consentement de la future épouse était souvent recherché) et ces mariages représentaient plus souvent des alliances familiales que des histoires d’amour, même si l’amour faisait souvent partie de l’entente. Par exemple, dans « La saga d’Eirik le Rouge », Gudrid, qui était veuve, devait obtenir la permission de son beau-père, Eirik le Rouge, pour épouser Thorfinn Karlsefni [dans « La saga des Groenlandais », elle devait obtenir cette permission de Leif]. De plus, il semble que les veuves profitaient d’une plus grande liberté de choix que les femmes non mariées.

Les femmes n’avaient pas le même statut légal que les hommes. Une femme ne pouvait pas hériter autant que ses frères (dans certaines régions, elle n’héritait de rien si elle avait des frères). Elle ne pouvait pas introduire une cause devant le Þingi [parlement communautaire] à moins qu’un homme n’entreprenne les poursuites en son nom. Pourtant, une femme pouvait demander le divorce, mais pour des raisons spécifiques. Plus remarquable encore est le fait que dans le cas d’un divorce, une femme reprenait la dot qu’elle avait apportée au moment du mariage.

Certaines preuves nous permettent de croire que les femmes n’avaient pas autant de valeur que les hommes. Les femmes étaient presque exclusivement les seules victimes d’infanticides, le meurtre des nouveaux nés. Les fils avaient plus de valeur, car ils pouvaient accroître les propriétés terriennes, la richesse et rapporter des honneurs. Il fallait marier les filles et leur donner des dots. De plus, le fait d’avoir moins de femmes se traduisait par une réduction du nombre de naissances et donc moins de bouches à nourrir. Cette coutume s’est poursuivie même après l’arrivée du christianisme.

Les rôles étaient clairement définis selon le sexe. Les femmes cuisinaient, nettoyaient et s’occupaient de la plupart des tâches ménagères. Elles fabriquaient les vêtements de toute la maisonnée, ce qui comprenait toutes les étapes de la fabrication : semer et récolter le lin pour la toile de lin ainsi que l’ortie et le chanvre pour les autres types de tissu; élever les moutons, les agneaux et les chèvres pour obtenir la laine. Les fibres devaient être filées, tissées, coupées et cousues pour en faire des vêtements. L’importance de ce rôle est clairement montrée dans les mœurs funéraires. Les outils pour carder la laine, peigner le lin, filer, tisser et coudre sont trouvés en grande majorité dans les tombes des femmes. Ces dernières s’occupaient également de certaines tâches reliées à la ferme, telles que la traite, la fenaison et les soins accordés aux animaux.

Les femmes dont on parle dans les sagas étaient majoritairement issues de l’aristocratie. Maîtresses de grandes maisonnées, elles étaient responsables de nombreux travailleurs, serviteurs et esclaves. Elles détenaient les clés du garde-manger et des entrepôts et contrôlaient les provisions de la maisonnée. Plutôt que de faire elles-mêmes les grands travaux, il est fort probable qu’elles les supervisaient, bien qu’elles aient pu gouverner par l’exemple. Dans les grandes maisons, la maîtresse de maison était aidée d’une gouvernante.

Avec autant d’hommes qui partaient en expéditions guerrières ou commerciales, il devenait normal que la gestion quotidienne de la ferme ou du domaine soit l’apanage de la femme du propriétaire qui y gagnait ainsi en autorité. Les majestueux enterrements païens de femmes, bien que plus nombreux chez les hommes, démontrent qu’il y avait au moins certaines femmes qui exerçaient une grande influence.

On ne connaît presque rien de la vie des servantes et des esclaves qui s’occupaient souvent des enfants. Egil Skallagrimsson possédait une esclave qui avait été sa fostri [nourrice] étant enfant. De même, on sait peu de choses sur les femmes des petites maisonnées, telles que les femmes et les filles des fermiers locataires et des petits fermiers libres.

Par contre, nous savons que les femmes étaient hautement considérées dans les affaires religieuses, comme le prouve l’Edda, qui pourrait être traduit par « arrière-grand-mère ». Dans « La saga d’Eirik le Rouge », c’est une femme, avec l’aide de Gudrid, qui dirige les rituels païens pour mettre fin à la famine. Lorsque le christianisme est arrivé en Scandinavie, il semble que les femmes y aient été plus ouvertes que les hommes. Ce n’est pas une coïncidence si la première église au Groenland a été bâtie par Thjodhild, l’épouse d’Eirik le Rouge et la mère de Leif et de Thorsten.

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