Les femmes à l’ère des Vikings, par Judith Jesch, 1996.

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L’enlèvement des femmes irlandaises aux fins d’esclavage est confirmé par une source contemporaine d’un type quelque peu différent. Il s’agit de Life of St Findan (La vie de saint Findan), un moine de Leinster qui, comme de nombreux Irlandais, a passé la majeure partie de sa vie adulte sur le continent, au monastère de Rheinau (aujourd’hui en Suisse), où il est mort vers 878. Sa biographie a été rédigée peu après sa mort. Elle se concentre sur sa jeunesse et les évènements dramatiques qui l’ont mené à une vie d’exil religieux sur le continent. Il a été capturé par des Vikings, mais avant que Findan ne soit lui-même capturé, sa sœur avait subi le même sort :

Des étrangers appelés des Vikings avaient capturé la sœur de Findan ainsi que d’autres femmes lors des raids sur une île écossaise appelée Irlande. Son père a alors donné de l’argent à Findan et lui a ordonné d’aller racheter sa sœur et de la ramener à son père.

Findan ne réussit pas et il est bientôt lui-même capturé par les « païens »

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et à partir de ce moment, le récit suit ses tribulations. Nous devons présumer qu’il n’a jamais retrouvé sa sœur. Cependant, le destin de cette dernière a peut-être été similaire à celui qui attendait Findan :

Puis, selon la coutume, son maître viking ne désirant pas retourner dans son pays d’origine l’a vendu à un autre, qui l’a vendu à un troisième qui, à son tour, l’a vendu à un quatrième. Ce dernier maître, désirant revoir son pays natal, a rassemblé ses compagnons et a amené Findan et les autres [esclaves] en captivité.

Selon le récit de la sœur de Findan et de quelques autres (tel que la demande de rançon de deux jeunes Marocaines racontée plus haut), nous pourrions conclure que les Vikings faisaient des enlèvements plutôt que la traite d’esclaves. Une captive dont la rançon était payée pouvait être plus payante et beaucoup moins gênante qu’une captive qui devait être nourrie et vêtue.

Source: Judith Jesch, Les femmes à l'ère des Vikings (New York: The Boydell Press, 1996), 107-108.

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