La découverte et la colonisation de l’Islande dans le Landnámabók (Livre de la colonisation), partie 1, chapitres I, II et IV

L’Islande avant la colonisation – Le témoignage de Bede – Des anachorètes de Grande-Bretagne

Ceci est le prologue de ce livre. Dans ce livre qui raconte le passé et qui a été écrit pas le vénérable Bede, on fait mention de l’île nommée Tili qui serait, d’après ce qui est écrit dans les livres, à six jours de navigation au nord de la Grande-Bretagne. Là-bas, a-t-il dit, il n’y avait pas de jour en hiver, ni de nuit en été lorsque le jour est à son plus long. Les érudits disent que l’Islande est appelée Tili parce que le soleil brille sur tout le pays pendant la nuit entière au jour le plus long et que le soleil n’y est pas vu de la journée pendant la nuit la plus longue.

Mais Bede, le prêtre, est mort 735 ans après l’Incarnation de notre Seigneur selon les écrits et plus de cent ans avant que l’Islande ne soit peuplée de gens du Nord. Mais avant que l’Islande ne soit peuplée par les Norvégiens, il y avait des hommes que les Scandinaves appelaient les papar [moines irlandais]; il s’agissait d’hommes chrétiens et on pense qu’ils devaient venir de l’autre côté de la mer à l’ouest, car ils ont laissé des livres irlandais, des cloches, des crosses et plusieurs autres objets qui ont permis de comprendre qu’ils étaient des gens de l’Ouest (des Irlandais); ces objets ont été trouvés dans la région est de l’île des papar et à Papyle, et il est écrit dans les livres anglais qu’à cette époque des traversées avaient lieu entre ces pays.

[…] Lorsque l’Islande a été découverte et peuplée de Norvégiens, […] Louis, fils de Louis, était Kaiser au nord des Alpes et Léo et son fils Alexandre régnaient sur Constantinople. À cette époque, Harold Belle Chevelure était roi de Norvège […] Gorm l’Ancien était roi du Danemark et Alfred le Grand en Angleterre a été suivi par son fils Édouard […]

Donc, il est dit qu’un jour des hommes sont partis de Norvège pour se rendre aux îles Féroé; certains disent qu’il s’agissait de Naddod le Viking; mais ils ont dérivé à l’ouest et ont trouvé une grande terre. Ils ont grimpé au haut d’une montagne dans la région des fjords de l’est et ont regardé aussi loin que possible pour voir s’ils pouvaient détecter de la fumée ou des indices que la terre était habitée, mais ils n’ont rien vu. À l’automne, ils sont repartis aux îles Féroé et alors qu’ils prenaient le large il y eut une tempête de neige sur les montagnes et ils ont appelé ce pays Snaeland [Snowland – pays de la neige]. Ils n’ont pas tari d’éloges sur ce pays. […]

Il y avait un homme nommé Gardar, le fils de Svavar, un suédois d’adoption, qui est parti à la recherche de l’Islande à la demande de sa mère, une voyante. Il a mis pied à terre à l’est du cap de l’est qui était alors un havre. Gardar a navigué autour de la terre et a réalisé que c’était une île.

Il a passé l’hiver dans le nord, à Husavik dans le Skjalfand, et il y a bâti une maison. […] Gardar est ensuite parti pour la Norvège et il n’a pas tari d’éloges sur ce pays. […]

Floki, le fils de Vilgerd, était le nom d’un homme, un grand Viking. Il est parti à la recherche de la maison de Gardar […] Il y avait aussi un homme qui s’appelait Faxi, de Sodor, qui était sur le bateau.

Floki a apporté trois corbeaux sur le bateau. Le premier qui a été libéré a volé dans la direction arrière; le deuxième a pris son envol et est revenu sur le bateau; mais le troisième a volé immédiatement dans la direction où ils ont trouvé la terre. Ils ont contourné le cap en venant de l’est et ils ont suivi le littoral par le sud. Mais alors qu’ils naviguaient à l’ouest et passaient Reykjanes, l’estuaire est apparu et ils ont vu Snæfellness; Faxi a dit : « Cela doit être un grand pays que nous avons découvert et il y a ici de grands fleuves. » […] La baie regorgeait tellement de poissons qu’ils n’ont fait que pêcher et n’ont pas pensé à rentrer le foin pour l’hiver et tout le bétail a péri. Le printemps suivant était assez froid; puis Floki est monté au haut d’une montagne et il a découvert au nord, au-delà de la montagne, un estuaire avec plusieurs glaciers à la dérive; ils ont donc nommé ce pays « Iceland » [pays de glace — Islande] et il est depuis connu sous ce nom. […] Ils sont retournés en Norvège l’été suivant et lorsque les hommes les ont interrogés sur le pays, Floki en a dit du mal, Herjolf en a dit du bien et du mal, et Thorolf a dit que le beurre tombait de chaque brin d’herbe dans le pays qu’ils avaient découvert et en conséquence il a été surnommé Thorolf Smjör [Thorolf Beurre].

[…] Puis, les frères nourriciers ont équipé un grand bateau qu’ils possédaient pour aller à la recherche du pays que Hrafnafloki (Floki des corbeaux) avait découvert, qui était alors nommé Islande. Ils ont trouvé le pays et y ont séjourné dans l’est, dans la partie la plus au sud de l’estuaire Alptafirth (ou l’estuaire des cygnes le plus au sud). Le pays leur a paru meilleur au sud qu’au nord. Ils y ont passé un hiver puis ils sont retournés en Norvège.

Source: Ari the Learned, "La découverte et la colonisation de l’Islande dans le Landnámabók (Livre de la colonisation), partie 1, chapitres I, II et IV," The Northvegr Foundation, http://www.northvegr.org/lore/landnamabok/003.php, (2005).

Retour à la page principale