Les ports et le commerce en Norvège pendant la période de transition à l’époque historique

Un cadre conceptuel

L’étude des ports et du commerce en Norvège pendant la période de transition à l’époque historique devra bien sûr être concentrée sur les marchés côtiers. Une attention particulière sera portée au contexte social ayant mené au développement et à la croissance de sites spécialisés dans le commerce maritime.[…]

Cette période témoigne de changements assez rapides et profonds dans les structures démographiques, sociales et politiques. On constate l’apparition de nouvelles conditions dans la production, l’exploitation des ressources naturelles et l’échange de marchandises […]

Augmentation de la production et de la circulation de marchandises à la fin de l’âge du fer

[…] On a fait un constat important lors des recherches effectuées dans les champs et sur les hauts plateaux du sud de la Norvège : les anciennes et les nouvelles ressources, telles que la limonite, la stéatite et les pierres à affiler, ont fait l’objet d’une exploitation plus intense que par le passé. La construction de systèmes de pièges complexes révèle également une intensification de la chasse du renne et de l’élan. Lors de fouilles dans une petite ferme, datant de la fin de l’âge du fer ou du début de la période médiévale à Hjerkinn (Douvres), on a découvert que la chasse n’était pas seulement pratiquée pour la viande et la fourrure, mais aussi pour les ramures dont on a trouvé une assez grande quantité de fragments, indiquant que la collecte et l’apprêtage des bois de rennes y étaient pratiqués de façon systématique.

Des dépôts datant du début du Moyen Âge à Lund, Skåne, ont fourni des preuves que des petites quantités de ramures de rennes étaient utilisées pour la fabrication locale de peignes. On a aussi trouvé ici et là des ramures de rennes à Hedeby.[…] Des recherches systématiques supplémentaires nous dévoileront éventuellement l’étendue potentielle du commerce de ramures de rennes des régions montagneuses du nord de la Scandinavie.

[…] Des régions géographiques de plus en plus vastes semblent avoir été incluses dans les systèmes de troc et de distribution. Par exemple, Siri Myrvoll a fait état de nombreuses exportations, au dixième siècle, de pierres à affiler provenant des carrières d’Eidsborg, dans la région de Telemark, vers le Danemark, les pays baltes et l’Angleterre. Irmelin Martens a également démontré qu’il y avait eu une importante activité d’extraction de fer dans le Haut-Telemark. Le fer était probablement distribué dans de vastes régions du sud de la Norvège (Martens, 1987:69ff). Heid Gjøstein Resi a confirmé la présence d’une grande quantité de récipients faits de stéatite norvégienne à Hedeby pendant l’ère viking. De même, il y a eu augmentation de la production d’assiettes allant dans les fours et de meules pendant la période de transition à l’époque historique.

Les conséquences

L’intensification de l’exploitation et de la distribution des ressources en Norvège à partir de la fin du huitième siècle doit avoir favorisé, à la même période, l’établissement centralisé de ports de transit et d’entrepôts. […] Il semble évident que l’initiative d’établir des ports de transit et des entrepôts ne pouvait qu’émaner des personnes qui en tiraient profit, c’est-à-dire l’élite politique.

Le troc incluait les produits de matières premières, lourds et volumineux, qui devaient être transportés sur d’assez longues distances (voir le rapport d’Ottar). Cette situation a probablement nécessité l’utilisation d’une technologie plus efficace pour le transport et les communications. Il ne faut donc pas se surprendre de l’augmentation de la capacité de chargement des bateaux long-courriers aux neuvième et dixième siècles. […]

Les ports à l’âge du fer : une courte étude

Nous connaissons maintenant assez bien le développement de la technologie navale à partir de la fin de l’âge du fer jusqu’au Moyen Âge. Cependant, nous n’en savons pas beaucoup sur les marchés et les ports à la fin de l’âge du fer en Norvège. Nos connaissances sont plus ou moins limitées aux observations archéologiques acquises à un seul site, celui de Tjølling, près du fjord de Viks à Vestfold, mieux connu comme le célèbre Skiringssal ou Kaupang d’Ottar.

Ch. Blindheim a effectué des fouilles dans une petite partie de ce site et de son cimetière entre les années 1950 et 1960. En 1972, elle concluait comme suit : « la quantité et le type de marchandises, importées et locales […] révèlent une société qui devait compter sur le commerce et l’artisanat pour subvenir à ses besoins de base » [... ] La région était une « chefferie » […] Kaupang a donc joué un rôle important dans l’établissement des pouvoirs politiques et économiques des rois du Vestfold.

[…]

Si on examine l’emplacement de tous les lieux (enregistrés) dont les noms se rapportent au commerce, on remarque alors qu’ils avaient une nette tendance à se concentrer dans les zones centrales des territoires suggérés comme étant des chefferies. Il y avait manifestement un lien entre les groupes politiques organisés et les lieux centralisés reliés par le commerce et le troc [...]

Tjølling Kaupang, un port de transit danois?

[..]Les endroits où on retrouve des noms kaupang indique qu’ils sont reliés aux sièges des chefferies à l’intérieur de la région gouvernée par Ynglingeætt au neuvième siècle, c’est-à-dire Vestfold, Viken et une grande partie d’Opplandene […]

En ce qui concerne les communications, le Tjølling-kaupang est proche de Jylland, lequel doit avoir joué un rôle dans l’établissement de cet endroit comme centre commercial régional, tel que décrit par Ottar. […]

Références

Martens, I, 1987: Iron Extraction, Settlement and Trade in the Viking and Early Middle Ages in South Norway. Universitetets Oldsaksamlings Skrifter. Ny rekke, nr. 9: Proceedings of the Tenth Viking Congress. Oslo

Source: Axel Christophersen, "Les ports et le commerce en Norvège pendant la période de transition à l’époque historique " in Aspects of Maritime Scandinavia AD 200- 1200: Proceedings of the Nordic Seminar on Maritime Aspects of Archaeology, Roskidle, 13th-15th March, 1989, Ole Crumlin-Pedersen (Århus, Denmark: Kannike Tryk, 1991), 159-170.

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