Aurore - Le mystère de l'enfant martyre
   
 

Les échos

[ Affiche du film

Les événements qui se sont déroulés à Ste-Philomène de Fortierville en 1920 sont à l’origine de plusieurs publications, pièce de théâtre, romans, téléfilm, émission radiophonique, etc. En juillet 2005, un nouveau long métrage sur Aurore est à l'affiche. C'est un succès commercial, le film gagne près d'un million de dollars durant sa première fin de semaine en salle. Aurore est une icône pour plusieurs générations au Québec, nombre d’enfants se sont déjà fait dire: «Arrête de faire ton Aurore!» Ce qui signifie: «Arrête de te plaindre pour rien!». L’un des «mystères» les plus fascinants autour de la mort d’Aurore Gagnon est celui de la persistance de sa mémoire dans la conscience collective québécoise. Avec chaque nouvelle interprétation, le récit se transforme, parfois de manière subtile, parfois de manière assez dramatique. Cette persistance et ces mutations sont d’un intérêt capital pour tous ceux et celles qui s’intéressent aux rapports entre l’histoire et la mémoire collective.

Le premier écho de cette affaire dans la culture populaire québécoise est, bien sûr, le «cirque médiatique» qui l’entoure, la couverture de l’affaire dans les journaux canadiens-français étant des plus sensationnelles. Mais c’est à une pièce de théâtre montée en 1921 que l’histoire des Gagnon doit l’essentiel de sa persistance dans l’esprit des Québécois, au moins jusqu’aux années 1950. La pièce Aurore, l’enfant martyre, écrite par Léon Petitjean, est mise en scène peu de temps après le drame. Dès le 15 janvier 1921 – moins d’un an après la mort d’Aurore – la troupe Petitjean—Nohcor—Rollin, présente sa pièce en deux actes, avec 6 comédiens, à Montréal. La pièce connaît un vif succès; on estime qu'il y a eu au-delà de 5 000 représentations entre 1921 et les années 1950.

Entre temps, plusieurs romanciers québécois – dont Robert De Beaujolais, Yves Thériault et Hubert Pascal – s’inspirent du drame de Fortierville. C’est le cas d’Emile Asselin, dont le roman La petite Aurore (1951) sert à écrire un scénario pour produire le film La petite Aurore l’enfant martyre. La première de ce film a lieu le 25 avril 1952 et avant même sa sortie, il est déjà considéré comme un classique. Le cinéma québécois n’en est qu’à ses débuts et ce film mélodramatique est un des premiers à obtenir un tel succès.

Pour les Québécois francophones, l’affaire d’Aurore Gagnon est donc une histoire connue de tous et de toutes. Mais qu’est-ce qui explique la profondeur et la permanence de cette référence culturelle? Quelles sont les mutations que connait ce récit dans son cheminement depuis une maison de ferme à Fortierville via les journaux, les salles de théâtre, les romans sensationnels, jusqu’aux cinémas de Montréal? Quelle est, justement, la distance entre l’histoire dépeinte dans la pièce, les romans et le film et la réalité historique, dans la mesure ou l’on peut la connaître en lisant les journaux et les pièces judicaires de l’époque?

Nous vous proposons donc certains extraits de quelques unes des nombreuses oeuvres inspirées par la «mort étrange» d’Aurore Gagnon à Fortierville en 1920. Nous vous invitons à les comparer les uns aux autres, à les évaluer en fonction du reste de nos «archives virtuelles» et surtout à réfléchir sur la nature et la constitution à travers le temps de la mémoire collective.

 
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