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Les conflits des Doukhobors entre eux et avec leurs voisins

Des conflits avec leurs voisins [ Une foule de personnes à la recherche de terres assiège le bureau d’enregistrement foncier de Yorkton pour acheter les terres des Doukhobors que le gouvernement fédéral a expropriées., , Koozma Tarasoff personal collection 1130 ]

Dans leur Russie natale, les Doukhobors étaient perçus comme des dissidents religieux, mais, au Canada, un pays beaucoup plus laïque, leurs croyances religieuses n’étaient plus qu’un facteur secondaire de marginalisation. En fait, les Canadiens, que les Doukhobors appelaient les Angliki ou les « Anglais », contestaient bien plus le mode de vie de ces immigrants que leurs conceptions spirituelles. Les motifs de plainte portaient sur la concurrence déloyale que la communauté doukhobor faisait subir à ses voisins, sur les incendies criminels qui détruisaient les écoles financées à même les fonds publics ainsi que sur le nudisme auquel s’adonnaient des zélotes doukhobors. Les Angliki reprochaient aussi à Peter Verigin son autorité abusive et le traitement arbitraire qu’il réservait aux membres de la communauté doukhobors. Bref, les sujets de contestation de la population de l’Ouest canadien à l’égard des Doukhobors touchaient principalement la richesse, la culture et le pouvoir : tout cela avait peu à voir avec les questions d’ordre religieux.

La source de concurrence économique que représentait la communauté doukhobor était l’une des plus grandes peurs qui habitaient les non-Doukhobors. Même si on l'appelait une communauté et qu’elle fonctionnait selon des principes communautaires, la Christian Community of Universal Brotherhood Ltd. était néanmoins une machine capitaliste d’envergure qui effrayait ses voisins, des propriétaires de fermes à petits capitaux. La communauté produisait ou achetait au prix de gros presque tout ce dont ses membres avaient besoin, au détriment des petits commerces des villes voisines. En 1913, la Commission d'enquête Blakemore, menée en Colombie-Britannique, révélait que « les habitants de Grand Forks étaient extrêmement jaloux du succès avec lequel les Doukhobors avaient colonisé le territoire. » À la mort de Verigin, en 1924, la communauté possédait des dizaines de milliers d’acres de terres, qui s’étendaient de la Saskatchewan à la Colombie-Britannique, et la valeur totale de ses propriétés était estimée à 6 410 822 $, le tout en grande partie libre de toute dette.

Des conflits avec les gouvernements

L’éducation constituait l’un des problèmes les plus épineux entre les Doukhobors, d’un côté, et la population canadienne et les gouvernements provinciaux (celui de la Colombie-Britannique, plus particulièrement), de l’autre. Dans le cadre d’un forum grand public tenu en 1982, Nick Nevokshonoff, un aîné de la communauté doukhobor, a expliqué que « [Les Doukhobors] ont compris depuis longtemps que, en fait, l’éducation est […] le fruit défendu d’Adam et Ève […] et qu’il vaut mieux ne pas le goûter. » Ce sentiment négatif à l’égard de l’éducation, que les Doukhobors entretenaient déjà alors qu’ils vivaient en Russie, a perduré à leur arrivée au Canada. Ils l’ont transmis à la première génération d’enfants qui sont nés au pays.

De l’avis des Doukhobors, les écoles canadiennes enseignaient des valeurs immorales, notamment parce qu’on y préparait les jeunes au service militaire, qui, pendant et après la Première Guerre mondiale, faisait partie intégrante du programme d’études primaires dans la plupart des classes du pays. Pacifistes, les Doukhobors étaient offensés qu’on transmette de telles valeurs à l’école. Plus encore, l’éducation leur semblait minimiser, voire dénigrer, la portée de leur principe directeur « Travail et non-violence ». Pour eux, le travail se résumait principalement au travail agricole et à tout autre travail honnête effectué par la classe ouvrière, dont ils considéraient qu’ils faisaient partie. Dans cette perspective, l’éducation, pour être convenable, devait reposer sur un enseignement pratique afin que les enfants acquièrent des habiletés utiles au travail ménager et agricole. Aux yeux des Doukhobors, personne ne pouvait mieux qu’eux-mêmes transmettre ce savoir à leurs enfants.

Livres ou romans

Lettres

Articles de journaux ou de magazines

Histoire ou entrevue orale