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Une menace pour le district

Le commissaire reçoit l’opinion de témoins concernant les Doukhobors

[ Un magasin général à Grand Forks à l’époque où les Doukhobors sont arrivés dans le district, Unknown, UBC Special Collections 77-3 ]

Le président de la Commission sur les Doukhobors, William Blakemore, a tenu des audiences publiques à Grand Forks mardi et mercredi. Il était accompagné par G. H. Payle de Nelson, secrétaire, alors que le procureur Johnson de Nelson représentait les Doukhobors.

Trente-cinq témoins ont été entendus et la plupart ont exprimé l’opinion ferme des citoyens selon laquelle la présence des Doukhobors dans le district représente un préjudice sérieux.

I. A. Dinsmore, chef de police du district, a déclaré que de nombreux Doukhobors avaient été accusés et condamnés parce qu’ils avaient omis d’enregistrer les enterrements, mais que, outre le fait qu’ils ne respectaient pas les lois sur l’enregistrement et celles obligeant les enfants d’un certain âge à aller à l’école, ces gens étaient des citoyens respectueux des lois et ayant une bonne moralité, pour autant qu’il sache.

Robert Gaw, maire de Grand Forks, a dit que le milieu des affaires était en majorité contre la présence des Doukhobors et il a dit qu’il verrait d’un mauvais œil une éventuelle augmentation de leur nombre et que si la terre était occupée par des colons parlant anglais, les affaires de la ville seraient beaucoup plus prospères.

J. D. Honsberger a dit que sa terre était contiguë à celle des Doukhobors et, qu’ayant eu l’occasion de les observer, il croyait qu’ils étaient économes, propres, travailleurs et respectueux des lois. Au début, ils avaient pris l’habitude de cueillir les fruits de ses arbres sans demander la permission, mais ils s’étaient graduellement amendés et, selon lui, cela n’avait pas été un geste malhonnête, mais c’était plutôt dû au fait qu’ils ne savaient pas faire la distinction entre leur propriété et celle des autres, probablement à cause de leur mode de vie socialiste. Il n’avait rien d’autre à reprocher à ces voisins et colons, sinon leur communisme, ce qui affectait ses affaires en tant que producteur de fruits, de la même façon que les trusts et les cartels affectaient le producteur indépendant dans d’autres secteurs commerciaux. Sa peur principale résidait dans l’énorme avantage qu’ils possédaient au niveau des coûts de production, car quiconque devait payer sa main-d’œuvre ne pouvait leur faire concurrence, ce qui leur permettait de contrôler les marchés et les prix..[...]

[...]Arthur R. Mann, pharmacien, a dit que les Doukhobors achetaient des produits en très grandes quantités de son magasin; ils arrivaient avec des prescriptions des médecins locaux. Il les remplissait et les mettait sur le compte de la communauté. Depuis qu’il faisait affaire avec eux, il avait remarqué qu’ils payaient bien et il ne pouvait les critiquer d’aucune façon au sujet de leurs habitudes personnelles ou de leur moralité.

William A. Cooper cultive 115 acres de terre au sud de la ville depuis 21 ans. Il a dit que l’arrivée des Doukhobors a coïncidé avec l’éruption de petits méfaits, ce qui n’existait pas avant. Personnellement, il n'a pu prouver que le vol d’un seul article, une petite charrette à chien, qui a été prise chez lui et qui a été retrouvée chez un Doukhobor et retournée lorsque ce dernier a été accusé de l’avoir pris; mais d’autres voisins lui avaient parlé d’événements semblables. Il n’était pas prêt à affirmer sans aucun doute que les Doukhobors étaient responsables d’autres vols, mais il a soutenu qu’il était juste de penser qu’ils l’étaient si on considérait que rien de tel ne s’était produit avant leur arrivée.[...]

[...]B. Jewell, un autre voisin des Doukhobors, qui les a observés depuis leur arrivée dans la municipalité, pense que les Doukhobors sont de bons colons en autant qu’on les oblige à respecter les lois sur l’éducation. Ils avaient pris l’habitude de cueillir des fruits chez lui de temps en temps, mais pas en grande quantité. Cependant, il croit que si la même terre était colonisée par des gens de notre race, toutes les terres de la vallée augmenteraient de valeur. M. Jewell est également un des commissaires de l’école Carson et il a déclaré que les enfants doukhobors n’étaient pas allés à l’école ce dernier trimestre.

Au début du présent trimestre, quelques parents et adultes de la communauté sont venus à l’école avec leurs enfants, ont posé de nombreuses questions à l’enseignant sur la Bible et sur d’autres sujets et ils ont ensuite annoncé qu’ils ne permettraient pas à leurs enfants de venir « parce que vous leur apprenez à tuer et les enfants sont en colère parce que vous envoyez leurs pères en prison. »

J. H. Reid était un enseignant à l’école Carson et avait environ 14 enfants doukhobors dans sa classe. Selon lui, leur intelligence était à peu près égale à celle des enfants moyens et quelques-uns des garçons étaient exceptionnellement intelligents. Il leur arrivait de ne pas dire la vérité, mais depuis le temps, il pensait qu’il avait réussi à les corriger de ces défauts.

William Velasoff était un de ceux qui, il y a quelques années en Saskatchewan, avait participé à une marche et s’était permis un comportement particulier pour lequel le gouvernement avait dû intervenir, un de ceux que Peter Verigin appelait les fanatiques. En guise d’explication pour cette démonstration, M. Velasoff a dit qu’ils voulaient plus de liberté et ne servir qu’un seul maître. Il n’avait rien à reprocher aux conditions de vie dans la communauté. Après que le gouvernement les ait ramenés, il a vécu dans la communauté pendant un certain temps, puis il est parti, est devenu citoyen britannique et il est arrivé plus tard en Colombie-Britannique. En sept ans, il avait accumulé une somme de 3000 $ par son travail et il est maintenant propriétaire de 10 acres de terre et, avec son beau-frère, il loue 30 acres additionnels et il préfère être séparé de la communauté parce qu’il se sent plus libre.

Sam Negroff est un autre Doukhobor qui a quitté la communauté et qui gagne sa vie et celle de sa femme en travaillant pour des gages avec son équipage. Il a quitté la communauté lorsqu’ils sont arrivés en Colombie-Britannique sous le prétexte que le chef de la colonie locale avait refusé de payer les frais pour voir un médecin lors de l’accouchement de sa femme, disant que l’aide normale des sages-femmes était suffisante.[...]

[...] John Topp, propriétaire de ranch, désapprouve leur communisme et ne les aime pas comme voisins. Il est d’accord avec l’opinion que leur présence dans le district a freiné la prospérité et découragé la colonisation. [...]

[...]W. B. Cochrane, avocat et magistrat de police, a parlé de la vaste notoriété des Doukhobors à cause de leur comportement fanatique en Saskatchewan dans le passé, rendant ainsi leur présence préjudiciable au district parce que la population a peur qu’ils recommencent; en conséquence, les gens évitent le voisinage, ce qui déprécie les terres qui, autrement, seraient parmi les meilleures de la province.

Source: "Une menace pour le district," Grand Forks Gazette, 14 septembre, 1912. Notes: Page 4

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