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Les anciens de la communauté des Doukhobors ont ordonné l’incendie des écoles en 1924

Témoignage de Nikolai Nevokshonoff, un ancien de la communauté des Doukhobors, donné au Expanded Kootenay Committee on Intergroup Relations [comité élargi de Kootenay sur les relations intergroupes] le 28 octobre 1982

Témoignage de M. NEVOKSHONOFF –par le biais de M. Abrosimoff [traducteur (vers l’anglais)]. Je parlerai en russe. Je n’essaierai pas d’expliquer quand et pourquoi les Doukhobors ont commencé à utiliser le feu. Je dirai seulement que ce n’étaient pas seulement les « Fils de la liberté » qui étaient impliqués dans les incendies. Il y a eu certaines occasions à différents moments où des personnes d’autres groupes, des personnes de la communauté, membres de la Christian Community of Universal Brotherhood, et aussi des fermiers indépendants qui ont participé – qui ont été impliqués dans les incendies. Oui, les partisans des Fils ainsi que les dirigeants des Doukhobors étaient plus actifs dans ce type de travail. Il reste un incident dans ma mémoire – des incidents en 1924; en une nuit, des écoles ont été incendiées dans tous les villages des membres de la Christian Community of Universal Brotherhood. Sept écoles dans le district et ces incendies ont été allumés par les membres de la communauté eux-mêmes sans la participation d’aucun Fils. C’est arrivé à Pâques alors que tous les enseignants étaient partis dans leur famille. Dans chaque district, il y avait des membres élus comme administrateurs des affaires de la communauté pour une période d’un an. On les appelait les anciens. Et un ancien était élu à la tête de tous les anciens. Celui-là ne changeait jamais ou servait continuellement. Son nom était Waser Viashin; son nom était Chernenkoff, mais il était connu sous le surnom de Viashin. Il avait un équipage de chevaux blancs et un boghei sous ses ordres ou sous son commandement. De temps en temps, il allait dans les villages et supervisait leurs activités. Un peu avant Pâques, en passant dans les villages, William Viashin a dit à tous les anciens des [fin de la page 31] villages, qu’à un certain moment durant la nuit de Pâques, une école devait être incendiée : faites-le vous-même avec un assistant ou trouvez deux personnes de confiance pour le faire. Les écoles ont été incendiées et je peux nommer ceux qui étaient impliqués. Impliqués dans l’incendie des écoles. Je peux nommer par leur nom chacun des anciens et leurs assistants dans tous les environs. Au même moment et durant la même nuit, trois écoles ont été incendiées à Grand Forks. Je ne sais pas qui a mis le feu à ces écoles. Lorsque ces écoles ont été incendiées, Peter Vasilievich Verigin, le Divin, était en Alberta. Il en a entendu parler là-bas. Il est rentré à Brilliant peu de temps après. William Vlashin, Sam Verishagin et Vasha Anutiskin l’attendaient à la gare. Il est passé à côté d’eux. « Est-ce que toutes les écoles ont été incendiées? » Ils ont répondu « Toutes ». Il a dit « Eh bien, il semble que je devrai répondre pour ces écoles, mais après, une personne qui accepte des écoles devra en être personnellement responsable. » Six anciens et leurs assistants étaient impliqués dans l’incendie des écoles. Dans le village de Thotishenia, trois écoles : l’ancien Nicolas Chernenkoff, l’assistant Alex Chevdaeff, responsables d’une école. Les deux autres écoles : George Nazareff et Sam Nevokshonoff, la deuxième école. Emilia Kanigan et George Gleboff, et pour rendre les choses plus positives, Natalie était la femme de George, ça c’était la troisième école. Le village de China Creek ou Poupore, [fin de la page 32] une école : l’ancien Michael Sofonoff et l’assistant Samual Poznikoff. Le village de Pass Creek, une école : l’ancien, William Sukoroff et l’assistant George Perapolkin. Le village de Kladarodna, de l’autre côté de la rivière, une école : l’ancien, Timothy Strelieff et deux assistants, Fred Voykin et Peter Barikoff. Le village de Kristova, une école : l’ancien Nicholas Antifaeff et l’assistant Nicholas Barikoff.

M. GRTTCHIN : Barisoff.

M. ABROSIMOFF : Barisoff.

[p. 38]
M. WHITE : Je voudrais demander à M. Nevokshonoff quelle aurait été l’autorité de ces anciens par rapport à l’autorité du chef lorsqu’ils disaient à quelqu’un de faire quelque chose ou qu’ils donnaient des instructions.

M. ABROSIMOFF : (traduit en russe pour M. Nevokshonoff)

M. NEVOKSHONOFF – par le biais de M. Abrosimoff. Les membres étaient élus par la population. Et celui qui était au-dessus de tous les autres, il était choisi par le chef. Ce qui fait que les gens comprenaient que si Vasha disait quelque chose, cela était donc les désirs du chef. Il a peut-être fait des choses par lui-même, mais les gens pensaient qu’il parlait au nom du chef.

M. WHITE : Est-ce que j’aurais raison de penser que si un ancien donnait à la population l’ordre d’allumer un incendie, les gens penseraient que c’était le chef qui leur avait dit d’allumer un incendie? [fin de la page 38]

M. ABROSIMOFF : (traduit en russe pour M. Nevokshonoff)

M. NEVOKSHONOFF : Oui.

[…]

M. STANGELAND : J’ai juste une question pour M. Nevoksonoff. En ce qui concerne l’incendie des écoles en 1924, je voudrais juste savoir, selon lui, quelle est la raison pour laquelle les écoles ont été incendiées?

M. NEVOKSHONOFF – par le biais de M. Abrosimoff. Depuis toujours, les Doukhobors ont été contre l’éducation scolaire. Le gouvernement provincial a ordonné, peu de temps après notre déménagement ici en Colombie-Britannique, que les enfants aillent à l’école. Pendant longtemps, les Doukhobors ont essayé de trouver les raisons pour lesquelles les enfants devraient aller à l’école. À la fin, on leur a dit, et je pense que c’était le procureur général lui-même, M. Bowser, qui a dit à Peter Vasilievich Verigin, si les enfants ne vont pas à l’école, nous allons vous donner des amendes. Le Divin a répondu qu’il n’avait pas d’argent pour payer les amendes. Puis, M. Bowser a dit : « Alors nous allons prendre vos biens et meubles et les vendre et nous prendrons l’argent des biens et meubles pour rembourser les amendes. » Cela voulait dire la ruine. Alors à une réunion générale, Peter Vasilievich a parlé aux gens et leur a dit : « Mes frères et sœurs, nous sommes à nouveau menacés de ruine. La première a eu lieu en Saskachewan [sic] lorsque les terres ont été confisquées [fin de la page 44] parce qu’on ne voulait pas accepter la naturalisation. Ici, tout a été acheté à crédit et nous pourrions être ruinés à nouveau. » Et Peter Vasilievich a dit : « Mes frères et sœurs, je ne pense pas que vous soyez prêts à tout perdre pour cette bataille. On devrait peut-être accepter les écoles à de légères conditions. » Les premiers enfants qui sont allés à l’école étaient âgés de sept à dix ans. Seulement des garçons parce que les filles devaient garder les plus petits enfants pendant que les mères travaillaient aux champs. Les gens se sont souvenus que les écoles leur avaient été imposées, obligatoires, et les gens se souvenaient qu’ils devraient faire quelque chose à ce sujet. Les écoles ont été imposées en 1912. Douze années plus tard, en 1924, l’insatisfaction s’était accrue. Et on en est arrivé au point où il a été décidé d’incendier les écoles.

[…]

M. BOURNE : Est-ce qu’on pourrait entendre le psaume, M. Makortoff ?

[fin de la p. 61]

M. MAKORTOFF : Oui. Cela décrirait ce qu’a affirmé M. Nevokshonoff et je crois que cela le confirmerait. Que les écoles étaient acceptées avec réticence, que ce n’était pas quelque chose qu’ils voulaient. Peut-être parce que les écoles avaient une attitude militaire, la montée du drapeau et tout ce qui s’ensuit, et cela était inacceptable pour les Doukhobors. Si je pouvais lire le psaume, il expliquerait l’attitude générale de tous les Doukhobors à ce moment-là contre l’école.

Question : Pourquoi n’allez-vous pas à l’école anglaise pour apprendre la grammaire?

Réponse : Les écoles préparent les enfants à tuer et à la guerre. Vos enfants sont instruits et ne vivent pas avec leurs parents et ne les respectent pas. Nous nous efforçons d’apprendre à l’école de la nature de Dieu qui nous apprend la beauté divine de l’Univers, et ce, afin d’aimer le monde qui a été créé par Dieu pour notre joie. En même temps, nous travaillons la terre avec nos parents et, ensemble, avec nos propres labeurs, nous essayons de gagner la subsistance de notre corps.

Voici le psaume. [...] Si vous nous permettez, nous avons une autre question qui concerne la lettre [25 avril 1924] que M. [John J.] Verigin [fin de la page 62] a lu à John Oliver de la part de Peter le Divin. C’était en 1924. Nous avons un extrait ici d’une lettre de 1923, du même bureau. C’était au moment où planait la menace de l’école et qu’on imposerait des taxes à la population. Et cela a été fait. Cela dit : « D’une coupure de journal »
Ceci est une lettre du 17 mai 1923 :
« Vous verrez dans cette coupure de journal que les Doukhobors ont reçu une amende de 300,00 $. Les Doukhobors ne paieront pas cette amende de plein gré. Si la police de Nelson veut collecter les amendes par le pillage, comme elle l’a fait à Grand Forks, alors toutes les écoles dans les districts des Doukhobors fermeront et je ne peux garantir que les écoles ne seront pas incendiées puisqu’il est évident que le gouvernement ne cherche qu’une excuse pour se battre avec les Doukhobors au sujet des écoles. »

Cette lettre a été signée par Samuel Verishagin qui était l’équivalent d’un ministre de l’Éducation pour le C.C.U.B. […]

M. BOURNE : Commentaires, d’abord M. Verigin?
M. VERIGIN : M. le président, je ne vois pas de contradiction entre ces deux lettres. […] « Je ne peux garantir que les écoles ne seront pas incendiées. » Nulle part est-il écrit que M. Verigin lançait une campagne pour incendier les écoles. […] [fin de la page 65]

M. BOURNE : Il est bientôt temps de suspendre la session. Je me demandais si vous vouliez poser d’autres questions au témoin ou si

M. MAKORTOFF : À ce moment, nous devrions probablement laisser partir le témoin. Ce que nous devrions peut-être faire est un sommaire de ce qui s’est passé et de ce que le témoin a dit. Il y avait un consensus et il y avait un réel sentiment de confiance envers le chef des Doukhobors. Selon les propres paroles de Peter Verigin, il y avait alors peut-être vingt ou trente Fils de la liberté. Les moyens pour se déplacer étaient difficiles, les chemins n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui. Et pourtant, il y a eu plus de deux douzaines d’écoles incendiées en cette seule nuit. […] [fin de la page 66]

[…]

M. BOURNE : Je pense que M. Nevokshonoff, le témoin, nous a beaucoup aidés.

Source: Nikolai Nevokshonoff, "Les anciens de la communauté des Doukhobors ont ordonné l’incendie des écoles en 1924,", 28 octobre, 1982.

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