Alan H. Ross, lettre à Blodwen Davies, 11 juin 1930

Sault Sainte-Marie, Ontario
11 juin 1930

Chère Mlle Davies, –

[…]

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[...]

Tom est resté à la maison jusqu’à ce qu’il atteigne sa majorité en 1898. Son grand-père, le père de M. Thomson, avait laissé un testament pour le moins particulier en vertu duquel tous les frères et sœurs de Tom, et Tom lui-même, touchaient un certain montant d’argent lorsqu’ils passaient à l’âge adulte. Je ne saurais affirmer ceci avec certitude, mais je pense que Tom a touché une somme d’environ $1800 ou $2000 quand il a atteint l’âge de 21 ans. J’ai été apprenti machiniste chez Wm Kennedy et fils à Owen Sound à partir de 1894. Tom est devenu apprenti dans la même entreprise à l’hiver 1899. Il n’y est resté qu’environ

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huit mois, cependant.

Lui et le contremaître, un monsieur du nom de Munro, ne se sont jamais entendus et au cours du mois d’août de la même année, Tom a démissionné. Il m’a dit environ 3 ans plus tard que c’était le plus regrettable incident de sa vie jusque là et qu’il avait souvent pensé à reprendre le métier. Quoi qu’il en soit, il est rentré à la maison pour quelques mois et est ensuite allé à Chatham, Ont., où il est entré au Canada Business College. C’est là que George et Harry ont tous deux reçu leur éducation respective. […] Je ne pense pas que le séjour de Tom à Chatham lui a fait grand bien. Il m’a semblé être à la dérive à cette époque. Il était plutôt doué pour ses études mais il manquait de concentration. […]

Puis, en 1901, Tom a quitté la maison une fois de plus pour aller à Winnipeg et un peu plus tard il s’est retrouvé à Seattle. Ses frères George et Harry s’y trouvaient déjà et Ralph a suivi les trois autres dans la même ville à l’hiver 1901-02. Je me suis rendu moi-même sur la côte en avril 1902 et j’ai passé beaucoup de temps avec Tom cet été-là. Il travaillait pour une firme de graveurs,

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Maring and Ladd, et tout semblait bien se passer pour lui. Il s’est bien sûr fait une foule d’amis; je n’ai jamais connu personne qui avait autant de facilité à se faire des amis. Je suis revenu dans l’est en 1902 et Tom est retourné à Owen Sound, je pense, en 1904, avec son ami Horace Rutherford. […] Je n’ai vu Tom qu’à deux reprises après 1902, et chaque fois pour quelques jours seulement. La première fois, c’était en 1905, quand son père est déménagé à Owen Sound, puis l’autre fois, en 1910. Alors je ne peux rien, ou presque rien vous dire sur la dernière partie de sa vie, car nous n’étions plus en contact. […]

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Il se peut qu’il ait changé dans les quinze dernières années de sa vie alors que, comme je l’ai déjà dit, je ne l’ai vu que deux fois, mais auparavant, c’était l’un des hommes les plus sympathiques avec qui j’ai eu la chance d’être ami. Et j’irais même jusqu’à dire que des dizaines de personnes vous diront la même chose. D’après ce que je connaissais de lui, cela me semble la chose la plus improbable au monde qu’il ait pu seulement songer au suicide. La façon dont sa mort est survenue demeurera peut-être à jamais un mystère. En revanche, je sais que c’était l’un des meilleurs nageurs parmi les garçons des environs de Leith et certains d’entre eux étaient vraiment bons. Une dame de ma connaissance, qui ne le connaissait pas du tout et ne l’avait jamais vu, m’a dit il y a environ cinq ans que lorsqu’il a été repêché des eaux du lac, une ligne à pêche était solidement attachée autour de ses bras et de son corps. Je ne sais à quel point je peux ajouter foi à cette histoire; il y a toujours une foule de rumeurs à la suite d’une mort semblable. […]

Recevez mes salutations respectueuses,
Alan H. Ross

Source: Library and Archives Canada/Bibliotheque et Archives Canada, MG30 D38 'Blodwen Davies fond', Vol. 11, Alan H. Ross, Lettre à Blodwen Davies, 11 juin 1930. Notes: Le document original a été retiré de la circulation. Une copie est disponible sur le microfilm C-4579

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