Personne ne connaît son nom: Klatsassin et la guerre de Chilcotin
   
 

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Le dernier massacre

Daily British Colonist, 27 juin 1864

Les récits reçus samedi et qui ont été publiés en entier aujourd’hui dans une autre section du Colonist au sujet du meurtre de McDonald et d’une partie de son équipe, bien qu’horribles, n’ont pas surpris les habitants de Victoria. Un rapport avait déjà été publié dans la presse de Victoria y décrivant cette catastrophe; et même si la véritable date du meurtre nous donne maintenant une preuve évidente que ce rapport était inexact, il avait toutefois, avec une sorte de prémonition, si ce n’était pas une prédiction, préparé les habitants pour ce cruel désastre. Il est triste de penser que, malgré que nous ne pouvions rien faire pour épargner la vie de Manning et de son groupe, les autorités auraient pu empêcher le dernier massacre en prenant des mesures immédiates lorsque nous avons reçu les premiers renseignements au sujet de l’atrocité qui est survenue à Bute. Cette information est parvenue ici le 11 mai au matin, seulement onze jours après la perpétration des atrocités; mais aucune force n’a été envoyée le long de la côte avant le mercredi 15 juin, exactement cinq semaines après la réception des nouvelles. Quels que soient les obstacles qui ont pu survenir dans l’organisation d’une expédition appropriée pour la capture des meurtriers, il n’y avait rien qui pouvait empêcher que la population blanche de Bella Coola ne soit immédiatement avertie de ce qui se passait. Le groupe de McDonald n’est pas parti avant le 20 et nous étions au courant du massacre des hommes de Brewster le 11, ce qui laissait amplement de temps de sauver les hommes de McDonald.

Il n’y a aucun doute que notre gouvernement est responsable d’avoir attendu deux jours avant de transmettre les renseignements au gouverneur Seymour et nous ne voulons pas les protéger dans cette affaire; mais, lorsque les nouvelles ont finalement atteint New Westminster le 13 mai au soir, il a fallu une autre semaine afin que des mesures soient prises pour sauver ceux qui vivaient à Bella Coola ou qui avaient peut-être simplement quitté cet endroit en direction de l’intérieur du territoire. Rien ne sert de dire que nul ne connaissait la date précise du départ du groupe de McDonald. Le bon sens ainsi qu’un sentiment humanitaire auraient dicté la nécessité, dans toute situation, d’informer immédiatement les colons blancs à Bentinck Arm du danger. Il était impossible pour eux de recevoir l’information sur le massacre perpétré à Bute par d’autres moyens et il était naturel de supposer que les Chilcotins continueraient leur travail sanguinaire. En vérité, ce qui est le plus étonnant dans cette histoire est qu’il y avait encore un homme blanc en vie à Bentick Arm lorsque le Sutlej y est arrivé.

Il serait injuste d’imputer la responsabilité du meurtre de McDonald et de ses compagnons sur le dos d’un groupe en particulier, alors que nous ne possédons qu’une information qui, au mieux, est imparfaite; mais nous n’hésitons pas à affirmer que, à cause de sentiments personnels ou d’un malentendu, il y avait un manque de coopération entre le gouvernement de la Colombie-Britannique et les autorités navales à un moment où chaque minute était précieuse et que la vie de nombreux compatriotes dépendait de la rapidité des mesures administratives. La lenteur, un esprit cartésien et un attachement à la routine font partie de nos caractéristiques nationales et le gouvernement de la colonie voisine peinait probablement sous ce mode d’action trop lourd alors qu’il ne pouvait faire le premier mouvement sans l’aide des navires de Sa Majesté; mais nous espérons que nous n’aurons plus à faire le récit du massacre de plusieurs de nos compatriotes parce que les autorités ne pouvaient s’entendre sur la façon dont il fallait procéder pour faire une « démonstration ».

Ce malheureux retard a engendré des conséquences funestes qui s’additionnent à la perte de McDonald et de ses hommes. Les Chilcotins ont eu le temps de former des alliances avec d’autres tribus et, ainsi, de probablement précipiter une vraie guerre indienne. Les effets d’une justice vengeresse rapide, le seul moyen de terroriser les sauvages, sont tombés à l’eau – les Chilcotins ont gagné du prestige grâce à leurs victoires faciles et successives sur les Blancs; et un exemple de sauvagerie effrénée a été donné à d’autres tribus, ce qui a dû, comme nous l’avons déjà montré, les amener au même non-respect de la loi et au même mépris pour la vie de l’homme blanc. Maintenant que la gaffe a été commise, notre seul espoir repose sur la prudence ainsi que sur l’énergie de nos volontaires. Le fait que le gouverneur lui-même, avec une ferveur et une détermination louables, ait accompagné le groupe, nous donne l’assurance à tous les égards que la justice devrait être exercée de manière stricte et sans passion et que rien qui tend à enflammer les esprits des Indiens innocents ou des tribus alliées ne sera perpétré.

Cette expédition suscite toutefois une sérieuse inquiétude. Une armée de quarante hommes représente une force minime pour pénétrer dans le territoire de l’ennemi – un ennemi plein de ruse et de perfidie et un territoire où il y a une possibilité d’embuscade à chaque cent verges. Les quarante Bella Coolas choisis comme auxiliaires, aussi efficaces à ce qu’on s’attende qu’ils soient, pourraient éventuellement nécessiter autant de surveillance que les meurtriers, et comme apogée du danger, l’ennemi pourrait être plus fort que ce que les volontaires peuvent concevoir, en raison d’une alliance avec d’autres tribus.

Notre plus grand espoir repose cependant sur la probabilité que les Indiens se retranchent dans leur position ou leur fortification sommaire à laquelle a fait allusion notre correspondant spécial; si c’était le cas, il est très probable qu’ils soient capturés. La réserve de cinquante ou soixante marines de l’amiral combinée au groupe de Cox d’Alexandria formeront une force d’environ cent quatre-vingts hommes, y compris les quarante Bella Coolas. Si les Chilcotins et leurs compagnons ne dépassent pas quarante hommes, on pourrait avoir la satisfaction de voir chaque vaurien qui échappera aux balles se balancer à partir d’un pin. De toute façon, nous espérons que les difficultés de la route seront surmontées, que la rapidité et la vigueur remplaceront l’inaction du passé, que ces assassins rouges serviront d’exemple et que sera anéanti efficacement dès le début ce qui, par un traitement sentimental, pourrait rapidement devenir une guerre indienne sur l’étendue du territoire.

Source: "Le dernier massacre," Daily British Colonist, 27 juin 1864.

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