Personne ne connaît son nom: Klatsassin et la guerre de Chilcotin
   
 

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Le massacre de Bute

The British Columbian, 18 mai 1864

Avec le peu d’information que nous avons présentement entre les mains au sujet du massacre sanglant, qui était également injustifié selon ce que nous savons, il serait prématuré d’en discuter le bien-fondé. Nous sommes trop aptes, dans notre première montée d’indignation fébrile, à exiger l’extermination complète et aveugle des sauvages, leur servant la loi de Lynch plutôt que la justice britannique. La connaissance du traitement auquel est souvent soumis l’Indien ignorant et non cultivé dans ses relations avec l’homme blanc devrait nous forcer à la prudence face à une information que nous apporte ipse dixit ce dernier au sujet d’une échauffourée comme celle qui est arrivée à Bute Inlet. Nous ne souhaitons pas inspirer de la sympathie pour les Indiens impliqués dans cette tragédie sanguinaire, car, pour autant que nous le sachions, ils n’en méritent aucune de notre part. Mais nous espérons que les aborigènes feront face à la même justice impartiale que celle à laquelle nous voudrions faire face. S’il y a vraiment une différence, c’est qu’ils ont le droit d’être traités avec plus de modération en raison de leur ignorance et de leur conception mal définie du bien et du mal.

Peu importe ce que sera la conclusion de cette triste affaire, cela devrait servir de leçon au gouvernement quant à la nécessité d’avoir une force légitime et disponible à sa disposition pour supprimer de telles révoltes et faire appliquer la loi. Si une des canonnières envoyées ici par le gouvernement impérial pour servir la colonie, avait été postée ici, le groupe qui a quitté le dimanche soir serait peut-être parti samedi matin, même en tenant compte du retard irresponsable à informer notre gouvernement dont ont fait preuve les autorités de la colonie voisine; deux jours peuvent avoir des conséquences des plus vitales lors d’une telle urgence. L’empressement avec lequel le gouverneur Seymour a requis les moyens qui étaient à sa disposition lui vaut nos plus grands éloges; mais le fait qu’après avoir pris connaissance du massacre, il a dû envoyer un vapeur dans une autre colonie pour transporter une force armée sur les lieux de cette atrocité, devrait convaincre Son Excellence de la nécessité d’avoir une des canonnières postée ici.

Avec une longue côte peuplée de plusieurs milliers d’Indiens sauvages qui commettent fréquemment des déprédations parmi les Blancs qui cherchent soit à établir des relations commerciales avec eux ou qui explorent les parties de la colonie sur lesquelles ces Indiens ont des prétentions territoriales, il est essentiel que Son Excellence ait constamment les moyens d’appliquer rapidement la loi et de punir les crimes. Les Indiens savent très bien que cette colonie est complètement dépourvue de toute force militaire et cela ne les a certainement pas calmés et soumis. Ces petites tribus – guère plus que des vestiges – qui vivent dans les parages immédiats ne représentent pas un danger. Le déclin de leur nombre et de leur pouvoir leur a fait perdre cette fierté nationale hautaine et ce féroce esprit guerrier qui caractérisent les tribus plus nombreuses et plus indépendantes. Ils ont perdu leur désir de territorialité ainsi que leur tendance à l’indignation face aux prises de possession et à l’intrusion des Blancs; leur plus grande ambition semble être de vouloir vivre doucement soit sous la générosité ou sous le vice de la race anglo-saxonne, ce à quoi ils succombent si aisément. Mais il est important de se rappeler qu’il se trouve à l’intérieur des terres et le long de la côte des tribus comparativement plus puissantes et guerrières dont la gouverne est très différente et qui s’avère souvent assez difficile.

Ces Indiens doivent apprendre que nos lois sont justes et impartiales et doivent être appliquées et respectées. Nous avons maintenant une excellente occasion de donner une importante leçon à une tribu qui n’est pas la moins redoutable ou la moins guerrière de la colonie; si la fermeté et la rapidité d’action déjà démontrées par le gouverneur Seymour dans cette affaire peuvent servir d’exemples, nous avons toutes les chances de voir une meilleure entente qu’avant entre le gouvernement et les tribus autochtones. Mais si nous voulons apprendre aux Indiens à apprécier et à respecter la loi britannique, notre gouverneur doit avoir, sous la main, les moyens d’imposer rapidement l’obéissance; une des canonnières doit être postée ici pour servir sur le fleuve et le long de la côte. Sa seule présence exercerait une influence salutaire sur l’esprit des Indiens dans tout le pays, et devant l’absence de toute force militaire, cela s’avère être une nécessité. Espérons donc que cette atrocité si triste et si regrettable, s’étant produite si tôt dans le mandat de la nouvelle administration, puisse avoir une dimension pratique et positive en amenant Son Excellence à adopter ces mesures de sécurité préventives qui sont à sa portée et qui s’appliqueront toujours mieux que toute forme de remède.

Source: "Le massacre de Bute," The British Columbian, 18 mai 1864.

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