Vinland-le-Bon ou Vinland perdu

Où était le Vinland?

Les traces menant au Vinland sont difficiles à repérer. Les fermiers à la recherche de nouvelles terres essaieraient naturellement de trouver des régions où le potentiel agricole était similaire ou meilleur que celui de leur terre natale, et dans ce cas, avec un accès facile à la mer. Il y a plusieurs régions qui répondent à ces critères le long de la côte est du Canada et de l’Amérique du Nord.

La plupart des chercheurs modernes s’accordent sur le fait que le Helluland de Leif Eriksson est l’île de Baffin dans le nord du Canada et que le Markland est le Labrador. Cependant, lorsqu’il s’agit du Vinland, il est impossible d’arriver à s’entendre sur l’emplacement de ce pays. Plusieurs considèrent l’information des sagas si imprécise qu’il est impossible de déduire quoi que ce soit sur la situation géographique exacte du pays. D’autres sont convaincus que le Vinland n’a jamais existé, mais qu’il s’agit d’une terre mythique située à l’ouest.

Il y aussi ceux qui interprètent littéralement les sagas et qui les utilisent pour tenter de trouver l’emplacement géographique exact du Vinland. Le Norvégien, Almar Næss, par exemple, a utilisé une partie des renseignements concernant le lever et le coucher du soleil dans « La saga des Groenlandais » pour calculer la position du Vinland à une latitude de 38° nord dans la baie de Chesapeake. Un autre Norvégien, Helge Ingstad, a utilisé les mêmes renseignements, mais différemment, et en les combinant avec la description de l’expédition de Bjarni Herjólfsson, est arrivé à l’évidence que le Vinland devait être situé dans la partie nord de Terre-Neuve à une latitude de 52° nord. Le seul fait que le même passage dans une saga puisse mener à des emplacements situés à environ 1500 km l’un de l’autre et que chacune des hypothèses soit appuyée sur des arguments valables, illustre bien les difficultés à surmonter lorsque l’on se sert des textes comme sources de renseignements fiables.

L’Américain Erik Wahlgren se positionne, si on peut s’exprimer ainsi, à mi-chemin entre les deux Norvégiens, c’est-à-dire que, situé d’une part au sud de la frontière vinicole et, par ailleurs, au nord de la zone fréquentée par les saumons, le Vinland aurait été localisé, quant à lui, sous le vent de l’île de Grand Manan, près de la frontière entre les États-Unis et le Canada à une latitude de 45° nord, et ce, principalement à cause du fait que le climat était plus chaud aux environs de l’an 1000.

La théorie d’Helge Ingstad a acquis de la crédibilité lorsque lui et sa femme, Anne Stine Ingstad, une archéologue, ont découvert en 1960 un groupe de maisons vikings à L’Anse aux Meadows à la pointe nord du Labrador. Leurs premières fouilles, qui ont été poursuivies par la suite par Bengt Schönback et Birgitta Wallace, ont permis de découvrir plus de 130 artefacts d’origine scandinave. Il s’agit principalement de clous en fer et d’objets en bois, mais il y avait aussi une broche en bronze, le contrepoids d’un métier à tisser et une petite lampe en stéatite.

On ne peut être certain que ces découvertes marquent le site des cabanes de Leif au Vinland, comme le pense Ingstad. Ce qui est certain, cependant, c’est qu’il n’y a pas eu, jusqu’à maintenant, d’autres découvertes archéologiques dans l’est de l’Amérique du Nord ou du Canada qui a révélé des activités vikings. C’est très surprenant quand on constate que ces mêmes activités prennent autant de place dans les sagas islandaises. Vinland semble être perdu. Non seulement les Vikings ont-ils perdu le Vinland, mais nous, Scandinaves modernes, n’avons pas été capables de le re-découvrir. […]

Source: Max Vinner, "Vinland-le-Bon ou Vinland perdu" in Viking Voyages to North America, Birthe L. Clausen (Denmark: Kannike Tryk A/S, 1993), 73-74.

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