Les trous d’amarrage dans « Some Points of Controversy » (Quelques questions litigieuses)

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Approximativement quarante trous de forage désignés comme des « trous d'amarrage » ont été rapportés dans la région des Grands Lacs, la plupart au Minnesota; il y en quelques uns dans la région de Cape Cod et du détroit de Long Island. Les trous se retrouvent dans les rochers le long de voies navigables, présentes ou passées. En général, ils ont environ 1 po de diamètre et sont d’une profondeur de 5 à 7 po. Plusieurs sont de forme triangulaire. Une théorie voudrait que les équipages des anciens bateaux scandinaves aient foré ce type de trous lorsqu’ils avaient besoin d’un endroit temporaire pour amarrer et de l’assurance de pouvoir en repartir rapidement. Le trou était supposé servir à insérer une goupille d’amarrage en fer ou en bois qui était assez serrée pour retenir le bateau de façon sécuritaire, mais aussi assez lâche pour permettre à l’amarre d’être relâchée instantanément si le danger était imminent. La présence de ces trous indiquerait supposément les routes suivies par les expéditions maritimes scandinaves.

À part le fait qu’une telle méthode serait lourde et peu fiable (cela aurait requis qu’ils forent un trou dans un rocher chaque soir; de plus, les changements dans la température et l’humidité auraient affecté l'ajustement de la goupille dans le trou), la méthode est inconnue dans les annales maritimes scandinaves, modernes ou médiévales. En réalité, tout le concept des « trous d’amarrage » est basé sur une méprise.

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La théorie a été conçue par Hjalmar Holand après qu’il eut observé les pêcheurs norvégiens qui attachaient leurs bateaux à des anneaux en fer fixés sur des rochers et des falaises sur le rivage. Ces organeaux étaient installés en permanence dans des emplacements où n’importe quel bateau avait besoin de s'amarrer à répétition. Ces anneaux sont connus dans le monde entier et sont utilisés couramment dans l’Amérique du vingtième siècle.

Un amarrage temporaire, cependant, est autre chose. En Scandinavie, comme presque partout dans le monde, la procédure ne requiert rien de plus compliqué qu'une amarre lancée autour d'un arbre ou d'une pierre. Si la sécurité était un facteur important, le bateau s'amarrait à une distance sécuritaire du rivage.

D’autres roches portant des marques de forage identiques dans le voisinage immédiat des « trous d’amarrage » offrent un indice sur leur véritable identité : ce sont des trous de dynamitage forés par les premiers habitants pour faire des fondations; les trous les plus anciens datent de 1860. Plusieurs roches n’ont jamais été dynamitées pour toutes sortes de raisons. Les trous sont triangulaires parce qu’ils ont été forés avec une perceuse manuelle et une mèche qui était émoussée ou à la lame droite, ce qui produisait chaque fois un trou de forme triangulaire. Sur les fermes du Minnesota au dix-neuvième siècle, ces trous étaient généralement forés avec des mèches standards de 1 po, d’où le diamètre de 1 po des trous. Les « trous d’amarrage » représentent à plus d’un égard une des preuves archéologiques les plus invraisemblables jamais présentées pour confirmer la pénétration des Scandinaves sur le continent américain.

Trou après une explosion à Sinking Lake au Minnesota

Trous et ciseaux servant à l’amarrage

Source: Birgitta L. Wallace, "Les trous d’amarrage dans « Some Points of Controversy » (Quelques questions litigieuses)" in The Quest for America, Geoffrey Ashe (New York: Praeger, 1971), 155-174.

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