Auðr, une femme exceptionnelle

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Qu’on choisisse d’y croire peu ou prou, il n’en demeure pas moins qu’Auðr était une femme exceptionnelle. Même s’il y a probablement eu très peu d’autres colonisatrices de sa trempe, s’il en a existé, elle illustre tout ce qu’une femme pouvait accomplir pendant l’ère des Vikings, une période très agitée au niveau social. Privée du soutien de ses deux maris et de son fils, elle a dû faire preuve d’initiative et assumer le rôle du mâle pour amener sa famille en Islande. Ayant réussi, elle méritait assurément le respect. Dans le cadre de sociétés plus établies comme celles de la Norvège, telle qu’elle était, et de l’Islande, telle qu’elle le deviendra, il y avait vraisemblablement moins d’occasions pour les femmes de jouer un rôle autre que celui d’épouse, de mère et de ménagère. Néanmoins, pendant le court intervalle entre le moment où elles quittaient la Norvège et celui où elles arrivaient en Islande, il est clair que certaines femmes avaient l’occasion de jouer un plus grand rôle. Il ne fait aucun doute qu’Auðr a profité de nombreuses occasions et de contraintes sociales adoucies qui régnaient dans les colonies vikings des îles britanniques. Les récits et les légendes qui ont par la suite été écrits à son sujet, même s’ils ont été romancés, ont préservé un portrait réaliste des possibilités qui se sont ouvertes aux femmes lors des grands changements provoqués par les déplacements des Vikings.

Source: Judith Jesch, Les pionnières in Women in the Viking Age, (Woodbridge, Suffolk and Rochester New York: The Boydell Press, 1986), 83.

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