Leif Eiriksson dans « La saga d’Eirik le Rouge »

Chapitre 5

- 660 -

[...]
Eirik avait une épouse, Thjodhild, et deux fils, Thorstein et Leif. Les deux fils étaient promis à un bel avenir. [...]

Leif avait navigué jusqu’en Norvège où il était devenu un des hommes du roi Olaf Tryggvason

Mais lorsque Leif est parti pour le Groenland cet été-là, le bateau a dérivé de sa course et il est arrivé aux îles Hébrides. Comme il n’y avait pas de vent favorable pour repartir, ils ont dû rester dans les îles presque tout l’été.

Leif est tombé amoureux d’une femme nommée Thorgunna. Elle venait d’une très bonne famille et Leif a réalisé qu’elle connaissait bien des choses.

Lors du départ de Leif, Thorgunna lui a demandé de l'accompagner. Leif lui a demandé si ses parents étaient d’accord et elle a répondu qu’elle ne s’en préoccupait pas. Leif lui a répondu qu’il hésitait à enlever une femme d’une famille si noble dans un pays étranger, car « nous sommes trop peu nombreux ».

Thorgunna lui a dit : « Je ne suis pas certaine que tu préféreras l'alternative. »
« Je vais tenter ma chance », a-t-il alors répondu.
« Alors, je vais te dire, a continué Thorgunna, que je suis enceinte et que cet enfant est le tien. Je devine que ce sera un garçon. Même si tu décides de l’ignorer, je vais l’élever et l'envoyer chez toi au Groenland dès qu'il aura l'âge de voyager avec d’autres. Mais je pense qu’il te sera aussi utile que ton départ m’est utile. J’espère venir moi-même au Groenland avant de mourir. »

Il lui a donné une bague en or, un manteau groenlandais et une ceinture en ivoire.

Le garçon, prénommé Thorgils, est venu un jour au Groenland et Leif l’a reconnu comme son fils. Certains disent que ce Thorgils était allé en Islande l’été précédant les apparitions à Froda - Thorgils est ensuite demeuré au

- 661 -

Groenland jusqu’à sa mort et on disait qu’il y avait quelque chose de surnaturel chez lui.

Leif et ses hommes ont quitté les Hébrides et sont arrivés en Norvège à l'automne. Leif est devenu un des hommes du roi Olaf Tryggvason et ce dernier lui a démontré beaucoup d’honneur, car Leif semblait venir d’une bonne famille.

À une occasion, le roi parla à Leif seul à seul pour lui demander : « As-tu l’intention d'aller au Groenland cet été? »
Leif a répondu : « J’aimerais y aller si c’est là votre souhait. »
Le roi a répondu : « Ce serait peut-être mon souhait; tu y seras mon émissaire et tu convertiras le Groenland au christianisme. »
Leif a dit que ce serait la décision du roi, mais il a ajouté qu'il craignait que ce message soit très mal reçu au Groenland. Le roi a dit qu’il n'y avait personne de mieux placé que Leif pour faire ce travail et « tu auras toute la chance dont tu auras besoin ».
« Si c’est le cas, a répondu Leif, cela sera parce je bénéficie de la vôtre. »

Une fois prêt, Leif a levé les voiles. Après avoir été longtemps ballotté, il a trouvé par hasard une terre là où il ne s’y attendait pas. Il y avait des champs où poussaient du blé sauvage et des vignes; il y avait aussi des arbres connus sous le nom d’érables et ils ont prélevé des échantillons de chaque espèce.

Leif eut aussi la chance de trouver des hommes accrochés à une épave qu’il a ramenés chez lui et il leur a donné un toit pour l’hiver. Il a ainsi démontré qu’il était fort de caractère et bienveillant. Il a converti le pays au christianisme. Puis il a été connu sous le nom Leif le Chanceux.

Leif est arrivé à terre à Eiriksfjord et s’est rendu chez lui sur la ferme de Brattahlid. Il y a été reçu chaleureusement. Il a rapidement commencé à plaider pour le christianisme et la vraie foi catholique partout dans le pays. Il livrait les messages du roi Olaf Tryggvason à la population et il leur parlait de cette foi si bonne et si glorieuse.
[...]

Source: Keneva Kunz, trans., "Leif Eiriksson dans « La saga d’Eirik le Rouge » " in The Sagas of Icelanders: A Selection, preface by Jane Smiley, introduction by Robert Kellogg, (New York, London, Victoria (Australia), Toronto, Auckland: The Penguin Group, 2000), 653-674. Notes: Les traductions vers l’anglais ont initialement été publiées dans « The Complete Sagas of Icelanders » volumes I-V (quarante-neuf récits), Leifur Eiriksson Publishing, Ltd., Islande, 1997. [n.d.t. : la traduction des récits vers le français est signée par l’équipe de traduction des Grands Mystères de l’histoire canadienne.]

Retour à la page principale