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  Personne ne connat son nom: Klatsassin et la guerre de Chilcotin
   
 

Rapport d’un voyage de reconnaissance de Victoria Fort Alexander via North Bentinck Arm

[ Le sentier Bella Coola, Cheslatta, Swannell, Frank Cyril, 1880-1969, BCA G-06637 ]

… Je crois qu’ la lumire des descriptions prcites, vous pourrez vous faire votre propre opinion de la faisabilit de la route entre North Bentinck Arm et le Fraser. Il me reste cependant vous rsumer les diffrents avantages et dsavantages que le rapport tente de prsenter et de vous les soumettre avec respect.

Les questions de transport maritime ou fluvial mises part, la distance relle parcourir par voie de terre partir de North Bentinck Arm jusqu’ l’embouchure de la rivire Quesnel se compare avantageusement celle des autres routes qui permettent actuellement de faire le commerce Cariboo. Quesnel est sans contredit le point d’arrive vers lequel une route serait construite partir des rapides dans la mesure o, en ajoutant environ 10 milles au trajet, on pourrait atteindre un point qui serait 40 milles plus prs des mines que ne l’est Alexander*, et comme il est trs probable qu’une meilleure route qui partirait de North Bentinck Arm vers Quesnel ne dpasserait pas 240 milles, Quesnel et Lillooet pourraient tre approximativement la mme distance de Cariboo. Le territoire tudi prsente plusieurs caractristiques favorables la route, telles que des pentes gnralement douces, du petit bois d’œuvre, la raret de broussailles et l’absence relative de rochers in situ.

Parmi les obstacles auxquels il faut porter attention, il y a par contre les terribles rapides de la valle des Atnarko, la quantit et l’tendue des marcages sur le plateau et la petitesse des arbres (qui est un avantage, mais aussi un grand dsavantage pour la construction de rondins et de ponts).

Il est cependant impossible de faire un rapport favorable au sujet de la route de Bentinck Arm en ce qui a trait deux aspects qui revtent une grande importance: la faisabilit d’un projet de route pour tablir le commerce vers une grande rgion aurifre en pleine expansion ainsi que les srieuses questions qui concernent le sol et le pturage.

Vous aurez compris, la lecture du rapport, que le territoire travers aprs avoir quitt la valle de Bella Coola est excessivement strile, improductif et dpourvu de caractristiques intressantes. Je dois admettre n’avoir vu, au cours du voyage, aucune parcelle de terre qui pourrait encourager les pionniers s’y tablir mme si, en dernier recours, il serait peut-tre possible de rcuprer, avec d’normes investissements, des portions des marcages qui, sans aucun doute, pourraient tre productives.

Vous aurez aussi remarqu que la cinquime portion du parcours, d’une distance de 50 milles, est la seule section offrant un bon pturage de gramines en touffe. Ailleurs, on ne trouve aucun pturage ou on y trouve seulement une herbe faible valeur nutritive qui pousse normalement sur les terres richement boises en altitude. Les chevaux des Indiens non seulement y subsistent, mais ils arrivent mme travailler et garder la forme avec cette nourriture; mais les hommes expriments confirmeront que celle-ci n’est pas suffisamment nourrissante pour les mules et les chevaux qui ne sont pas natifs de ce territoire.

On pourrait insister sur le fait que le pturage le long d’une route est un sujet relativement peu important, car il est dj reconnu que le magnifique pturage qui longe les routes de Lillooet et Lytton au nord n’arrive pas satisfaire les besoins de la circulation de Cariboo qui crot rapidement, et qu’il est maintenant impossible d’en dpendre comme seule nourriture pour les animaux. Cependant, ces routes passent travers des rgions favorises et trs productives, o la civilisation est en croissance constante et o des mesures sont actuellement prises pour permettre la culture de l’orge et d’autres crales en quantits suffisantes pour satisfaire la demande croissante. On a dcouvert, dans les valles protges l’est du Fraser, que le sol produit une herbe riche et luxuriante en abondance et qu’il pourrait tre utilis pour la culture de fourrages plus substantiels et nutritifs.

Il n’est gure ncessaire d’ajouter, suite ce qui a t crit sur le territoire travers lors de mon voyage, que le sol du plateau situ entre les Cascades et le Fraser n’offre pas de ressources de ce type.

Il est du domaine du navigateur de discuter en profondeur des avantages de North Bentinck Arm en tant que port et d’y mesurer les avantages relatifs pour le commerce extrieur ainsi que ceux de Victoria ou New Westminster respectivement. Le dernier point a, tout probablement, dj retenu l’attention des officiers de la marine de Sa Majest. Mise part ces dernires considrations ainsi que les questions relatives au climat et la construction de la route, mon opinion — base uniquement sur le transport terrestre — est que la route de Bentinck Arm n’acquerra pas, du moins pour le moment, un grande importance comme artre principale vers les mines d’or tablies dans ce pays cause de son altitude croissante et de l’absence gnralise de bonne terre et de pturage dans les secteurs qu’elle traverse.

Bute Inlet semble possder de bien plus grands avantages grce sa position gographique. De plus, l’valuation de l’Amiraut nous apprend qu’il y a un bon point d’ancrage sa fourche, mais avant de considrer cette question en dtails, je remarque que les mmes objections importantes dues l’altitude, au sol et au pturage dans le cas de la route de North Bentinck Arm s’appliqueront, fort probablement, Bute Inlet, car les tendues traverser sont semblables et, pour une grande portion, identiques dans chaque cas.

On a, de temps autres, reu des comptes rendus logieux sur les deux. Plusieurs hommes reviennent des forts infranchissables des valles de la rgion des Cascades et vantent l’abondance du terrain et de l’herbe, de quelque nature, mais ne tentent pas de connatre la qualit du pturage ni les capacits reproductrices des terres qui le produisent. De la mme manire, la population en gnral ne se proccupe pas des vents et mares de l’ocan. Le voyageur ordinaire arrivant North Bentinck Arm dira qu’il s’agit d’un splendide port intrieur, facile d’accs sans, pour autant, penser aux difficults de son dernier voyage ou s’inquiter de la profondeur de l’eau qui l’entoure.

C’est pour toutes ces raisons et aussi, en grande partie, cause de l’oubli et, peut-tre, de la ngligence des hommes qui ont voyag sans prendre de notes lors de leur voyage que l’on peut attribuer les excellentes opinions mises au sujet de la route ctire l’t dernier Cariboo et qui sont maintenues flot artificiellement par des gens intresss. Puisque l’opinion gnrale de la population tablie dans le haut pays semble tre qu’une seule route principale vers les mines pourrait tre rentable pour ceux qui y sont tablis, l’opinion publique a donc vacill et est devenue incertaine, et il en est rsult un manque d’enthousiasme s’tablir ou investir le long des routes dj en opration, ce qui est loin d’avoir gnr un effet favorable dans ce territoire.

On peut donc conclure qu’un rapport honnte sur le chemin de North Bentinck Arm aura un impact dans le rglement d’une question d’importance publique; je m’empresse donc de soumettre ce document pour claircir le sujet.

Je souhaite avoir bientt l’honneur de transmettre un rapport de mes reconnaissances ultrieures des rgions de Cariboo et d’autres rgions de la Colombie-Britannique.


Je demeure,
Monsieur,
Votre plus humble serviteur

HENRY SPENCER PALMER,
Lieutenant, Royal Engineers.

*Une opinion s’est rpandue dernirement que la valle de la rivire Swift constitue une bonne voie de communication pour se rendre du Fraser aux mines de Cariboo et qu’on devrait, en consquence, construire une route partir de la cte jusqu’ son embouchure. J’ai dtermin qu’on devrait plutt utiliser l’embouchure de la rivire Quesnel cause de sa position gographique et de la nature du du [sic] pays qui sera ensuite travers.

Source: , , , Henry Spencer Palmer, "Rapport d’une expdition d’arpentage de Victoria Fort Alexander en passant par Bentinck Arm Nord," 1863, 26-30.

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