LA DÉCOUVERTE D’OR AU KLONDIKE – ÉTÉ 1896

Par Patricia Ellis

[ Klondikers boatbuilding, possibly at either at Bennett Lake or Lindeman Lake ]

Klondikers boatbuilding, possibly at either at Bennett Lake or Lindeman Lake, George Cantwell, 1898, Univ of Washington, Ph Coll 302.6

(Il existe autant de versions de l’histoire de la ruée vers l’or du Klondike qu’il existe de raconteurs. Celle-ci, présentée avec la permission de l’auteure, est tirée du carnet de dessin du Yukon de Mme Ellis : A Traveler’s Companion, tous droits réservés 1992. On fait parfois référence à Charlie le Tagish ou Charley en tant que Dawson Charlie, qui est le surnom qui lui est donné dans cette histoire.)

Un drame se déroule maintenant. Tous les ingrédients dont sont faites les pièces de théâtre sont réunis : une chance incroyable, la cupidité, la bigoterie, l’ironie et l’angoisse – tout cela avec en toile de fond une nature sauvage encore vierge.

Le protagoniste, l’Américain George Carmack, prospecteur désinvolte et âme libre à l’époque où la morale du travail prévalait, préférait le mode de vie des Indiens de la région, les Tagish. Il a vécu une partie de l’année à Dyea, en partie sur la côte et à l’intérieur des terres, avec sa femme et la famille de cette dernière. Au cours des onze années où il a parcouru le territoire, Carmack a pratiqué plusieurs métiers : il a été porteur sur le Chilkoot, travaillé à la construction de l’église de Selkirk, tenu un poste de traite et jalonné un gisement houiller près des rapides Five Finger.

À l’été 1896, il se trouvait, en compagnie de sa femme Kate et de membres de la famille de celle-ci, Skookum Jim et Dawson Charlie, à un camp de pêche indien traditionnel situé au confluent de la rivière Klondike et du fleuve Yukon. Ils y étaient avant tout pour pêcher et bûcher pour le nouveau moulin à bois de Fortymile. Au cours d’une de leurs expéditions dans le bois, ils ont rencontré par hasard Robert Henderson, un prospecteur néo-écossais expérimenté mais fanatique. Cette rencontre a changé leur vie à tout jamais.

En raison du code tacite qui voulait que les mineurs partagent leurs trouvailles avec les autres prospecteurs, Henderson, à qui la chance souriait sur le ruisseau Gold Bottom, a conseillé vivement à Carmack d’y prospecter lui aussi. Mais l’invitation de Henderson ne s’adressait pas aux amis indiens de Carmack. Lors d’une rencontre ultérieure, Henderson refusa de vendre du tabac à Jim. Les Indiens, qui étaient fiers, se sont souvenus de ces affronts. De tels événements changent parfois le cours du destin.

C’est en réalité Skookum Jim qui a découvert les richesses du ruisseau Rabbit (Bonanza) alors qu’il chassait l’orignal. Carmack a insisté pour jalonner la concession de la découverte, qui était la plus imposante. Skookum Jim a jalonné la concession no 1 en amont et Dawson Charlie, la no 2 en aval. C’était le 17 août 1896.

En se précipitant vers Fortymile pour enregistrer leurs concessions, ils ne se sont pas donné la peine de raconter leur trouvaille à Henderson. La nouvelle de la découverte s’est répandue comme une traînée de poudre : en peu de temps, la ville de Fortymile s’est vidée et les sols riches en or entourant Bonanza ont été jalonnés.

Henderson, qui prospectait encore patiemment à Gold Bottom, est finalement réapparu pour apprendre qu’il avait manqué la chance de sa vie. Même s’il était assez tôt pour qu’il puisse jalonner une concession, il semble n’avoir jamais été assez chanceux pour s’approprier une riche concession.

Dawson City, qui peu de temps auparavant n’était qu’un camp de pêche indien, a connu un essor rapide et désordonné. Les Amérindiens ont été envoyés dans un autre village appelé Moosehide, et Dawson a été pendant un court moment la plus grande ville au nord de San Francisco.

ÉPILOGUE

Henderson, le prospecteur frustré, n’a jamais trouvé de riche filon. Grâce à l’intérêt que lui portait (William) Ogilvie, le gouvernement du Canada lui a versé une rente pour sa participation à la découverte des « champs aurifères du Klondike ». Il a prospecté dans les régions de Dawson et Mayo et aurait vécu dans une cabane à Mayo de 1920 à 1924. Il est mort à Vancouver en 1933.

Carmack a quitté le Nord et a fini par abandonner sa femme indienne, Kate. Il s’est remarié à une femme d’affaires de Dawson – une « propriétaire de magasin de tabac » – et s’est établi confortablement à Seattle. Sa fille métisse, Graphie, l’a suivi et a hérité plus tard d’une petite partie de sa succession. Il est décédé à Vancouver en juin 1922 après y avoir prononcé un discours lors d’une réunion du Yukon Order of Pioneers.

Dawson Charlie et Skookum Jim sont retournés vivre à Caribou Crossing, connue plus tard sous le nom de Carcross. Charlie y a construit un hôtel et est mort noyé en 1908 après être tombé accidentellement d’un pont ferroviaire.

Skookum Jim (qui avait une fille nommée Daisy), a changé son nom pour James Mason et a construit une grande maison à Carcross. Il a continué à prospecter. Jim est mort en 1916, à l’âge de 60 ans. Il a légué ses avoirs pour améliorer la qualité de vie de son peuple et a fondé le Skookum Jim Friendship Center. (Vous trouverez sur ce site les dernières volontés et le testament de Skookum Jim en cliquant sur son nom dans la section Temple de la renommée des prospecteurs.)

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Note : Robert Henderson (1857-1933), George Carmack (1850-1922), Skookum Jim Mason (vers 1855-1916) et Charlie le Tagish (mort en 1908) ont été intronisés au Temple de la renommée des prospecteurs en 1988. Leurs noms sont gravés sur le socle de la statue d'un prospecteur qui surplombe le centre-ville de Whitehorse, coin Principale et 3e Avenue.

Les quatre hommes ont été intronisés au Temple de la renommée du secteur minier canadien le 20 janvier 1999. Les portraits de ces prospecteurs, accompagnés d’une légende qui décrit brièvement leurs exploits, sont accrochés dans le pavillon minier de l’Université de Toronto.

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