Regard sur la présence des Européens au Yukon

[ Social scene showing interior of parlor, Dawson ]

Soirée entre amis, intérieur d’un salon, Dawson, E.A. Hegg, 1898, Univ of Washington, Hegg 2051

Étonnamment, les premiers Européens ont mis du temps à venir au Yukon; il a fallu attendre l’arrivée des marchands de fourrures de la Compagnie de la Baie d’Hudson dans les années 1840. La raison de cette arrivée tardive a été la relative inaccessibilité de la région. Les marchands de la C.B.H. opéraient à Montréal et à York Factory dans la baie d’Hudson, et la route était extrêmement longue entre ces endroits et le Yukon, car il fallait voyager à pied, en bateau et en canot, puisque la route passait par les prairies canadiennes et se rendait presque jusqu’à l’emplacement actuel d’Inuvik, près de l’océan Arctique, avant de se rendre au Yukon. Il était difficile de faire des profits alors que la route des marchands était si longue, c’est pourquoi les Européens ont mis tant de temps à s’y rendre. Les Russes, qui possédaient l’Alaska avant de le vendre aux Américains en 1867, étaient bien entendu beaucoup plus près de là, mais n’étaient pas intéressés à faire le commerce de fourrures à l’interne. La Compagnie russe d’Amérique faisait le commerce des peaux de loutres de mer, qui étaient source de fourrures de luxe d’une grande valeur et qui, bien sûr, devaient être chassés le long de la côte du Pacifique, et non dans les terres. Alors, durant de nombreuses années, les Européens ne sont pas entrés directement en contact avec les Premières Nations du Yukon.

Même si les Européens n’avaient pas pénétré à l’intérieur des terres, leurs maladies, elles, y avaient fait une percée. Le marchandage entre les Russes et les Premières Nations se faisaient par l’intermédiaire des marchands amérindiens, souvent des membres de la tribu Chilkat qui habitaient la région où se situe actuellement Skagway, et qui transportaient des biens de part et d’autre des cols qui menaient vers le terres. Ces derniers protégeaient férocement ce commerce contre les intrus. Ils ont aussi amené des maladies qui ont dévasté les Premières Nations bien avant l’arrivée des premiers marchands.

Durant environ trente ans, de l’arrivée des premiers marchands de fourrures au milieu des années 1840 jusqu’à l’arrivée des premiers mineurs dans les années 1870, les seuls Européens présents dans cette contrée étaient des marchands de la CBH, qui étaient répartis dans trois postes de traite au Yukon; puis, quelques années plus tard, un ou deux missionnaires sont arrivés. Les postes étaient situés à Lapierre House, dans le nord du Yukon, non loin de ce qui s’appelle maintenant Old Crow, à Fort Selkirk dans le centre du Yukon et à proximité du lac Frances dans le sud-est du territoire. Il y a également eu un poste à Rampart House, que l’on a cru situé en Alaska pendant un certain moment, puis au Yukon à un autre moment; personne ne savait où était situé la frontière internationale et personne ne s’en souciait, d’ailleurs.

De nos jours, on dépeint parfois les commerçants de fourrures de la Compagnie de la Baie d’Hudson comme des exploiteurs qui tentaient d’asservir les Amérindiens, mais les relations entre les Premières Nations et les commerçants au milieu du dix-neuvième siècle n’étaient pas du tout de cette nature. Et comment aurait-il pu en être autrement puisque la région était peuplée de milliers d’Amérindiens et de seulement une douzaine de commerçants de fourrures, de quelques employés métis et d’un ou deux missionnaires. Le Yukon est un bon exemple du monopole commercial qu’exerçaient les Premières Nations, du fait qu’elles avaient beaucoup plus de contrôle sur les évènements que ce qui leur a été concédé par les historiens. En fait, les Amérindiens contrôlaient en grande partie la traite des fourrures au dix-neuvième siècle. Ils faisaient leurs commandes aux marchands de fourrures pour tels biens de telle qualité et refusaient de se contenter de moins. Ils menaçaient de commercer avec les Russes si la CBH n’accédait pas à leurs demandes. À un certain moment, insatisfaits du marchandage, ils ont brulé complètement Fort Selkirk.

Pour ce qui est des missionnaires catholiques et anglicans qui ont commencé à visiter la région à la fin des années 1860, il est difficile de dire s’ils ont eu beaucoup d’influence sur les affaires avant la fin du dix-neuvième siècle. Ils devaient couvrir un territoire si grand qu’ils ne pouvaient pas ouvrir d’écoles et ne pouvaient qu’expliquer les rudiments du christianisme aux Amérindiens. Leur pouvoir a pris de l’ampleur plus tard, au vingtième siècle.

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