LA TRAGÉDIE DE BIDDULPH.

LE RÈGNE DE LA TERREUR N’EST PAS ENCORE TERMINÉ.
William Donnelly révèle des éléments au sujet
du canton.

Un journaliste du FREE PRESS est tombé par hasard sur William Donnelly, du canton de Biddulph, hier après-midi. « Bill » doit être assez bien connu par la majorité de nos lecteurs à présent, du moins de réputation. Au cas où certains ne seraient pas au courant de son identité, il faut dire qu’il est le plus vieux fils survivant de la famille Donnelly assassinée à Biddulph au cours du mois de février dernier. Les détails de ce crime odieux sont sans doute frais à la mémoire de tous. Bill en avait long à dire hier à propos de choses et d’autres et la conversation a porté sur les événements de Biddulph.

« Eh bien, déclara Bill, le canton vit tout autant qu'avant sous un “règne de terreur”, seulement vous n’en entendez pas parler aujourd’hui.

[...] « Ça compromettrait les chances de ceux qui sont en prison. Leurs avocats et amis, vous voyez, disent qu’un tel comité n’a jamais pris pied dans le canton et que j’ai inventé toute l’affaire. Mais j’en sais plus sur leurs agissements qu’ils ne le pensent et je révélerai tout à certains d’entre eux avant que leur procès ne soit terminé.

[...] « Et je vais vous dire. Pat Grace a organisé une corvée il n’y a pas longtemps, et plusieurs fermiers des alentours y étaient. Ils charriaient du fumier et, comme il faisait chaud, les hommes ont eu besoin de boire beaucoup d’eau fraîche. Le puits de la ferme de Grace n’est pas très bon, et comme quelques-uns qui étaient à la corvée savaient que Pat Darcy a un bon puits, ils sont allés y puiser quelques seaux d’eau. Je suppose qu’ils y sont retournés deux ou trois fois pendant la matinée, et après le dîner, on a envoyé un des hommes pour la même chose. Arrivé à la pompe, il a aperçu un bout de papier collé dessus et, s’approchant, il a vu que quelque chose y était inscrit. Cela disait : -Il n’y a plus d’eau dans ce puits pour les Blackfeets. Allez chez le vieux Donnelly pour avoir votre eau. »

« Qu’est-ce que c’est, des Blackfeets, Bill? »

« Je ne sais pas, sinon que c’est comme ça qu’on distingue ceux qui font partie du Comité de vigilance de ceux qui n’en font pas partie et dont la sympathie et les bons sentiments sont avec nous et du côté de la loi. J’ai le papier, de toute façon, et je vais le garder. Oh, oui, ils se tiennent très tranquilles là-bas maintenant; vous voyez, ils ne peuvent plus jeter le blâme sur les Donnelly comme ils le faisaient avant. »

[...] « Savez-vous si le Comité de vigilance existe toujours? »

« Il n’opère peut-être pas aussi ouvertement et publiquement qu’il le faisait quelques semaines avant la tragédie, mais on sait bien que plusieurs vols et infractions ont été commis dernièrement dans le canton, et que les amis des prisonniers font de leur mieux pour éviter que cela soit publié. »

[...] « Mais comment expliquez-vous que ces déprédations soient gardées secrètes », lui demanda-t-on ensuite.

« Comment?, répondit Bill, c’est exactement comme je vous l’ai dit. Puisque les Donnelly ne sont plus là, et ne peuvent plus être accusés des infractions que j’ai décrites, il n’est pas prudent de laisser savoir à la population que même une bataille le long de la concession ait jamais dérangé la tranquillité actuelle de la vie à Biddulph. »

« Pourquoi pas? », s’enquit le journaliste.

« Parce que les membres du Comité de vigilance et leurs avocats et amis ont toujours persisté à dire que c’étaient les membres de notre famille qui commettaient des infractions à Biddulph, et maintenant qu’ils sont morts et enterrés, ils ne veulent pas que les gens sachent qu’ils disaient les mensonges les plus noirs qui soient. [...]

Source: Unknown, "The Biddulph Tragedy — The Reign of Terror Not Yet Ended," London Free Press, juin 24, 1880.

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