LE SENTIMENT QUI RÈGNE À LUCAN

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Lucan, Ont., 4 mars. - Un mécontentement évident gronde dans les rues, s’élevant d’hommes de tout acabit devant les très sévères critiques lancées au père Connolly par le biais des articles du Globe, sous la forme d’entrevues avec plusieurs habitants d’ici. Ceux qui connaissent bien la ligne de conduite poursuivie par le révérend père du début à la fin de ce malheureux incident n’hésitent pas à déclarer sans mâcher leurs mots que de telles remarques étaient absolument non méritées et déplacées, et considèrent qu’on a injustement pris avantage d’un gentleman dont le titre sacré lui refuse le privilège de répliquer ou d’entrer dans une querelle de journaux pour une raison pareille. Le Globe dira sans doute qu’il ne fait que transmettre les opinions et les déclarations d’autres personnes, dont il n’est pas responsable. Nous pouvons vous assurer que le Globe a perdu plus d’amis à travers le comté nord de Middlesex par ces attaques injustifiées sur le compte et le prestige du révérend qu’il n’aurait jamais pu l’imaginer et, d’un autre côté, il a soulevé une vague de sympathie pour ce dernier. Ceux qui jusqu’ici ne connaissaient que très peu le révérend comptent maintenant parmi ses plus chers amis.

Les parents et amis des hommes qui sont présentement accusés n’hésitent pas à déclarer qu’ils n’ont pas reçu, de la part des autorités qui en ont la charge présentement, le traitement auquel ils avaient droit. Il a été dit que jusqu’ici les prisonniers avaient toujours été de respectables membres de la communauté. Mais, n’en tenant pas compte, le chef et ses officiers ont forcé les hommes à quitter la ville pour les amener dans ce village sans leur donner quelque rafraîchissement que ce soit; que pendant un arrêt d’une heure à St. John’s, sur la route, ils leur ont refusé le droit de se procurer des rafraîchissements à leurs propres frais. Un ami d’un des prisonniers a déclaré qu’il s’est procuré une peau de buffle, un châle et un oreiller, et les a apportés à la cellule provisoire pour son ami et ceux qui voudraient les partager avec lui, mais lorsqu’il demanda à ce que les articles soient apportés à la cellule, on a refusé ses dons sur un ton acerbe et dit que ce qu’ils avaient était amplement suffisant. Puis, quand le matin arriva on les fit entrer dans un véhicule pour London l’estomac vide, de façon à leur permettre de se régaler de soupane quand ils seraient abandonnés aux bons soins de M. Lamb. Cet aimable traitement, comme il a été dit plus haut, est fortement décrié à tous les coins de rues. [...]

Source: Unknown, "The Feeling in Lucan," London Free Press, mars 3, 1880.

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