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L'administration

Fondée par des compagnies de commerce, la Nouvelle-France est une colonie royale depuis 1663. Elle est donc sous le contrôle direct du roi et de son Secrétaire d’état à la Marine, que l’on désigne le plus souvent par le titre de « Monsieur le Ministre ».

Les relations entre la métropole et les administrateurs locaux apparaissent dans la correspondance qu’ils échangent chaque année. Au printemps, le ministre rédige des instructions qui sont envoyées à Québec par les premiers navires. À l’automne, le gouverneur et l'intendant présentent l'état de la colonie, énumèrent les différentes actions entreprises et acheminent diverses demandes par les derniers bateaux à quitter le fleuve avant la prise des glaces qui isoleront la colonie pendant six mois. Si le pouvoir de décision émane du roi, on constate que, confrontés à des réalités sur le terrain, les administrateurs coloniaux prennent certaines initiatives qu'ils devront éventuellement justifier auprès de Versailles.

L'administration coloniale peut être qualifiée d’autoritaire, de centralisée et de paternaliste. Le gouverneur général est le représentant du roi en Nouvelle-France. Il est responsable des questions militaires, des relations avec les Amérindiens et des relations avec les colonies anglaises. L’intendant est l’administrateur civil, dont relève la justice, les finances et la « police », soit le maintien de l’ordre politique, social et économique. Le Conseil supérieur est la plus haute cour de justice de la colonie et pouvait à l’origine émettre des ordonnances bien que l'intendant monopolise graduellement la réglementation de la vie coloniale. Cette administration coloniale est centrée à Québec, mais Montréal accueille le gouverneur et l’intendant chaque été. Ce séjour montréalais leur permet de rencontrer les alliés amérindiens et de préparer les expéditions commerciales et militaires dans l’intérieur du continent. Les villes de Trois-Rivières et de Montréal sont aussi dotées d’un gouverneur particulier et d’un commissaire ordonnateur, ce dernier étant responsable de l’administration civile locale.

En plus d’être une ville gouvernée, Montréal est une ville seigneuriale. L’île de Montréal appartient depuis 1663 au Séminaire de Saint-Sulpice de Paris. Les prêtres du Séminaire sont à la fois seigneurs de l’île et curés de la paroisse Notre-Dame-de-Montréal (et de plusieurs paroisses environnantes). L’affirmation du pouvoir royal gruge de plus en plus sur les prérogatives seigneuriales. Depuis 1693, la justice, associée à l’origine à la seigneurie, est définitivement prise en main par le roi avec la création de la Juridiction royale de Montréal. Les seigneurs avaient joué un rôle important dans la définition de l’espace urbain en traçant les rues et en concédant des emplacements mais en 1734, c’est plutôt l’ingénieur du roi qui prend l’initiative dans ce domaine avec la construction des fortifications.

L'ancien régime réussit néanmoins à fonctionner en dépit des chevauchements des différents pouvoirs, mais le roi et le ministre doivent à l’occasion rappeler à leurs officiers d’éviter les conflits et de travailler ensemble dans l’intérêt de Sa Majesté. Les instructions du gouverneur Beauharnois et de l'intendant Gilles Hocquart renferment ainsi de nombreuses mises en garde visant à éviter le genre de conflit qui avait pratiquement paralysé l’administration et mené au rappel de Claude Dupuy, prédécesseur de Hocquart.

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