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Éditorial d’un journal de l’Oregon concernant les Doukhobors

LES DOUKHOBORS

La probabilité que les Doukhobors, un groupe dont la courte histoire est constamment parsemée de persécutions, d’hystérie et de grandes réalisations, puissent s’installer dans le comté de Lane a provoqué des protestations vigoureuses de la part de l’American Legion.

Deux portraits des Doukhobors peuvent être établis, l'un clair, l'autre sombre. C’est le portrait sombre qui a incité la Legion et les autres organismes à s’opposer à leur installation.

En s’appuyant sur leur côté plus séduisant, l’Encyclopedia Britannica écrit :

« Lorsqu’ils vivent selon les standards de leur foi, ils parviennent à atteindre un des plus hauts niveaux de réalisation de l’idéal chrétien jamais connu. »

On les compare aux Quakers ou à la Société des amis.

Ce sont leurs vertus qui les ont rendus antipathiques aux yeux de leurs voisins, alors que leur comportement inoffensif invite au mépris. Les Doukhobors surpassent toute la compétition lorsqu’ils se mettent à l’œuvre. Leurs fermes et leurs villages prospèrent à pas de géant. En Russie, où ils ont vu le jour au milieu du dix-huitième siècle, ils ont grandi en grâce et en prospérité, malgré le fait qu’ils ont été grandement maltraités. Lorsqu’elles les ont bannis de l’intérieur de la Russie pour les établir dans une province près de la frontière turque, les autorités russes étaient convaincues qu’ils disparaîtraient à cause de la sévérité du climat et des montagnards meurtriers.

Mais rien de tout cela n’est arrivé. Ils ont plutôt transformé cette province en un lieu prospère, ils ont amassé des richesses et sont devenus amis avec les membres des tribus.

Lorsqu’on leur a imposé le service militaire, ils ont brûlé leurs armes et ont refusé de faire leur devoir. C’est cette décision qui les a amenés à immigrer au Canada en 1899, mais seulement après que 400 familles eurent été brutalement assassinées.

Au Canada, ils ont transformé des parties des provinces d’Assiniboia et de Saskatchewan en véritables jardins d’Éden. Des conflits avec les autorités civiles, à propos des lois auxquelles ils refusent d’obéir lorsqu'elles vont à l’encontre de leurs enseignements, ont poussé quelques-uns d’entre eux à aller vers d’autres cieux. Il y a quelques années, un de leurs chefs, pris d’une ferveur religieuse, a mené un groupe dans toute sa nudité à travers le pays. Ceci a créé de graves problèmes avec les autorités et marque la première rupture avec le gouvernement.

L’église extérieure ne représente rien pour les Doukhobors. Ils croient que le Christ est présent dans l’âme des hommes et que l’église se trouve là où les hommes se rencontrent dans la sincérité. Il devrait toujours y avoir une prière dans leur cœur. À l’occasion, ils ont des journées de rencontre pendant lesquelles ils psalmodient leur gospel principalement composé d’un mélange de ce qui se trouve dans la Bible et qui leur provient de la tradition orale puisque le groupe fondateur était analphabète. Ils appellent ce livre « Le livre de la vie » parce qu’il réside en grande partie dans leur mémoire. Le mot amour, lorsque compris dans sa relation avec Dieu, est le mot le plus important de leur vocabulaire. Ils croient que toutes les créatures naissent égales. Ils pensent que tuer, ou toute autre forme de violence, est quelque chose qu'il faut avoir en horreur.

Ce qui leur est reproché par-dessus tout, ce sont les crises de ferveur religieuse qui les prennent périodiquement ainsi que les continuels gestes de défi posés contre toute loi qui ne correspond pas à leurs idéaux. Ce sont ces derniers traits de caractère qui ont poussé la Legion à l'action.

Source: Éditorial d’un journal de l’Oregon concernant les Doukhobors , Oregon Daily Journal, 15 avril, 1924.

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