Un autre homme poignardé à mort

THE BRITISH COLONIST
24 juillet 1860

Samedi soir dernier, vers sept heures, un conflit s’est produit entre deux hommes nommés George Snelling et Edmund Simonds, sur la route Saanich près de la maison du docteur Tolmie, au cours duquel Edmund Simonds a été poignardé à mort. Snelling est employé dans un ranch de la campagne et il s’en retournait chez lui lorsque le conflit s’est produit, soit lorsque Simonds titubait sur la route, semblant à peine capable de se tenir debout. Peu après la rencontre, Simonds était étendu sur la route et il a été transporté au Royal Hospital où il a rendu son dernier soupir. Aussitôt après les faits, Snelling s’est rendu en ville puis s’est rendu à la police déclarant avoir poignardé l’homme pour se défendre alors que ce dernier essayait de le voler. Hier, le docteur Dickson a rassemblé un jury et a tenu une enquête du Coroner :

Wm. Robinson (homme de couleur) assermenté—Vers 7 heures du soir, samedi dernier, a vu le prisonnier et le défunt marchant en direction de la ville; les deux hommes semblaient ivres, particulièrement le défunt; ils parlaient fort; à un moment donné, le prisonnier a dit « Mon sacré voleur, tu as essayé de me voler » il s’est alors chamaillé avec le défunt, l’a jeté par terre, s’est posé en travers de sa poitrine et, levant la main, l’a frappé (comme je le pensais alors), mais quand il a levé sa main à nouveau, j’y ai vu un couteau, il y avait du sang sur le couteau lorsqu’il l’a levé, peu après, le prisonnier est monté sur son cheval et est allé en ville pour se rendre à la police. Le défunt était immobile sur le sol, j’ai pensé qu’il était mort et je suis allé en ville pour chercher du secours et voir le prisonnier se rendre, le défunt était très saoul, beaucoup trop pour avoir volé le prisonnier, il semblait supplier qu’on le laisse partir, juste avant d’être poignardé, le prisonnier aurait pu se dégager très facilement du défunt, s’il avait jugé bon de le faire, lorsque le défunt gisait sur son dos avec le prisonnier par-dessus lui, il n’avait pas de prise sur lui.

A. L. Newby, un homme de couleur, a témoigné qu’entre 5 et 6 heures, il a vu le prisonnier à cheval sur la route, devant le défunt qui était très intoxiqué, le prisonnier m’a demandé de tenir son cheval, ce que je fis, il est descendu, a ramassé un gros bâton et l’a utilisé pour frapper le défunt d’un grand coup sur le front; le défunt n’est pas tombé, et un peu plus tard, le prisonnier lui a offert à boire à partir d’une bouteille attachée à la selle de son cheval, pendant qu’il prenait l’alcool, le défunt a essayé de le frapper, mais le prisonnier s’est retourné et lui a offert la bouteille, laquelle, après une certaine chamaillerie de la part du défunt, il prit, mais n’en but aucunement, nous sommes entrés en ville et les avons laissés sur la route, parlant.

Andrew McLean a témoigné à propos de la même cause jusqu'à mercredi à 10 h du matin.

Avant que les témoins ne soient appelés, un des jurés a soulevé tout un émoi en déclarant qu’il croyait que Geo. F. Nias, un autre juré, n’était pas habilité à siéger puisqu’il avait émis une opinion au sujet des motifs qui ont amené le prisonnier à tuer le défunt, la journée précédente; et en outre que son témoignage pourrait être nécessaire à la poursuite de l’enquête.

Le coroner a déclaré que M. Nias était venu à lui, le matin et avait demandé à faire partie du jury, mais après avoir entendu de sources respectables qu’il avait un préjugé, il avait refusé de l’admettre. Toutefois, par la suite, constatant qu’il manquait de jurés, il avait consenti à l’inscrire sur la liste.

M. Nias s’est levé et a déclaré qu’il n’avait aucun préjugé et qu’il participait au jury pour permettre au prisonnier d’avoir un procès juste, etc.

M. Duncan (juré) a déclaré n’avoir aucun doute que M. Nias était incompétent à siéger et qu’il ne pouvait pas, ayant exprimé une opinion, l’accusé ayant été son employé, rendre un verdict impartial.

Le coroner a répondu qu’il était trop tard pour le rejeter et qu’il devrait maintenant siéger.

M. Nias a réitéré son désir d’accomplir son devoir.

On avait dit à M. Clink (juré) que M. Nias avait exprimé une opinion et il croyait qu’on ne devrait pas lui permettre de siéger.

Le coroner Dickson a déclaré avoir été informé par des sources fiables que M. Nias avait émis une opinion favorable au prisonnier, il n’en croyait pas moins qu’il ferait son devoir.

Après encore d’autres remarques, on a permis à M. Nias de demeurer et l’enquête a commencé.

La blessure fatale était dans le cou, le couteau passant entre la veine jugulaire et la trachée, sous la clavicule et puis dans la poitrine. Tous les témoignages confirment que Simonds était très saoul à ce moment-là et que Snelling lui-même était plutôt chancelant. Peu importent les causes qui ont mené au meurtre, il est certain qu’au moment où la blessure fatale a été infligée, Simonds était impotent, complètement à la merci de son antagoniste. L’histoire de Snelling voulant que trois hommes l’aient attaqué dans le but de le voler et qu’il ait tué le défunt en se défendant, a besoin d’être corroborée. Demain nous pourrons clarifier d’autres faits devant le jury du coroner et cela jettera une lumière toute différente sur la question. Pour le moment, les preuves ne sont guère favorables au prisonnier.

Source: "Un autre homme poignardé à mort," British Colonist, 24 juillet 1860

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