Le dialecte chinook — Langage de la cour

Au cours des années 1860, le dialecte chinook était devenu de facto le langage officiel de communication entre le gouvernement et les peuples autochtones. Il était utilisé dans les cours, dans les traités et les négociations de terres, dans les écoles, les églises et sur les lieux de travail pour permettre la communication entre les Autochtones et les immigrants.

Le dialecte chinook était basé sur une lingua franca préeuropéenne utilisée par les groupes autochtones autour de la rivière Columbia pour communiquer entre eux. Lorsque les Européens sont arrivés, du français, de l’anglais et d’autres mots ont été adoptés pour refléter les nouveautés introduites. Étant donné ses origines -- une langue de communication entre une variété d’Autochtones et plus tard, d’Européens dont les langues et les cultures étaient très différentes -- il n’est pas surprenant que le chinook ait été une langue d’une ambiguïté délibérée. Une langue très simplifiée s’est installée pour exprimer les significations rudimentaires relatives au commerce; son vocabulaire n’a jamais dépassé 800 mots. Comme chacun des groupes langagiers avait ses propres notions du temps, du comptage, des genres et de la causalité, ces raffinements spécifiques ont été exclus du langage qui leur était commun. Le capitaine Wilson, un arpenteur militaire et ethnologue amateur en Colombie-Britannique entre 1858 et 1860, a décrit le dialecte ainsi :

« Dans la langue chinook, il n’existe aucun article, la casse est déterminée par la construction; le pluriel est généralement formé en ajoutant le préfixe hai-iúu (plusieurs), et le superlatif en ajoutant le préfixe hái-us (très). En parlant, une grande partie de la signification est exprimée par l’accent de la voix porté sur certaines syllables et en gesticulant ou en utilisant des signes des mains... 1 Il existe une préposition principale dans la langue, « kopa » qui peut être interprétée soit pour signifier « dans, sur, à, près, au sujet de » sans mentionner les opposés, « vers et de ». Le temps est exprimé par l’insertion de marqueurs ambigus comme « ál-ta » qui signifient autant « maintenant » que « alors ».

Le missionnaire Thomas Crosby qui vivait parmi le peuple qui parlait Hul'qumi'num de l’île de Vancouver a donné un exemple de ce qui peut se produire en interprétant l’anglais en chinook. Un de ses supérieurs religieux s’adressait aux Autochtones, les désignant comme les « enfants de la forêt », ce qui se traduisait en chinook par « petits hommes parmi de gros bâtons », et qui a bien sûr offensé son auditoire qui refusait de se faire traiter de « petits hommes ». William Duncan, un autre missionnaire protestant avait décrit le chinook comme « ne convenant absolument pas à la transmission des valeurs chrétiennes ». Il a rapporté que les catholiques avaient essayé d’enseigner aux gens de la place en utilisant ce moyen, mais que les quelques idées qu’ils arrivaient « à transmettre étaient tellement ridicules qu’elles ne pouvaient que provoquer du dégoût chez ces pauvres créatures ». 1 L’observation est probablement tout aussi valable en ce qui a trait à l’utilisation du chinook en cour.

Certaines traductions chinook pour les termes anglais qui ont probablement été utilisés lors du procès de Tshuanahusset's
Anglais Chinook Littéral ou signification juste
arrest aucune traduction  
crime aucune traduction  
judge tyee kopa court Chef de la cour
lawyer aucune traduction  
lie (to tell a) wawa kliminawhit mentir
murder mamook memaloose tuer
oath aucune traduction  
police tyee chef, supérieur, patron, officier, maître, gentilhomme, contremaître, gérant
prosecutor aucune traduction  
shoot mamook poo!bruit d’un fusil  
steal kapswolah viol, enlèvement, secrèt(ement)
testimony wawa kopa court parler en cour
truth delate droit, vrai, direct, sincère, correct, exact, certain
Thou shalt not steal Wake kloshe mika kapswolla Pas bien de voler
witness aucune traduction  

Notes :

Edward Thomas Harper, Chinook: A History and Dictionary, (Portland: Binfords and Mort, 1935).
1. Captain Wilson, "Report on the Tribes inhabiting the country in the vicinity of the 49th Parallel of North Latitude", Transactions of the Royal Ethnological Society of London, N. S. vol. 14. (1866) p. 326.
2. Thomas Crosby, Among the An-ko-me-nums Or Flathead Tribes of Indians of the Pacific Coast, (Toronto: William Briggs, 1907) p. 54; Church Missionary Society, C.2./0 Appendix C, Micro A 105, William Duncan to Rev. H. Venn, Secretary of the Committee of the C.M.S. July 27, 1857. EnglishChinookLiteral re-interpretation into English