Évitons l’hystérie.

Un gouvernement doit éviter les climats de panique et d’hystérie. Il semble avoir trop de ces deux climats dans le rapport sur une « purge » imminente de la fonction publique des communistes et autres personnes dont « la loyauté est mise en doute ». […]

Bien que nous soyons d’accord avec certaines choses qui ont été dites mardi à la Chambre par M. SOLON LOW, il est difficile d’accepter sa déclaration à l’effet que la fonction publique est « criblée de sympathisants communistes et de membres en règle du Parti communiste ». Où sont tous ces communistes lorsqu’il y a des élections à Ottawa? Ils ne semblent pas voter pour les candidats communistes.

Si le gouvernement décidait de se départir des communistes dans la fonction publique, et nous sommes d'accord que cela devrait être fait, cette action devrait se faire en toute connaissance de cause et toute proportion gardée. Tout homme a le droit – le droit de sa conscience – d’être un communiste. Mais ce droit – celui d’être un communiste – ne comporte pas à la fois le droit d'être un fonctionnaire dans une démocratie. Les deux sont incompatibles. Un communiste dans son cœur et sa conscience n’est pas loyal à la démocratie. Un communiste, par son credo, se doit de déraciner la démocratie, de déraciner, en tout cas, notre type de démocratie. […]

Ainsi, aucun communiste n’a le droit de s’attendre à un emploi dans la fonction publique d’une démocratie. Il peut choisir entre le communisme et la démocratie, mais il ne peut pas avoir les deux. Si sa loyauté est placée au-dessus de celle qu’il doit avoir pour le pays où il vit, il doit comprendre et en assumer les conséquences. […]

Cependant, si le gouvernement devait décider de faire le ménage des communistes dans la fonction publique, il devrait s’assurer d’identifier avec précision qui sont les communistes et qui ne le sont pas. Aujourd’hui au Canada, et nous pensons que cela est malheureux, il y a une tendance grandissante d'étiqueter « rouge » ou « communiste » tous ceux qui ont des tendances libérales ou radicales, tout comme il y a une habitude vicieuse ou ignorante, encouragée par les communistes eux-mêmes et par leurs dupes et sympathisants, d’étiqueter comme « fascistes » tous ceux qui sont conservateurs. Il serait très mal de la part du gouvernement si, influencé par une telle folie, il devait se lancer dans une campagne systématique contre tous les fonctionnaires qui ne sont pas ouvertement orthodoxes.

Source: Editorial, "Évitons l’hystérie. ," Ottawa Journal, 22 mars 1946

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