Les fermiers prospères et les propriétaires terriens dans « La saga d’Egil »

Chapitre 42

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[...] Lorsque le jour est arrivé où Thorolf devait aller au repas de noces, il a demandé à être accompagné, invitant d’abord Thorir et Arinbjorn, avec leurs ouvriers, puis les fermiers-locataires les plus importants. C’était un grand groupe de notables. [...]

Chapitre 43

- 66 -

Il y avait un homme nommé Olvir qui travaillait pour Thorir. Il gérait sa ferme et ses ouvriers. Il recouvrait les dettes et s'occupait de la trésorerie. Il n’était plus jeune, mais encore très actif.

Un jour, Olvir devait aller percevoir les loyers dus à Thorir depuis le printemps. Il est parti en barque avec douze ouvriers de la ferme de Thorir.[...]

Chapitre 72

- 137 -

[...] Lorsqu’ils sont arrivés dans les champs devant la ferme, ils ont vu Armod et ses hommes à l’extérieur. [Armod était un bóndi, ce qui veut dire qu’il était prospère et que sa ferme était un domaine avec des fermiers locataires et plusieurs ouvriers et serviteurs.] Ils se sont salués et se sont demandé des nouvelles l’un et l’autre. Lorsqu’il a appris que ces hommes étaient des émissaires du roi, Armod les a invités à rester et ils ont accepté. Les ouvriers d'Armod ont pris leurs chevaux et leurs bagages, et le fermier a invité Egil et ses hommes à entrer dans la pièce principale, ce qu’ils ont fait. Armod a invité Egil à s'asseoir sur le banc inférieur et ses compagnons à faire de même à l’autre extrémité de la table. Ils ont parlé longuement des difficultés rencontrées pendant leur voyage et les habitants de la maison étaient étonnés qu’ils soient parvenus jusque-là, car, disaient-ils, même lorsqu’il n’y avait pas de neige, cette crête ne pouvait être traversée.

« Ne pensez-vous pas, a demandé Armod, que la meilleure chose que je puisse vous offrir maintenant soit un bon repas, après quoi vous irez dormir? Ainsi, vous passerez une meilleure nuit. »

« Ce serait très bien », a dit Egil.

Puis Armod a fait dresser des tables pour eux et fait apporter de grands bols de lait caillé. Armod avait l’air contrarié de ne pouvoir leur offrir de la bière. Egil et ses hommes étaient tellement assoiffés à la suite de leurs épreuves qu’ils ont pris les bols dans leurs mains et ont avalé d’un trait le lait caillé, en particulier Egil. On ne leur a pas servi d’autres nourritures.

Il y avait plusieurs personnes qui vivaient et travaillaient à la ferme. La femme du fermier était assise avec quelques femmes sur un banc perpendiculaire. [Ce banc (ou plateforme) était situé près du mur à l’extrémité de la pièce et était perpendiculaire aux bancs latéraux et aux trônes. Cet endroit était réservé aux femmes.] Leur fille, âgée de dix ou onze ans, était assise par terre. L’épouse l’a appelée et a chuchoté quelque chose à son oreille. La fillette s'est alors rendue près de l'endroit où Egil était assis et a déclamé ces vers :

Ma mère m’a envoyée
vous parler
et passer le message à Egil
d’être vigilant.
La damoiselle responsable de la corne de bière
vous demande de prendre soin de votre estomac
comme si vous vous attendiez
à recevoir meilleure nourriture.

Armod a giflé la fillette et lui a dit de se taire : « Tu parles toujours au mauvais moment. »

La fillette est partie et Egil a remis le bol presque vide sur la table. Puis, les bols ont été retirés et les hommes de la maison se sont assis également. Des tables ont été dressées dans la pièce principale et la nourriture fut apportée. La meilleure nourriture a été servie à Egil et à ses hommes, puis au reste de la maisonnée. [Dans une maison scandinave, les tables étaient portables et n’étaient montées qu’aux repas. En général, il s'agissait de grandes pièces en bois posées sur des tréteaux. Lorsqu’elles n’étaient pas utilisées, elles étaient accrochées au mur.]

Puis on a servi la bière qui était particulièrement forte. Chaque homme a reçu une corne à boire et l’hôte a insisté pour qu’Egil et ses hommes étanchent leur soif. [...] Cela a continué jusqu’à ce que les tables soient enlevées. [...] Puis, Egil et ses compagnons se sont levés, ont décroché du mur les armes qu’ils y avaient posées, sont allés à la grange où les chevaux étaient gardés, se sont étendus dans la paille et y ont dormi toute la nuit. [...]

Source: Bernard Scudder, trans., "Les fermiers prospères et les propriétaires terriens dans « La saga d’Egil »" in The Sagas of Icelanders: A Selection, preface by Jane Smiley, introduction by Robert Kellogg, (New York, London, Victoria (Australia), Toronto, Auckland: The Penguin Group, 2000), 3-184. Notes: Probablement par Snorri Sturluson vers 1220-1240 sur les événements qui sont arrivés entre 850 et 1000. Snorri était un descendant d’Egil. Les traduction vers l’anglais ont initialement été publiées dans « The Complete Sagas of Icelanders » volumes I-V (quarante-neuf récits), Leifur Eiriksson Publishing, Ltd., Islande, 1997. [n.d.t. : la traduction des récits vers le français est signée par l’équipe de traduction des Grands Mystères de l’histoire canadienne.]

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