Registre de L’Anse aux Meadows dans « North Atlantic Climate c. A.D. 1000: Millennial Reflections on the Viking Discoveries of Iceland, Greenland, and North America » [Le climat nord-américain vers l’an 1000 de notre ère : réflexions millénaires sur les découvertes vikings de l’Islande, du Groenland et de l’Amérique du Nord]

Le nom, Vinland, qui se traduit littéralement par « terre du vin », est la source de nombreuses discussions et conjectures. Les sagas accordent beaucoup d’importance à la découverte de vignes sauvages. Pour cette seule raison et aussi à cause du fait que des vignes sauvages poussent, en réalité, dans certaines régions du nord-est de l’Amérique du Nord, il semble possible que le nom réfère au vin et non à un « pâturage » tel que suggéré, par exemple, par Ingstad […] Si le nom était « pâturage », il serait écrit « Vinland », avec un « i » sans accent. Wallace [p. 141-142, dans le livre duquel cet article est tiré] a également noté qu’ils n’auraient pas été à la recherche de nouveaux pâturages puisque le Groenland et l’Islande en possédaient d’excellents. Ces pâturages n’auraient donc pas généré un grand intérêt. La perspective de produire du vin, cependant, était une tout autre histoire. Autant dans les pays d'origine en Scandinavie que dans les colonies de l'Atlantique Nord, le vin était un produit coûteux et rare que tout chef aurait convoité. De plus, c’était un ingrédient vital de l’Eucharistie, un élément important de la religion chrétienne, qui se développait rapidement dans ces régions. Les Scandinaves ont donné d’autres noms aux endroits qu’ils ont visités sur le continent nord-américain, dont « Helluland » (dont on pense que c’était l’île de Baffin) et « Markland » (dont on pense que c’était le Labrador) […] Les sagas du Vinland font également référence aux prairies vallonnées, aux richesses de la pêche et de la chasse, et à un climat si doux que le gel y était presque inconnu. On y mentionne également « du blé sauvage ». Il s’agit probablement de seigle sauvage, Elymus virginicus, qui ressemble en effet à une espèce de blé ancien.

Il faut noter, cependant, que les vignes ne poussent pas dans la région de L'Anse aux Meadows. Cette région n'était probablement pas le « Vinland », mais la « porte d’entrée au Vinland ». Les preuves archéologiques et les écrits suggèrent que le site était utilisé comme camp de base pour les explorations. La date de l’occupation scandinave de L’Anse aux Meadows avoisine la décennie avant ou après l’an 1000 de notre ère. Cette datation concorde bien avec les preuves écrites des explorations du Vinland. Cependant, il est probable que l’occupation scandinave du site n’a duré que quelques années tout au plus.

Il y a eu plusieurs suggestions concernant l'emplacement exact du Vinland. Ainsi, Páll Bergþórsson (1997) a suggéré récemment que le Vinland avait peut-être été dans la région de New York. Wallace a démontré que la région du Nouveau-Brunswick était une candidate plausible; on y trouve les vignes et le blé sauvages dont il est question dans les sagas (Wallace 141, dans le livre duquel cet article est tiré].

La preuve documentaire traitant de l’exploration du Vinland par les Scandinaves souligne l’impact que leur présence a eu sur un emplacement où le bétail n’avait pas besoin d’avoir de fourrage pour l’hiver. […] Cela était très différent du Groenland et de l’Islande où le manque de fourrage pour le bétail aurait pu avoir des conséquences désastreuses, dont la mort du bétail et, ultérieurement, la perte de vies humaines. Le nord de Terre-Neuve, cependant, n’a pas toujours eu des hivers sans neige. Cependant, Wallace a noté qu’en hiver 1998 il n’y a pas eu de neige et que le bétail aurait pu se nourrir à l’extérieur [Wallace, communication personnelle, 1999]. Quant au site de L’Anse aux Meadows, les analyses de pollen (McAndrews et Davis 1978; Davis et al. 1988), les analyses chimiques de la tourbe (Robertson 1978) ainsi que les analyses du bois et la datation au carbone 14 [Wallace, communication personnelle, 1999) suggèrent que le climat de L’Anse aux Meadows était légèrement plus chaud à l’époque des expéditions au Vinland comparativement aux périodes subséquentes qui étaient plus froides. Wallace (1991) note également que la saison de navigation où il n’y avait pas de glace entre L’Anse aux Meadows et le Groenland aurait été limitée à deux mois par année. Il est possible de faire une hypothèse selon laquelle, une fois que les Scandinaves connaissaient bien les régions qu’ils ont nommées Markland, Helluland et Vinland, plusieurs expéditions ont été faites à la recherche de marchandises de valeur, tel le bois. Par contre, le trajet du Groenland ou de l'Islande aurait été périlleux les années où il y avait beaucoup de glaciers et il est permis de penser que les glaciers ont parfois rendu la navigation difficile. […]

Source: A.E.J Ogilvie, L.K. Barlow, and A.E. Jennings, "Registre de L’Anse aux Meadows dans « North Atlantic Climate c. A.D. 1000: Millennial Reflections on the Viking Discoveries of Iceland, Greenland, and North America » [Le climat nord-américain vers l’an 1000 de notre ère : réflexions millénaires sur les découvertes vikings de l’Islande, du Groenland et de l’Amérique du Nord]" in Approaches to Vínland: A conference on the written and archaeological sources for the Norse settlements in the North-Atlantic region and exploration of America, Andrew Wawn and Þórunn Sigurđardóttir (Reykjavík: Sigurður Nordal Institute, 2001), 182-185.

Retour à la page principale