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UN GRAND CHAGRIN À BRILLIANT CAUSÉ PAR LA MORT DU CHEF

Mille personnes attendent en vain, refusant de croire que Peter Verigin est parti

LE CERCUEIL FABRIQUÉ À GRAND FORKS

Plusieurs viendront des Prairies pour les funérailles

[ La confiturerie KC de la communauté à la fin des années 1920. À gauche se trouve la station ferroviaire de Brilliant d’où est parti Peter V. Verigin le 28 octobre 1924., Unknown, Doukhobor Discovery Centre, Castlegar, BC Pan 02 ]

« C’est bien vrai? Il est mort. »

Sur le quai de la gare à Brilliant, un profond désespoir et un immense chagrin se sont emparés de près d’un millier de Doukhobors, des membres de la communauté et des indépendants, lorsque le train de Nelson à Rossland est entré en gare à deux heures hier après-midi et que les nombreux Doukhobors à bord ont confirmé la nouvelle de la mort de Peter Verigin.

Anton Strelaeff avait annoncé la nouvelle par téléphone au quartier général de Brilliant à sept heures du matin mais les gens gardaient encore espoir jusqu’à l’arrivée du train à Brilliant tôt en après-midi avec à son bord des Doukhobors qui étaient montés à chacun des arrêts depuis Nelson; le train était si bondé que les passagers étaient debout dans les allées.

Du petit matin jusqu’à tard dans l’après-midi, les Doukhobors se sont réunis au quartier général de Brilliant, venant de partout dans les environs, après avoir reçu les premières nouvelles du terrible désastre qui avait eu lieu à une heure du matin mercredi, lorsqu’une voiture du train de Kettle Valley avait explosé et que Peter Verigin et cinq autres personnes avaient été tués et un certain nombre d’autres avaient été blessées.

Ils sont venus en automobiles et dans des charrettes qui transportaient 8 à 10 personnes, ou ils ont marché sous la pluie sur des routes boueuses le long des voies ferrées afin de découvrir si leur chef les avait réellement quittés, ou pour compatir au malheur s’ils étaient des indépendants qui avaient rompu avec la communauté.

À environ deux heures, près de mille Doukhobors étaient regroupés à la station, silencieux, des hommes à l’air triste, des femmes âgées en pleurs, des femmes plus jeunes avec des enfants qui semblaient à la fois apeurés et solennels.

Le silence a été brisé par des gémissements et des sanglots lorsque le train en provenance de Nelson est arrivé et que la nouvelle a été confirmée.

Les couleurs éclatantes ont disparu

Les couleurs éclatantes des Doukhobors ont disparu. Seules quelques fillettes ici et là portaient un châle ou des bas colorés. Les châles noirs, gris ou blancs avaient remplacé les foulards jaunes, verts ou brillamment fleuris que les femmes portent habituellement et ils encadraient des visages qui n’avaient plus aucune trace de gaieté.

Les hommes et les femmes se tenaient en groupes silencieux ou ils erraient sans but d’une bâtisse à l’autre. Hier après-midi, on pouvait entendre au loin quelqu’un qui chantait lentement et solennellement dans une des bâtisses. Mais la plupart des Doukhobors, hommes, femmes et enfants, attendaient silencieusement, dehors sous la pluie, avec la patience qu’on leur connaît, et cela, même s’ils savaient depuis huit heures hier qu’ils devraient attendre jusqu’à minuit pour que Peter Verigin rentre à la maison pour la dernière fois sur le train spécial après l’enquête du coroner qui se déroulait à Grand Forks hier après-midi et hier soir.

Le cercueil fabriqué à Grand Forks

À Grand Forks, toute la journée hier, la communauté des Doukhobors était également en deuil alors que des membres nommés à cet effet étaient occupés à fabriquer le cercueil de leur chef.

« M. Verigin et moi avons parlé de la mort il y a à peine quelques jours », a dit Max Baskin hier soir, lui qui avait été un associé et un ami du roi doukhobor.

« Il avait alors dit qu’il croyait que chacun partait lorsque son temps était venu et qu’il n’avait pas peur de mourir. Il pensait avoir encore beaucoup de travail à accomplir, mais il était tout à fait prêt à partir lorsque son temps viendrait.

Il était toujours de bonne humeur et je ne l’ai jamais vu de mauvaise humeur, a continué M. Baskin. Il avait un grand sens de l’humour. Il était un grand travailleur. S’il prenait un rendez-vous, il y était. Il ne voulait pas entendre d’excuses, mais il s’attendait à des résultats. Il était très minutieux. Lorsque j’étais avec lui dans les plaines, il pouvait identifier chacun des animaux par leur nom. »

M. Verigin avait l’intention de passer la journée d’hier à Grand Forks et M. Baskin devait aller à Fernie et de là à Spokane où il devait rencontrer M. Verigin et les deux avaient planifié d’aller ensemble à Portland en Oregon.

Source: "Un grand chagrin à Brilliant causé par la mort du chef," Nelson Daily News, 30 octobre, 1924.

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