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Déposition du chef de train J. Turner

Déposition du chef de train J. Turner, en charge du train no 11, en partance de Nelson, le 28 octobre 1924.

Le train no 11 a quitté Nelson à environ 21:20K. Tout de suite après le départ, j’ai fait l’inspection du train en commençant par la voiture de première classe. Le train était composé d’un fourgon postal, d’un fourgon à bagages, d’une voiture de première classe et d’une voiture-lit. Je ne me souviens pas du nombre de passagers qu’il y avait dans la voiture lors de mon inspection mais il n’y avait rien qui ait attiré mon attention, que ce soit un passager en particulier ou plusieurs. Après avoir terminé mon inspection, j’ai vérifié les passagers au fur et à mesure qu’ils embarquaient entre Nelson et Castlegar. Je ne me souviens pas d’avoir pris des passagers entre Nelson et Castlegar, sauf à Brilliant où deux hommes et une jeune femme sont montés à bord. J’ai reconnu un des hommes comme étant Peter Verigin, mais je ne me souviens pas d’avoir déjà rencontré l’autre homme ou la femme. J’ai vérifié la destination de ces trois passagers dès le départ de Brilliant et ils avaient des billets de Brilliant à Castlegar.

J’ai vérifié de nouveau la voiture de première classe no 1586 après le départ de Robson West et j’ai poinçonné des billets de Castlegar à Grand Forks pour M. Verigin et la dame qui l’accompagnait; je n’ai pas vu l’homme qui était monté à bord à Brilliant avec M. Verigin, mais comme j’ai vu M. Verigin et cet homme parler ensemble, au milieu de la voiture, alors qu’on arrivait à Castlegar, j’ai présumé que l’homme était resté à Castlegar car je ne l’ai plus revu après. Il n’y avait que deux femmes dans la voiture, une étant la dame avec M. Verigin et une autre que je ne connaissais pas. Parmi les autres passagers, il y avait trois Hindous, trois Irlandais, M. MacKie, Harry Bishop, F.H. Gaskill; les autres étaient des étrangers.

Je ne me souviens pas du nombre de passagers, mais on a laissé un cantonnier suédois à Coykendahl et on a embarqué trois cantonniers doukhobors à Tunnel qui avaient des laissez-passer pour Grand Forks; leurs bagages étaient des ballots et ils se sont assis à l’arrière de la voiture. On est arrivés à Farron à 24:35K, nettoyé la chaudière, pris de l’eau et attelé la voiture-restaurant. J’ai reçu des instructions m’assurant d’une protection contre les collisions arrières – il est normal de recevoir ces instructions. Rien d’inhabituel n’a attiré mon attention et j’ai signalé que je partais à 24:55K, mais en fait on est partis environ deux minutes avant parce qu’on avait de l’avance et je n’ai pas perdu de temps à retourner au bureau pour changer l’information dans les registres.

En quittant Farron, je suis monté à l’extrémité avant de la voiture-coach et j’ai traversé la voiture jusqu’à l’arrière. Alors que je la traversais, j’ai noté ce qui se passait, comme à l’habitude, et je n’ai vu personne qui n’était déjà là à notre arrivée à Farron. Tous les passagers étaient soient endormis ou ils sommeillaient, à l’exception d’une femme vers l’extrémité avant de la voiture qui semblait tout à fait éveillée et d’un Hindou à l’arrière de la voiture. M. Veregin avait la tête penchée comme s’il sommeillait. La dame près de la fenêtre était penchée vers la fenêtre et semblait également sommeiller. Il était assis très près du centre de la voiture avec la dame quand on a quitté Farron; si je me souviens bien, il occupait ce siège depuis Castlegar.

Il aurait été possible que quelqu’un monte dans la voiture à Farron et en descende pendant qu’on y était sans que je ne le sache. Le marchand de journaux, M. Fawcett, était endormi dans un siège double à l’extrémité avant de la voiture du côté sud. Je suis certain qu’il n’avait pas de réveil et, à ma connaissance, aucun marchand de journaux n’en a. La dame, dont j’ai parlé en disant qu’elle était éveillée et qui était à l’extrémité avant de la voiture, occupait le siège derrière le marchand de journaux, d’après mes souvenirs. Elle était avec un homme et je les ai pris tous les deux pour des Italiens. Les deux ont été blessés et envoyés au Grand Forks Hospital; ils étaient parmi les premiers auxquels j’ai apporté de l’aide.

En arrivant à l’arrière du train, les valves de retenue avaient été mises en position et j’ai vu que la vapeur se rendait partout le long du train. Le conducteur Marquis m’a rejoint presque aussitôt à la plateforme arrière. Je lui ai parlé de la chaleur de la vapeur car il était un nouvel employé. Ensuite, on a traversé deux voitures, la voiture-lit et le coach, jusqu’au fourgon à bagages et on y était depuis au plus 35 à 40 secondes, selon mon opinion, lorsque l’explosion a eu lieu dans la voiture-coach juste à l’arrière du fourgon à bagages, soufflant la porte arrière du fourgon, par laquelle on venait tout juste de passer, presque à travers le fourgon à bagages et nous inondant d’éclats de verre qui provenaient des fenêtres de la voiture. Le train a continué sur une longueur d’environ deux voitures après l’explosion.

En nous retournant, on a vu directement par l’entrée de la porte du fourgon ce qui restait de la voiture-coach et elle était presque démolie. Il y avait des débris empilés jusqu’au fourgon à bagages. On a vu du feu dans la voiture du côté sud vers le centre tout de suite après l’explosion. Le feu avait une teinte jaunâtre. On a aussi observé une flamme qui provenait de quelque part sous la voiture de l’extérieur et du même côté; elle était bleutée. On l’a vue tout de suite après l’explosion quand on est sortis par l’arrière de la voiture et qu’on a regardé les côtés.

J’ai immédiatement donné l’ordre aux hommes d’aller chercher des extincteurs et j’ai commencé, avec le serre-frein Marquis, à déblayer les débris de l’extrémité de la voiture parce qu’on pouvait voir qu’il y avait des blessés à l’intérieur. Le préposé à la poste, Arthur Loomer, en charge du fourgon postal, est allé chercher un extincteur. On est aussi allés chercher un extincteur dans la voiture-lit.

Sachant que cela était sous contrôle, je ne me suis plus occupé des hommes qui se servaient des extincteurs, mais je me suis concentré, avec le serre-frein Marquis et le porteur Brennan, sur l’aide à apporter aux blessés. On a déblayé les décombres à l’extrémité ouest et on a dégagé trois personnes, deux hommes et une femme, qu’on a transférées dans le fourgon à bagages. On a continué le long de la voiture-coach et, en autant que je sache, on a dégagé trois autres personnes à l’extrémité est de la voiture et, avec le serre-frein Marquis et le porteur Brennan, on les a amenées à l’extérieur.

À ce moment, le feu gagnait en intensité et l’extrémité est était en feu. On était certains qu’il ne restait plus de corps à l’ouest de cet endroit et on a été forcés de sortir à cause des vapeurs de gaz qui s’échappaient des réservoirs. Il n’y avait plus de signes de vie dans la voiture à notre départ. Je suis ensuite allé sur le remblais sur le côté sud de la voie ferrée pour voir la voiture d’en haut et j’ai rencontré un des passagers de la voiture-lit et je lui ai dit : « Je crois qu’il y a encore quelqu’un dans la voiture? » Je n’ai vu personne mais il me semblait qu’il devait rester quelqu’un, alors je suis entré par l’extrémité ouest et j’ai traversé la voiture mais je n’ai vu personne. À ce moment, il y avait beaucoup de fumée et de feu. Il n’y avait aucun signe de vie dans la voiture. J’ai dit au serre-frein et au porteur qu’on pouvait mettre les freins sur la voiture-lit, la bloquer et, si possible, dégager la voiture en feu, ce qu’on a fait – sur environ une longueur de voiture – on l’a découplée de la tête et on a dégagé le fourgon à bagages. Ce qui restait alors de la voiture-coach était une masse de flammes, mais j’ai observé très clairement que les réservoirs de gaz étaient pratiquement intacts, qu’ils ne montraient aucun signe d’avoir été déplacés par l’explosion de quelque façon que ce soit.

On ne pouvait rien faire de plus avec la voiture, alors on a porté notre attention aux blessés le long de la voie et, après avoir demandé aux passagers et à l’équipe d’amener les passagers qui étaient blessés jusqu’à la voiture-lit, je suis parti pour Farron pour demander de l’aide. Je ne me souviens pas de l’heure à laquelle je suis arrivé à Farron. J’ai demandé que la locomotive de pousse et le conducteur me suivent jusqu’à la scène de l’accident. La locomotive est arrivée à peu près au même moment que moi et, puisqu’il n’y avait plus de blessés dont il fallait s’occuper, j’ai dit au chef de train Eaton, en charge de la locomotive de pousse, de partir en direction est le plus rapidement possible avec la voiture-lit pour amener les passagers à l’hôpital de Nelson. À ce moment, on savait qu’il y avait deux morts, mais on n’a pas dérangé les corps; on les a simplement recouverts avec des couvertures qui étaient dans la voiture-lit.

Le centre de la voiture, là où Peter Verigin était assis, ou à peu près à l’endroit où il était assis, semble avoir reçu la plus grande part du choc de l’explosion. On voyait aussi des traces sous la voiture, si je me souviens bien, et le mécanicien Harkness et moi avons tous les deux noté que la conduite de vapeur qui longeait la voiture avait reçu un gros choc car elle était sérieusement tordue vers le bas.

À mon retour à Farron j’ai remarqué que, directement sous la voiture près de la voie, à l’endroit où l’explosion a eu lieu, la voie était jonchée de petits éclats entre les rails, éclats qui avaient de toute évidence été projetés par le dessous de la voiture. J’ai pensé que cela devait provenir du plancher de la voiture. Je ne me souviens pas qu’il y ait eu un trou dans le plancher de la voiture à ce moment, mais il est possible qu’il ait été recouvert par les décombres.

Je devrais mentionner que le mécanicien Harkness et le chauffeur Munroe étaient avec moi lorsque j’ai inspecté les réservoirs de gaz après l’explosion et que je les ai trouvés intacts.

(signé) Joseph Turner.

Nelson, 30 octobre 1924.

Source: Nelson Museum, , , Joseph Turner, Déposition du chef de train J. Turner, 30 octobre, 1924.

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