Dorothy Stone raconte ses souvenirs à William Little, [1969?]

[...]
Il semblerait que Thomson avait l’habitude de prendre ses repas à Mowat Lodge – dirigé par Shannon Fraser – et lorsqu’il revenait d’une séance de peinture en avant-midi ou en après-midi, il laissait ses panneaux de bois sur le tas de bois. Fraser a récupéré ces peintures et je me souviens qu’il y en avait plein les murs de Mowat Lodge – c’était toute une collection.

[...] Un autre exemple de la fierté de Tom, c’est qu’il ne voulait jamais admettre qu’il n’avait plus un sou ou qu’il avait faim et parfois il allait directement chez Beatty dans le Studio Building en débarquant du train du soir en provenance du nord. Beatty lui demandait s’il avait soupé – « Bien sûr qu’il avait soupé! » Alors Beatty disait qu’il n’avait pas vu le temps passer en travaillant et qu’il avait sauté le souper et est-ce que Thomson l’accompagnerait alors qu’il sortait prendre une bouchée et ils se rendaient coin Bloor et Yonge et commandaient deux gros steaks, alors l’honneur de Thomson était sauf.

Beatty m’a également raconté que Thomson voulait s’enrôler lors de la Première Guerre mondiale, mais que le Dr MacCallum lui avait dit qu’il était plus utile au Canada en tant qu’artiste et que s’il tentait de s’enrôler, il certifierait qu’il était physiquement inapte.

Mais le plus fascinant de mes souvenirs remonte à la fin de septembre 1931 entre Beatty et Shan Fraser à l’hôtel de Kearney que Fraser a repris après que Mowat Lodge (selon ce qu’on m’a dit) ait été détruit par les flammes. Un groupe d’étudiants en arts est allé à Kearney pour les couleurs d’automne et Beatty s’y est rendu lui aussi. La température était glaciale la nuit et nous nous rassemblions souvent après le souper alors que Beatty et Fraser en descendaient quelques-unes, et la chaleur, à l’intérieur comme à l’extérieur, des questions bien choisies et un public fasciné étaient tout ce dont ils avaient besoin pour se lancer.

[...] Je les revois encore à la lueur du feu glousser et échanger des regards entendus et dire quelque chose comme « nous savions où il voulait être et nous nous sommes arrangés pour qu’il y reste. »

C’est pourquoi, depuis 1931, je crois que le cercueil qui s’est rendu à Leith ne contenait pas un corps humain. […]

Source: William T. Little, "Dorothy Stone raconte ses souvenirs ," in , ed, The Tom Thomson Mystery (Toronto: Toronto, 1970), 106-109

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