Ralph Bice, « Les femmes qui ont façonné le parc Algonquin », Along the trail in Algonquin Park with Ralph Bice [Sur le sentier du parc Algonquin avec Ralph Bice]

Les femmes qui ont façonné le parc Algonquin

Il semble approprié de faire mention de ces femmes qui remplissaient un rôle important au parc Algonquin il y a plusieurs années. D’autant plus important qu’à cette époque, c’était encore un monde réservé aux hommes. On se souvient de bien peu d’entre elles et pourtant toutes celles que je mentionnerai devraient occuper une place majeure dans le temple de la renommée du parc Algonquin, si toutefois il en existait un. Toutes ces femmes ont fait leur part et même davantage, alors que le parc Algonquin était considéré comme un coin isolé dans les bois.

Ensuite, Molly Cox (Mme Ed. Colson), une infirmière venue au quartier général du parc au début du siècle présent. Elle est venue avec sa famille et a tellement aimé l’endroit qu’elle est restée en tant que cuisinière dans la maison de pension du garde forestier. C’est exactement à ce moment que les gens ont commencé à découvrir que la pêche était excellente dans le parc Algonquin.

Plus tard, Molly a épousé le garde forestier Ed Colson et, à l’écoute des besoins des visiteurs estivaux, ils ont installé un camp de tentes. Puis le Canadien national a construit le premier hôtel du parc, et on a demandé aux Colson d’en prendre la responsabilité.

On reconnaissait à Molly des qualités de gérante attentionnée, elle prenait grand soin de son personnel et s’est souvent démenée pour aider les gens. La nouvelle s’est vite propagée qu’elle était infirmière et comme les médecins étaient rares, elle a pris leur relève à plusieurs reprises auprès des malades. Peu avant la Première Guerre mondiale, les Colson sont partis, mais sont revenus en 1917 pour acheter l’Algonquin Hotel.

On raconte encore plusieurs histoires au sujet du dévouement dont Molly faisait preuve. Au tout début du printemps de 1918, juste après que la glace se soit retirée, une terrible tempête s’est levée. Deux guides qui travaillaient à l’hôtel, Larry Dixon et George Rowe, s’étaient rendus au lac Canoe, un trajet de plus d’un mille en canot. Au retour, dans la pluie et le vent, une tornade les a surpris et a fait chavirer leur canot. Pire encore, la force a projeté Larry Dixon contre une racine qui sortait de l’eau, lui causant grand dommage. Rowe est parvenu à les garder tous deux hors de l’eau à l’aide de vieilles racines et de billots et a appelé au secours, ayant peu d’espoir d’en recevoir.

Les Colson étaient au lit, mais ont entendu les appels de détresse. Ils se sont habillés, ont sauté dans un canot et ont trouvé les deux hommes, beaucoup plus loin, mais ils les ont ramenés à l’hôtel. George Rowe était trempé et frigorifié, mais dès le lendemain de son bain forcé il était sur pied. Larry Dixon avait cependant des blessures internes et Mme Colson savait qu’il avait besoin de soins médicaux. Alors il est parti pour Toronto à bord du premier train. Par hasard, ma mère se rendait elle aussi à Toronto à bord de ce même train et a aidé Mme Colson, qui n’avait pas dormi de la nuit. Malheureusement, Dixon n’a pas survécu à l’opération. […]

Un autre nom qui vient à l’esprit est celui de Mme Shannon Fraser. Durant la Première Guerre mondiale, elle et son mari avaient aménagé la maison de pension de la Huntsville Lumber Company pour en faire un petit camp touristique. Son succès était principalement dû à leur fille Mildred (plus tard devenue Mme Art Briggs) et à d’autres qui venaient parfois donner un coup de main, mais la cuisine était son talent spécial. […]

Puis il y a eu Winnifred Traynor. Son père avait été chef de campement de la Huntsville Lumber Company et vivait au lac Canoe. C’était la dame dont on parlait dans les nouvelles chaque fois qu’une histoire était écrite au sujet de l’artiste Tom Thomson, qui s’est noyé dans le lac Canoe en 1917. En dépit du rapport de l’entrepreneur de pompes funèbres, elle a toujours maintenu qu’il y avait eu acte criminel. À sa mort, elle a légué le cottage à son neveu favori, qui y passe toujours ses étés.

Source: Ralph Bice, "Les femmes qui ont façonné le parc Algonquin " in Along the Trail in Algonquin Park with Ralph Bice, (Toronto: Natural Heritage/Natural History, 2001), 53-55. Notes: Extrait tiré du livre "Along the trail in Algonquin Park with Ralph Bice" [« Sur le sentier du parc Algonquin avec Ralph Bice »], (Scarborough, Ont.:Consolidated Amethyst, 1980). ISBN: 13:978-0-920474-19-8. Reproduit avec le permission de The Dundurn Group

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