Journal d’Ebenezer Robson

Le mardi 19 février 1861 : Parti tôt en canot avec deux Indiens pour Salt Spring Island. Le trajet a été agréable. En accostant, j'ai été salué par un homme [étrange?] (Graham, alias [Bitts?]) qui m’a invité à passer la nuit chez lui. [« Graham, Dumbrain et Dr John Hall » inscrit en marge].

20 février 1861 : Hier soir j’ai mangé des palourdes et des pommes de terre et ce matin des crêpes et du pain puis visité tous les ménages de la côte est de l’île, 7 en tout, et quand tout cela a été fait pris le canot et contourné la pointe sud jusque dans le port de Ganges, il faisait nuit lorsque je suis arrivé chez M. Lenneker [Lineker].

21 février 1861 : Après avoir pris le petit déjeuner chez M. Lineker, j’ai visité toutes les maisons de la colonie, 21 maisons et le même nombre de terres, 4 habitées par des Blancs et le reste par des gens de couleur. J’ai prêché chez un homme de couleur dans la soirée devant environ 20 personnes, toutes de couleur sauf une et une autre mariée à un homme de couleur. Je suis retourné là où j’étais logé après l’office, ce qui totalise environ 18 milles de marche pour la journée.

22 février 1861 : Partis tôt et pagayé contre un fort vent jusque vers 10 h. Quand nous avons eu contourné la pointe sud nous avons hissé les voiles et après environ deux heures de voile nous sommes arrivés à la maison d'un Indien de Salt Spring Island et comme notre canot n'était pas suffisamment [solide?] pour résister aux forts vents nous [illisible] un Indien avec un grand canot a pris le nôtre en remorque. Dès que nous avons eu quitté la côte le vent qui était très fort a emporté le canot avec une telle vitesse qu’il est devenu incontrôlable – l’Indien n’arrivait pas à lui faire garder sa route et plutôt que de remonter le chenal nous l’avons vite traversé et avons dû nous réfugier sur une île… (L'Indien a eu peur et a refusé d'aller plus loin.)

Samedi 9 mars 1861 : Trente canots appartenant à des Hydahs accostés à Salt Spring Island ont dévalisé le magasin de Begg, emportant farine, navets, [drapeau?] etc. [ajouté à l’encre de couleur différente, visiblement à une date ultérieure. Ajouts similaires à la date suivante.]

Samedi 16 mars 1861 : « A. G. Horne et E. Gough envoyés à terre pour chercher les chefs, qui [ont refusé?] la canonnière Forward (Robson) a suivi les Hydahs jusqu’au cap Mudge pour [illisible] défier les Hyda. Un canon de trente a fait feu au-dessus de leurs têtes à quoi les Indiens ont répliqué par une volée. Le feu a été ouvert et 4 ont été tués et d’autres blessés envoyé (1) drapeau blanc et capitulé. Soupé chez M. Begg et logé chez M. Lawless.

27 mars 1861 : Quitté la colonie du nord dans mon canot à 7 h et contourné l’extrémité ouest de l’île et suis arrivé au [canal?] du côté sud vers 12 h ou 13 h. La marée étant basse j’ai quitté les Indiens avec instruction de remonter le canot lorsque la marée monterait et j’ai marché ou plutôt me suis frayé un chemin à travers la forêt sur une distance d’un mille jusqu’à la colonie. Après avoir déjeuné chez un Allemand [illisible] j’ai commencé à inviter les gens pour l'office du soir et pour ce faire j’ai marché environ 10 milles sur les collines et à travers la forêt. Pris le thé chez M. Lineker dans la baie Admiralty. Marché deux milles dans les bois en suivant un petit sentier la nuit tombée, couguars et autres… plusieurs ont été tués dernièrement aussi des ours et des loups en abondance. Visité 12 ménages, 9 de gens de couleur et trois de Blancs. Dormi chez M. Booth. Arrivé à la maison le jour suivant après avoir parcouru environ 80 milles et [illisible] visité 22 foyers et prêché à une occasion.

25 mai, Robson écrit qu’il espère récolter 26 auprès des habitants de Salt Spring pour une église.

29 mai 1861 : quitte à 6 h à bord de son canot pour Salt Spring; arrive à 16 h alors que tombe une forte pluie. « J’ai passé la soirée chez M. Begg. Le Emily Harris a accosté vers 19 h et M. Begg et moi sommes montés à son bord.

30 mai 1861 : entrepris le matin de me rendre à pied de l’autre côté de l’île mais me suis aperçu que la route qui traverse la montagne était vraiment très difficile et que les arbres et l'herbe étaient vraiment très mouillés en raison de la récente pluie et suis retourné chez M. Begg. Trempé jusqu’aux os à cause des buissons. Pendant la journée j’ai visité tous les colons de ce côté-ci de l’île, huit en tout, à présent. Ils ont tous, sauf un, promis d'assister à l'office du soir chez M. Begg. Seulement cinq étaient présents, M. Begg, M. George, M. Sampson et M. Lawless. Afin de voir si d’autres hommes venaient, un de ceux présents cherchait une lampe il s’est rendu jusqu’à la porte et a crié à son voisin Lawless d’apporter la sienne mais je suis venu sans en apporter. George, qui tout ce temps était demeuré assis avec son chapeau de paille sur la tête et sa pipe dans la bouche son fusil dans les mains. En s’apercevant que je n’avais pas apporté la lampe nécessaire, a déclaré posément « Ne vous rappelez-vous donc pas l’histoire des 18 vierges qui n’avaient pas apporté de lampe. J’ai basé mon sermon sur Jean 5:6. Ils étaient très attentifs et j’ai confiance que la parole de Dieu a été une bénédiction pour eux.

31 mai 1861 : M. Tate a traversé le lac en canot et [illisible] de l’autre côté s’épargnant ainsi le labeur de voyager par la route qui traverse la montagne. J'ai fait tous les 15 milles à pied et visité 12 ménages. Prêché chez M. Robinson devant 9 personnes en plus des enfants. Rentré à pied chez M. Tate.

1er juin 1861 : après une nuit très inconfortable, M. Tate et moi dormions tête-bêche dans un lit très petit et dur, je suis reparti chez moi. M. Tate s’est assuré que je me rende sain et sauf de l’autre côté du lac, d’où j’ai marché jusque chez M. Begg en [illisible].

8 septembre : Salt Spring Island; célébré l'office chez M. Robinson à 11 h. Il y avait 19 adultes et environ [10?] enfants. Certaines personnes avaient marché 4 milles dans la forêt et d’autres étaient venues d’une autre région par bateau. En après-midi… J’ai prêché chez M. Begg devant 4 hommes blancs et 3 Indiens.

Lundi 9 septembre : parti à 4 h, J Elliot nous a accompagnés et sommes arrivés à Victoria à 5 h 30.

Dimanche 24 novembre 1861 : après un voyage en canot très tumultueux en compagnie de deux Indiens et une halte d’une nuit, Robson arrive « Nous avons enfin trouvé la colonie, mais à [illisible] seulement quelques-unes des personnes s’étaient attendues à ce que je vienne dans une telle température… et avaient fixé à 14 h l’heure de notre office. À ce moment 12 personnes étaient présentes accompagnées de 4 enfants et j’ai prêché avec une [liberté?] considérable. Certains autres sont à Victoria par affaires et par conséquent ne m’attendaient pas car ils n’étaient pas chez eux lorsque le messager est passé. J’ai soupé avec mon ami Robinson et sa femme chez qui j’ai prêché alors que certaines personnes… J’espère que les gens auront bientôt une école en bois rond dans laquelle nous tiendrons nos rencontres.

Lundi 25 nov. : « Après une bonne nuit de repos dans la maison des Robinson j’ai commencé à traverser les montagnes en direction de chez Begg. Nous avons trouvé le bon chemin cette fois et avons retrouvé les biens volés en faisant des recherches assistés des capitaines Nicol et Franklyn. »

Lundi 25 mars 1861 : arrivé à la colonie située au nord vers 18 h. J’ai visité différents foyers pour annoncer aux voisins mon intention de tenir un office dans la soirée. Cela impliquait une marche de près de 4 milles… L’heure fixée est arrivée. Il pleuvait à torrents et il faisait très noir alors il n’y a pas eu d'office, seulement un homme est venu. Les plus graves péchés de cet endroit comme à Nanaimo sont [l’adultère?], l’ivrognerie et le non-respect du repos dominical. Il y a neuf hommes maintenant dans cette colonie. Un grand nombre de colons sont partis vers les mines et ailleurs pour l’été. De ces 9 hommes, 5 commettent l’adultère avec des Indiennes. Certains ont une progéniture issue de telles relations. Un homme a adopté ce comportement [dégradant?] depuis ma dernière visite ici. C’est un jeune homme qui a reçu son éducation au collège [Massey?], en Angleterre, au barreau et qui a passé son examen pour cette même profession. Son père est un vieux méthodiste bien nanti. Son fils, le pauvre homme, est bien engagé sur le chemin de l’enfer. Traversé en une heure. Pour certaines parties du trajet avons dû grimper à quatre pattes et à ces moments-là nous soutenir en nous accrochant à des branches d'arbres. Nous sommes partis de chez M. Begg à 10 h 30, forts vents de face, pagayé fort jusqu’à [Prulict?] Island. Soupé chez un Indien.

20 déc. 1861 Quitté Nanaimo à 8 h avec une légère brise arrivé au débarcadère de M. Stark à Salt Spring Island vers 15 h 30. Il a fallu un souper à [Prulict?] Island pour réchauffer le café que nous avions apporté. Nous avons fabriqué un foyer à côté d’un grand arbre. Mme Stark va [illisible] M. S alors qu’il était parti chasser. Suis allé avec mes Indiens chez M. Copeland ai découvert que lui et sa femme vont [illisible]. Ai passé la nuit chez eux. En soirée la conversation a été intéressante et enrichissante. Lui et sa femme sont originaires de [illisible].

21 déc. 1861, « Laissé un de mes Indiens chez M. Copeland et pris l’autre avec moi pour qu’il porte mes bagages jusque chez M. Robinson où nous sommes arrivés vers 11 h. Ensuite, laissant… l’Indien là je me suis rendu à pied chez M. Tait. M. Naughton [Norton?], M. Innis, M. [Richardson?] et les Linneker ainsi que M. Buckner chez les Richardson établi ses [illegible] qui sont de veilles gens de 80 ans. Ils sont tous deux de bonnes personnes. Membres de l’Église baptiste et originaires de Philadelphie. Mme Richardson est également membre de confession Lamb [Saint?]. Mme Linnecker dit que M. L. et elle-même viendront à chaque [illisible] lorsque [illisible]. »

Dim. 22 déc. : « Me suis rendu chez M. Anderson et suis arrêté voir M. Whims et M. Gordon avant [illisible] pour leur annoncer mon arrivée. La fille aînée de M. Whims est morte il y a environ deux semaines. Mme Anderson est devenue mère d’un autre bébé à peu près à la même période. La moitié de l'assistance habituelle, environ 17 personnes présentes. Déclaré mon intention de former une société dès que je reviendrais. Me suis rendu chez M. Copeland et j’y ai soupé et ensuite suis parti avec M. Stark pour aller chez lui où j’ai logé pour la nuit. J’ai eu une conversation intéressante avec lui en [illisible] avec les conditions qui prévalent dans les états esclavagistes. Sa femme semble progresser dans la religion. Il n’a pas [illisible] autant qu’il aurait pu, cependant il y a de pires hommes que M. S dans l'église.

23 déc. : Parti du débarcadère de M. Stark à 8 h et me suis rendu jusq’à Nanaimo.

Dimanche 2 fév 1862 : fait un sermon devant 11 hommes, une femme et trois enfants et un Indien; M. et Mme Stark, M. Robinson et Br Whims et M. Buckner et M. et Mme Jackson, M. et Mme Richardson, M. Schmidt. Ceux-ci font partie de la classe supérieure de Salt Spring Island. Parti le lundi 3 fév. pour revenir à Nanaimo.

Source: BCA, H/D/R57, R57.3, Ebenezer Robson, "Journal d’Ebenezer Robson," 16 septembre 1861 — 27 mars 1862

Retour à la page principale