Lettre de Peter Redpath à Peter Whiteford Redpath, le 22 juin 1884

Maison du manoir

Chiselhurst, le 22 juin 1884

Mon cher Peter,

Il m’était impossible de savoir la profonde tristesse qui vous afflige sans vous exprimer que mes propres pensées, comme celles de Tante Grace, sont avec vous. J’ai déjà écrit à Maman et à Amy – mais je ne vous avais pas écrit depuis si longtemps que je désirais maintenant écrire une lettre spécialement pour vous. Je sais à quel point la mort de votre cher papa vous attriste. Ce fut un profond chagrin pour moi et pour Tante Grace. Nous l’aimions tous les deux vraiment, vraiment beaucoup.

Je suis certain que vous ferez tout ce que vous pourrez pour consoler Maman; la manière de le faire est de continuer à accomplir toutes vos tâches avec persistance et entrain. Je n’ai aucune raison de douter que vous êtes gentil envers tous ceux qui vous entourent. Je ne présumerai pas du contraire. Et je suis heureux de dire que je crois que vous faites preuve du caractère et du talent nécessaires à vous distinguer au sein de n’importe quelle position d’envergure qui, si vous survivez, est susceptible de s’offrir à vous. Vous êtes l’aîné des fils de votre génération de Redpath, et serez, au fil du temps, considéré comme le principal représentant de la famille. Vous pourrez jouir d’une grande influence, pour le bien, comme pour le mal. Je ne doute pas un moment que vous choisirez le bien. Il est de votre devoir de pleinement cultiver les talents dont vous disposez. Sans des études poussées et une assiduité à la tâche, même les hommes naturellement très intelligents sont incapables de faire grand chose d’eux-mêmes et d’atteindre l’excellence.

Je serai heureux d’apprendre quels livres vous lisez et dans quelle direction vous mènent vos intérêts. Il est improbable que vous ayez déjà beaucoup lu. Je souhaite vous mettre en garde contre une erreur commise par plusieurs. Il s’agit de l’erreur de lire trop, et de lire superficiellement. Je confesse avoir moi-même erré à ce chapitre, et j’ai des raisons d’en regretter les conséquences. Il vaut mieux lire un bon livre en profondeur que d’en lire vingt en diagonale. Si vous êtes intéressé par des études en médecine, Montréal offre quelques établissements. Si vos intérêts reposent plutôt du côté de la littérature, vous devrez faire de votre mieux dans les cours de grec et de latin dispensés à l’école. J’ai souvent regretté de n’avoir pas entretenu mon latin après avoir quitté l’école. Cela aurait toujours été un plaisir et dernièrement, cela m’aurait été d’une grande utilité. Je serai très heureux si vous m’écrivez aussi souvent que vous en trouverez le temps. Vous n’aurez pas à vous plaindre de ne jamais recevoir de réponses.

Tante Grace envoie, avec les miennes, ses salutations chaleureuses.

Votre oncle affectueux,

Peter Redpath

P.W. Redpath

Montréal.

Source: McGill University, Rare Books and Special Collections Division, MS 818 c.2 Redpath Family, File 2.33, Redpath Family Corres, Peter Redpath, Peter Redpath, Lettre de Peter Redpath à Peter Whiteford Redpath, le 22 juin 1884, 22 juin 1884

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