HOMICIDE.

IV. Il n’est pas rare que les épileptiques commettent un homicide. L’épilepsie n’est pas le pareil de la démence. De nombreuses personnes souffrent de crises épileptiques pendant des années, sans que cela ne les empêche de se mêler à la société et d’accomplir les mêmes tâches que les gens sains et responsables. Mais il a été démontré, preuves solides à l’appui, que l’état mental d’un épileptique n’est pas entièrement sain. « Tous les auteurs s’entendent, affirme Baillarger, pour dire que l’épilepsie, avant de mener à l’aliénation totale, altère de façon très significative l’état intellectuel et moral de certains patients. Ces malades deviennent susceptibles et très irritables, et les motifs les plus insignifiants les conduisent souvent à commettre des actes violents : toutes leurs passions acquièrent une énergie extrême. » Un acte d’homicide peut être commis par un épileptique dans un état de folie furieuse, avec hallucinations et délire, qui succède à une crise ou à une série de crises. Il peut également être commis durant la période précédant une crise, période durant laquelle certains patients en particulier présentent un raisonnement et des manières étranges, ou encore au cours de l’état d’inconscience qui constitue la crise en elle-même ou qui lui succède. L’acte violent peut être déclenché, pour ainsi dire, par les convulsions; la crise ne se déroulant pas comme elle l’aurait normalement fait. Le meurtre peut également être commis par des patients dont l’esprit a été affaibli par les crises. En 1869, Bisgrove, un épileptique, fut jugé et trouvé coupable d’homicide, et fut par la suite transféré au Broadmoor Asylum. Il vit un homme qui sommeillait dans un champ et bien que ce dernier lui fût inconnu, Bisgrove se saisit d’une grosse pierre et lui éclata la cervelle. Puis, s’allongeant aux côtés de sa victime, il s’endormit. On peut s’attendre à ce que les épileptiques, de manière générale, posent des gestes de violence soudains et irresponsables, que ces gestes soient intimement liés à une crise, qu’ils se produisent en son lieu, ou qu’ils lui succèdent.

V. Un meurtre peut être commis au cours d’un accès de démence, bref mais furieux, qu’il est possible, en raison de sa durée, de nommer folie passagère. Dans de tels cas, la démence sera identifiable tant qu’elle perdure, mais comme elle s’éteint rapidement, et qu’elle n’a peut-être aucun précédent, il sera difficile, quelques jours après l’évènement, de déceler des signes de défectuosité de l’esprit. De telles crises sont en réalité des accès de folie furieuse. Par la suite, il se peut que le patient n’ait pas conscience des gestes posés, et qu’à ce moment, son expression indique – ou n’indique pas – l’émotion ou le délire qui l’anime. Souvent, le délire se produit chez des patients soudainement tirés du sommeil, et s’apparente à un cauchemar, la continuation, sans doute, de quelque rêve terrifiant. L’acte est souvent commis dans un état de panique plutôt que de rage, et son accomplissement est apte à brutalement ramener le patient à la raison et à lui faire prendre conscience des actes dont il s’est rendu coupable.

Source: Fielding Blandford, "HOMICIDE." (Edinburgh: Oliver and Boyd, 1892), 198-199

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