LA NERVOSITÉ AMÉRICAINE

SES CAUSES ET SES CONSÉQUENCES

[…]Pour ceux débutant l’examen de cette intéressante matière, un aperçu de la philosophie de cet ouvrage peut s’avérer une utile entrée en matière à une étude plus approfondie.

Premièrement. La nervosité est simplement une défaillance ou un manque de force nerveuse. Cet état, à l’instar de l’ensemble des symptômes des maladies qui en sont issues, s’est principalement développé au cours du dix-neuvième siècle, et est particulièrement grave et répandu dans les portions Nord et Est des États-Unis. La nervosité telle qu’on l’entend ici, doit être différenciée de façon stricte et systématique d’une simple surabondance d’émotions ainsi que des maladies organiques.

Deuxièmement. La première et principale cause de ces développements, comme de la fulgurante progression de la nervosité est la civilisation moderne, qui se distingue de l’ancienne par les cinq caractéristiques suivantes : la machine à vapeur, la presse périodique, le télégraphe, les sciences, et l’activité intellectuelle des femmes.

La civilisation est l’un des facteurs permanents en l’absence desquels il y a peu ou pas de cas de nervosité, et dont la version moderne cause inévitablement l’éruption de la nervosité sous toutes ses formes. Parmi les causes secondaires et tertiaires de la nervosité mentionnons le climat, les institutions – civiles, politiques et religieuses, ainsi que sociales et commerciales – les habitudes personnelles, et le laisser-aller vis-à-vis des désirs et des passions.

Troisièmement. Ces causes secondaires et tertiaires ne sauraient d’elles-mêmes causer la nervosité, elles ne mèneront à cette conséquence que lorsqu’elles s’ajoutent et s’entremêlent aux formes modernes de la civilisation.

Quatrièmement. Le signe et type de désordres nerveux fonctionnels issus de cette sensibilité nerveuse générale est la neurasthénie (épuisement nerveux), qui est fréquemment et étroitement liée avec des troubles nerveux tels certaines formes d’hystérie, le rhume des foins, la migraine, l’ébriété, ainsi que certains stades de démence; elle est, en effet, une source possible de ces troubles durant les stades précoce ou plus avancé de la croissance.

Cinquièmement. La prévalence plus importante de la nervosité en Amérique est le résultat complexe de nombreux facteurs, dont les principaux sont la sécheresse de l’air, les extrêmes de chaud et de froid, les libertés civiles et religieuses, ainsi qu’une grande activité intellectuelle que de telles conditions climatiques, dans ce jeune et productif pays, rendent possible et nécessaire.

Source: George M. Beard, La nervosité américaine: ses causes et ses conséquences (New York: G.P. Putnam’s Sons, 1881), vi

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