LA LOYAUTÉ DE REMINGTON

La réhabilitation longtemps attendue d’un homme démis à tort de ses fonctions donne un nouvel éclairage à la chasse aux sorcières de Washington

par James A. Wechsler

L’AFFAIRE William Walter Remington est officiellement fermée. Sept mois après avoir été suspendu de son poste au ministère du Commerce sur le témoignage non corroboré et non documenté d’Elizabeth T. Bentley, Remington a été disculpé par le Conseil de révision fédéral de loyauté. Il est retourné au travail, il recevra les arrérages de salaire pour un automne et un hiver passés en exil; il portera plainte en ayant de fortes chances de gagner. Voilà une fin relativement heureuse à une lamentable histoire.

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Pourtant, en 24 heures, des signes inquiétants sont apparus alertant Remington qu’il vivait toujours un mauvais rêve. Plusieurs sénateurs ont rapidement fait appel de cette décision. Anticipant le tollé, les fonctionnaires du ministère du Commerce ont décidé que Remington ne devrait pas retourner dans son ancien département où sont traitées les licences d'exportation pour la Russie et les pays satellites; il s'occupera donc dorénavant des importations. Remington a accepté le changement sans rouspéter. Il est possible qu'il ait préféré ne plus occuper un poste où ses mots et ses gestes seraient scrutés à chaque instant. Néanmoins, la question reste : « Combien de fois un homme doit-il être déclaré innocent avant d’être réadmis dans une société qui l’a ostracisé? » En fait, Remington est dans la même position que celle d’un homme qui a été emprisonné par erreur pendant sept mois. Une démocratie essaie généralement de s’excuser auprès de la victime et de la dédommager pour le préjudice subi.

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Source: James A. Wechsler, "L'affaire de la loyauté de Remington," The New Republic, 28 février 1949

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