UN FANTÔME HANTE LE COMMISSAIRE WOOD:

Le CLARION

Organe du Parti communiste du Canada pour la circonscription d’Ottawa
Prix : cinq cents Vol. 1 no 14 25 février 1941

Le commissaire S. T. Wood de la GRC a récemment été victime de critiques et a laissé sa fureur s’exprimer dans le Canadian Spokesman. Après quelques mots d’introduction sur le besoin d’arrêter les activités des agents nazis et fascistes au Canada (qui, incidemment, n’avaient jamais été inquiétés par les autorités policières avant que la guerre ne soit déclarée), le Commissaire a révélé la vraie raison de son article en annonçant que son ennemi PRINCIPAL était le Parti communiste du Canada. La répression des communistes, se plaint Wood avec amertume, est compliquée parce que « les Rouges sont protégés par leur citoyenneté et que leur maître, qui est étranger, n’est pas un ennemi officiel ». En d’autres mots, les communistes canadiens sont des Canadiens, mais la GRC invaliderait cette situation si seulement le Canada pouvait déclarer la guerre à l’Union soviétique. Un beau sentiment, Commissaire.

Nous savons ce qui inquiète le commissaire Wood. Malgré le travail de ses limiers, la GRC n’a pas réussi à arrêter le Parti communiste de dévoiler la vérité sur la guerre aux Canadiens par le biais de la presse, de la radio et des tracts clandestins. Et à Ottawa, la capitale nationale, le Clarion, journal illégal, est publié régulièrement avec une large diffusion, ce qui crée de nombreux maux de tête au Commissaire. Au cours des deux dernières semaines, Commissaire, vous avez reçu des lettres de Vancouver, Winnipeg, Windsor, Toronto, London et Kingston qui vous informaient que le Ottawa Clarion est toujours publié, malgré votre déclaration officielle affirmant que « la GRC n’a aucune raison de croire qu’un journal communiste soit imprimé à Ottawa, mais elle recherche activement l’endroit où il est imprimé ». Un certain M. Clark de Windsor s’est montré assez sarcastique à ce propos, n'est-ce pas, Commissaire? (Qu’est-ce? Comment le savons-nous? Voyons, Commissaire, c’est très simple : nous lisons votre courrier. La volte-face est de bonne guerre, vous savez.)

Oui, Commissaire, vous êtes nerveux. Mais le changement récent à l’Escouade rouge d’Ottawa ne vous sera d'aucun secours. Nous connaissons le nouvel inspecteur arrivé de l’Ouest depuis belle lurette. Pourquoi avez-vous rétrogradé le sergent de l’escouade locale simplement parce qu’il n’a pu trouver l’imprimerie du Clarion? Vos employés auraient besoin d’un syndicat pour protéger leurs emplois.

« Il y en aura plusieurs qui seront surpris d’apprendre que ce ne sont pas les nazis ou les fascistes, mais les radicaux qui constituent notre problème le plus difficile à résoudre », avez-vous écrit dans le Spokesman. Il ne fait aucun doute que « la population crédule » (comme vous qualifiez de façon méprisante la population canadienne) sera surprise. La plupart pensaient que la guerre était contre les nazis et les fascistes. Mais pas vous, Commissaire, pas vous. Certains de vos meilleurs amis sont fascistes!

« Quelques parlementaires, qui semblent sincères, mais qui de toute évidence sont mal informés ou qui ne s’intéressent pas aux faits, encouragent les éléments subversifs en attaquant les Règlements concernant la défense du Canada », avez-vous écrit. Lapointe a dû se lever au parlement et s’excuser pour votre faute stupide – et dites-nous, Commissaire, on vous a frotté les oreilles en privé après votre sortie? Nous aurions plus de respect pour vous si vous disiez tout haut ce que vous pensez tout bas : « C’en est assez de la démocratie! Donnez-moi une substantielle force policière et je ferai un aussi bon travail au Canada que Himmler et la Gestapo ont accompli en Allemagne. Qu’est-ce que Hitler et Himmler peuvent bien avoir que je n’ai pas? »

Ne regardez pas maintenant, Commissaire, mais vous êtes tout Rouge!

Source: No author, "Un fantôme hante le commissaire Wood!," The Clarion, 25 février 1941

Retour à la page principale