Le Commissaire Ogilvie appuie Henderson

[ Sam Steele, the

Sam Steele, the "Lion of the North", na, 1898, author's collection

Bureau du Commissaire, Dawson (Yn), 26 mars 1901.

Lettre : 401556

Dossier : 2348

[Écrit à la main] 60386

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L’honorable ministre de l’Intérieur, Ottawa (Ontario).

Monsieur,-

J’ai l’honneur de soumettre à votre examen bienveillant une demande formulée par Robert Henderson pour l’obtention de certaines concessions situées sur des réserves gouvernementales en contrepartie de la découverte d’or qu’il a faite dans les districts des rivières Klondike et Indian. Je vous ai déjà exposé quelques faits en lien avec la requête de cet homme, mais je vais maintenant récapituler brièvement les faits liés à cette affaire comme je les comprends et comme je crois qu’ils sont arrivés.

Tôt à l’été de 1896, Robert Henderson, Frank Swanson et un homme du nom de Munson ont remonté la rivière Indian en prospectant en chemin; et à la source de ce qui est maintenant connu sous le nom de ruisseau Quartz, je crois, ils ont traversé pour se rendre à un autre ruisseau, un affluent de la Klondike qui a d’abord été connu sous le nom de Gold Bottom, mais qui a depuis été renommé ruisseau Hunker. Henderson a travaillé là-bas plusieurs semaines, trouvant un filon qu’il considérait assez payant, mais il continuait de prospecter dans l’espoir de trouver mieux. Il savait qu’il devait enregistrer dans les soixante jours suivant le jalonnement, mais il n’a pas jalonné à cause des espoirs qu’il entretenait et que j’ai mentionnés plus tôt. Les provisions étant épuisées, il a été délégué par les deux autres pour retourner au poste de Sixty-mile et rapporter de nouvelles denrées. Mais là-bas, il n’y avait rien; alors il

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a dû se rendre dans la ville de Forty-mile à quelque 105 milles plus loin en aval de la rivière. En chemin, il a rencontré George Carmack à l’embouchure de la Klondike; et comme un article du code tacite des mineurs stipule que tous les mineurs doivent annoncer leurs découvertes à leurs camarades mineurs qu’ils rencontrent et que Henderson savait que Carmack était un mineur, il lui a raconté la découverte qu’il avait faite sur le ruisseau affluent de la Klondike et lui a recommandé de s’y rendre et de tenter sa chance. Carmack et son beau-frère, connu sous le nom de Skookum Jim, et un cousin de Jim connu sous le nom de Charlie le Tagish, s’y sont rendus sur les indications de Henderson en suivant un sentier indien à partir du confluent de la rivière Klondike et du fleuve Yukon jusqu’à un point sur le ruisseau Bonanza situé bien en amont de son embouchure, donc à un ou deux milles du ruisseau Eldorado, puis ils ont emprunté la crête entre les ruisseaux Eldorado et Bonanza et l’ont suivie jusqu’à ce qu’ils atteignent la source du ruisseau qu’ils croyaient être celui que leur avait décrit Henderson. Ils ont donc poursuivi leur chemin en descendant ce ruisseau jusqu’à ce qu’ils atteignent l’endroit où Swanson et Munson travaillaient et, après avoir prospecté pendant un certain temps, Carmack a déclaré que le sol n’était pas assez riche pour lui et a décidé de s’en retourner, mais il a emprunté un chemin différent en descendant le ruisseau Bonanza à partir de sa source tout en prospectant en chemin, jusqu’à ce qu’il arrive à la concession de la découverte où il a lavé une quantité suffisante d’or en assez peu de temps pour le convaincre de jalonner la Découverte et la No 1 en aval pour lui-même;

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[illisible] a pu, il s’est rendu à Forty-mile et a annoncé sa découverte. Cela a déclenché une ruée, et un homme du nom de Hunker et quelques autres se sont rendus près de l’endroit où Henderson prospectait, ont jalonné des concessions et sont repartis immédiatement pour les enregistrer. Hunker s’est ainsi assuré deux concessions sur le ruisseau qui porte son nom mais qui était auparavant appelé Gold Bottom, c’est-à-dire la concession de Découverte et une autre.

En conformité avec un article du code tacite des mineurs, que j’ai mentionné plus tôt, Hunker a immédiatement informé Henderson de sa découverte d’un sol riche là où il avait prospecté. Mais Carmack, contrairement à sa promesse, comme le prétend Henderson, ne l’a jamais averti de quelque façon que ce soit de sa découverte sur Bonanza, il n’a donc jamais pu profiter de cette occasion, même si c’est lui qui avait fourni les renseignements menant Carmack à cette découverte.

Lorsque Henderson est arrivé au bureau du registraire à Forty-mile, il a découvert que Hunker avait enregistré la concession de Découverte sur le ruisseau, et l’agent n’a pas semblé enclin, selon Henderson, d’accepter sa concession en tant que découverte distincte, même s’il travaillait sur ce ruisseau depuis plusieurs mois avant l’arrivée de Hunker.

À cause de sa propre négligence et de la manière dont s’est comporté l’agent à son égard, Henderson n’a pas réussi à obtenir quelque chose de comparable à ce qu’il considérait être sa

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découverte sur les ruisseaux Bonanza et Eldorado tant qu’ils n’ont pas été jalonnés.

Or, je ne veux pas dire que Henderson est blanc comme neige dans cette affaire ni qu’il a été traité trop sévèrement, mais que je crois qu’on aurait pu adopter un comportement plus sympathique à son égard, et je fais cette remarque en me basant sur les conversations que j’ai eues avec l’agent qui était alors en poste à Forty-mile et Henderson lui-même.

Un fait ressort cependant plus que les autres : il a été le premier homme blanc à prospecter de manière approfondie et méthodique les eaux des rivières Indian et Klondike; et également le fait qu’il n’a personnellement profité d’aucune façon de cette prospection. Je voudrais donc que vous procédiez à un examen bienveillant de sa demande et donniez l’ordre au Commissaire de l’or de lui remettre l’équivalent d’une concession d’environ 500 pieds à laquelle il aurait dû avoir droit sur le ruisseau Hunker, et qu’il aurait probablement obtenue sur le ruisseau Bonanza si Carmack avait tenu la promesse qu’il lui avait faite. Je crois qu’un tel acte serait une noble façon de reconnaître que la découverte d’or dans cette région a été faite par un Canadien, bien que je doive dire que sa famille réside maintenant aux États-Unis. J’ignore pour le moment si Robert Henderson est un citoyen américain ou non.

Mis à part toutes ces considérations, dont j’ai déjà parlé,

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le travail de cet homme a permis de bien faire connaître au monde entier la richesse de cette région.

En espérant que vous trouverez le moyen d’examiner cette demande avec la plus grande bienveillance,

Je demeure, Monsieur,

Votre dévoué serviteur,

William Ogilive (signature)

Commissaire.

Source: National Archives of Canada, RG 85, vol. 2158, file 23613, William Ogilvie, Le Commissaire Ogilvie appuie Henderson , 26 mars 1901

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