Extraits du livre "The Yukon Territory: Extracts from the Report of an Exploration Made in 1896-97"

J’ai l’immense honneur de pouvoir vous informer qu’une découverte de la plus haute importance a été réalisée sur un ruisseau appelé Bonanza, un affluent de la rivière connue ici sous le nom de Klondyke. Sur les cartes actuelles, elle porte le nom de rivière Deer et rejoint le fleuve Yukon quelques milles en amont de Fort Reliance.

La découverte a été faite par G. W. Cormack [sic], qui travaillait avec moi en 1887 sur la chaîne côtière. Il semblerait que le filon soit très riche, le plus riche jamais découvert en fait, et jusqu’ici, les résultats ont été à la hauteur des attentes. Seulement deux semaines se sont écoulées depuis l’annonce de la découverte et déjà environ 200 concessions ont été jalonnées, et le ruisseau n’est toujours pas épuisé; on considère pouvoir délimiter 300 ou 400 concessions sur le ruisseau même et sur ses affluents. Par ailleurs, il y a deux autres ruisseaux en amont de celui-ci dont on a bon espoir qu’ils seront payants; et si c’est en effet le cas, nous aurons de 800 à 1000 concessions sur cette rivière, qui nécessiteront plus de 2000 hommes pour les exploiter comme il se doit. Entre la rivière Deer (ou Klondyke) et la rivière Stewart, un large ruisseau appelé le ruisseau Indian se jette dans le Yukon et de riches prospects y ont été découverts, et il est évident qu’il se situe dans la région aurifère entre les rivières Klondyke et Stewart, que tous les mineurs d’expérience considèrent comme étant la meilleure et la plus vaste région aurifère jamais découverte. Des dizaines d’entre eux s’y seraient rendus pour prospecter s’ils avaient pu s’approvisionner là-haut et c’est trop loin d’ici pour les rattraper à bord de petits bateaux.

Cette nouvelle découverte nécessitera une plus vaste exploration du Yukon et aidera la région de la rivière Stewart.

Une nouvelle vient tout juste de nous parvenir du ruisseau Bonanza à l’effet que l’autre jour, trois hommes ont récolté 75 $ en quatre heures et ont trouvé une pépite de 12 $, ce qui confirme le caractère du sol, à savoir qu’on y trouve de l’or grossier, et en quantité, puisqu’à trois occasions, seuls des sluices ont été nécessaires. Vous pouvez imaginer la fébrilité qui règne ici. On estime que chaque jour de 100 $ à 500 $ peuvent être tirés du sol qui a été prospecté jusqu’à maintenant. Comme nous avons environ 100 concessions sur Glacier et Miller, en plus des 300 ou 400 à proximité, il est impératif qu’un homme soit dépêché ici l’an prochain pour surveiller ces concessions et toutes les questions foncières et il est presque impératif que cet agent soit un arpenteur. Déjà, sur le ruisseau Bonanza, les prospecteurs contestent la dimension des concessions.

Le voyage a été effectué et je n’hésiterais pas à l’entreprendre si les choses étaient plus raisonnables ici et s’il y avait assez de nourriture pour les chiens, mais j’aurais besoin d’au moins 1000 $ pour nous équiper en matière de transport et de matériel, somme que je juge être davantage profitable au pays si je reste ici à faire l'arpentage du Klondyke des mineurs – une prononciation erronée du ou des termes indiens « Thron-dak » ou « duick », qui signifie abondance de poissons, puisqu’il s’agit d’un ruisseau très riche en saumon. Il porte le nom de Tondak sur nos cartes. Il rejoint le Yukon par l’est – quelques milles au-dessus de l’emplacement de Fort Reliance – à environ cinquante milles plus haut qu’ici. Comme je l’ai déjà mentionné, de riches placers d’or ont été découverts sur les affluents de ce ruisseau. Nous devons cette découverte, à mon avis, aux renseignements fournis par les Indiens. Un Blanc dénommé G. W. Cormack, qui a travaillé avec moi en 1887, a été le premier à tirer avantage des rumeurs et à délimiter une concession sur le premier affluent du Klondike que les mineurs ont baptisé ruisseau Bonanza. Cormack a fait la découverte vers la fin d’août, mais a dû abattre des arbres pour le moulin local afin de se procurer quelques livres de provisions pour pouvoir commencer à exploiter sa concession. N’ayant absolument rien pêché dans la Klondyke, il est revenu avec assez de provisions pour que lui-même, sa femme et ses beaux-frères (indiens) puissent survivre pendant quelques semaines, et pour un autre Indien, pendant les derniers jours d’août, puis il a immédiatement commencé à exploiter sa concession. Comme il n’avait que très peu de moyens, il n’a pu qu’improviser un appareil plutôt rudimentaire pour laver le gravier. Il devait charrier le gravier dans une boîte sur son dos sur une distance de trente à cent pieds; malgré cela, les trois hommes, travaillant avec très peu de régularité, ont lavé une valeur de 1200 $ en huit jours et Cormack a affirmé avec raison que s’il avait disposé des installations appropriées, deux jours auraient suffi, sans compter qu’il aurait eu plusieurs centaines de dollars d’or de plus s’il ne les avait perdus dans les rejets à cause de l’appareil défectueux.

Sur le même ruisseau, deux hommes ont tiré 75 $ en quatre heures environ, et on affirme que deux hommes ont lavé 4008 $ dans ce même ruisseau en deux jours avec seulement deux longueurs de sluices. Ceci reste à vérifier, mais M. Ledue m’assure qu’il a pesé cette quantité d’or pour eux, mais il ne peut affirmer où ils l’ont trouvé. C’étaient de nouveaux arrivants et ils n’avaient pas fait grand argent dans le pays, alors ils l’ont probablement trouvé au ruisseau Bonanza. Un affluent de Bonanza appelé Eldorado s’est révélé être un excellent prospect, et un autre affluent appelé ruisseau Tilly a été un bon prospect; en tout, il y a quelque quatre ou cinq affluents du ruisseau Bonanza qui ont donné un bon rendement. Il y a environ 170 concessions jalonnées sur le ruisseau principal et les affluents sont bons pour presque autant, ce qui s’élève en tout à disons 350 concessions, qui nécessiteront plus de 1000 hommes pour les exploiter correctement.

Quelques milles plus loin, le ruisseau Bear se déverse dans le Klondyke, et il a été prospecté et jalonné. Comparé avec Bonanza il est petit et ne pourra compter plus de vingt ou trente concessions, à ce que l’on en dit. Environ douze milles en amont de l’embouchure, le « ruisseau Gold Bottom » se jette dans le Klondyke, et sur celui-ci et sur un affluent nommé ruisseau Hunker, en l’honneur du découvreur, un sol très riche a été découvert. Un homme m’a montré les 22,75 $ qu’il a retirés en quelques heures du ruisseau Hunker avec une batée, prospectant sa concession en surface, prenant une poignée ici et là au gré de sa fantaisie. Sur le « ruisseau Gold Bottom » et ses affluents, il y aura probablement deux ou trois cents concessions. Les Indiens ont parlé d’un autre ruisseau situé beaucoup plus haut, qu’ils appellent le « ruisseau où il y a trop d’or », où l’or y est si abondant que, comme le disent les mineurs pour rire, « il faut le mélanger au gravier pour le passer au sluice ». Jusqu’ici, on n’a rien entendu de précis au sujet de ce ruisseau.

À la lumière de tout ceci, nous devrions, je pense, déduire que nous sommes en présence d’un district qui donnera 1000 concessions de 500 pieds de long chacune. Seulement, il faudra au moins 3000 hommes pour exploiter correctement ces quelque 1000 concessions et comme les salaires de ces mineurs, non nourris, varient entre huit et dix dollars par jour, nous avons toutes les raisons de croire que cette partie de notre territoire comptera au moins 10 000 âmes d’ici un an ou deux. Quant à la côte, on y attend un flot sans précédent le printemps prochain. Et ce n’est pas tout, car un large ruisseau appelé le ruisseau Indien se jette dans le Yukon environ à mi-chemin entre les rivières Klondyke et Stewart, et tout le long de ce ruisseau, on a trouvé un filon payant. Tout ce qui a empêché son exploitation jusqu’à présent a été la rareté des provisions et la difficulté de les apporter là-haut, même à partir d’ici. Le ruisseau Indien est un assez large ruisseau et il est probable qu’il compte cinq ou six cents concessions. Encore plus au sud se trouvent les têtes de plusieurs affluents de la rivière Stewart, sur laquelle on a fait un peu de prospection cet été, et de bons indices ont été trouvés, mais le manque de provisions a empêché l’exploitation. Aussi, de l’or a été découvert dans plusieurs ruisseaux se jetant dans la rivière Pelly, ainsi que tout le long de la Hootalinqua. En lien avec ces découvertes, plus loin au sud se trouve le district aurifère de Cassiar en Colombie-Britannique; nous présumons donc qu’il y a sur notre territoire, le long du bassin fluvial de l’est du Yukon, une ceinture à potentiel aurifère d’une largeur indéterminée et qui s’étend vers le haut sur 300 milles de long, à l’exclusion de la partie appartenant à la Colombie-Britannique. Dans la partie ouest du Yukon, on a prospecté sur un ruisseau situé un peu au-dessus de Selkirk avec succès, et sur un large ruisseau à quelque trente ou quarante milles au-dessous de Selkirk, de bons prospects ont été découverts, mais comme on l’a mentionné plus tôt, la difficulté d’approvisionnement empêche de pousser plus avant la prospection.

Source: William Ogilvie, Extraits du livre The Yukon Territory: Report of an Exploration Made in 1896-97 (London: Downey & Company , 1898), 402-6

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