La découverte racontée par Patsy Henderson

Patsy Henderson, un neveu de Skookum Jim, a été le seul membre du groupe de découvreurs (même s’il était de retour au campement au moment de la découverte) à enregistrer l’histoire de la découverte sur ruban. Henderson a aussi travaillé avec l’anthropologue McClellan et enregistré une version de sa rencontre avec la Dame Richesse, un aspect de l’histoire de la ruée vers l’or qu’il « n’aborde jamais » lors de ses conférences publiques adressées aux Blancs (McClellan 1963 : 122-123).

Dans l’entrevue accordée à la radio de la CBC, on présente Patsy « Comme un garçon... [qui] a participé à la découverte d’or sur le ruisseau Bonanza, dans le Territoire du Yukon, le 17 août 1896, aux côtés de George Carmack, le découvreur ». Le récit lui-même est très détaillé et situe clairement les personnages principaux de la découverte et de la ruée vers l’or.

Bien avant 1898, bien avant 1898, quatre ans avant 1898 et George Carmack il arrive de l’extérieur et ce col, le col Chilcoot, c’est par là qu’il arrive, George Carmack. Quand il arrive dans le coin au milieu des Indiens tagish, que le village des Indiens des premiers jours, il y a bien longtemps, Tagish beaucoup d’Indiens là et George, il arrive de l’extérieur, George Carmack, quand il arrive là George Carmack, il habite avec les Indiens avant 1898 quatre ans il habite dans ce coin-là avec les Indiens. Mais la première année George Carmack, il comprend pas comment les Indiens vivent. Bientôt, la première année qu’il vit avec les Indiens, George Carmack, il sait comment les Indiens vivent ce temps-là. Ce temps-là, on travaille pour personne, on travaille nous-mêmes, mais George comme eux, il travaille pour personne et personne lui dit quoi faire, lui décide quoi faire, il aime ça. Il marie la sœur de Skookum Jim, ma tante, la sœur de Skookum Jim, c’est ma tante, elle marie George Carmack. Eh bien il reste quatre ans dans le coin avec les Indiens et après un bout de temps il descend la rivière, à partir de Tagish, il descend la rivière. Quand il part d’ici il nous dit « Je vais descendre la rivière. Si j’aime pas ça plus bas sur la rivière, je vais revenir l’été prochain » et il nous dit ça comme ça quand il part. Lui et sa femme descendent la rivière. Quand il descend la rivière il est deux ans sans revenir, on n’a pas de façon d’avoir de ses nouvelles. À ce moment, avant 1898 dans ce pays, pas beaucoup de gens voyagent. Des fois par été chaud, deux ou trois ou quatre personnes remontent la rivière et repartent à l’extérieur et on les voit plus. Des fois, on voit quelqu’un remonter la rivière et on demande « Vous avoir vu George Carmack quelque part plus bas sur la rivière? Non. ». Ils connaissent pas George Carmack, personne sait. Eh bien il nous manque George Carmack, il nous manque, alors on part d’ici, de Tagish, on descend la rivière, chercher George. On cherche pas d’or. On connait pas l’or dans ce temps-là. On part d’ici, on descend la rivière chercher George — Skookum Jim, Dawson Charlie et moi, nous trois, on descend à partir de Tagish, chercher George plus bas sur la rivière. Je pense qu’on est partis le 1[[superscript]]er[[/]] juillet de Tagish. On descend lentement, pas de moteur dans ce temps-là. Alors on rame, on rame jusqu’au bout. Les deux personnes, les deux vieilles personnes, elles sont assises dans le bateau, moi je rame tout le long cinq cent cinquante milles d’ici à Dawson, et je rame aussi loin que ça, rame, rame jusqu’en bas. Puis on part de Tagish, on traverse le canyon dans un bateau, rame, rame, le bateau presque à moitié plein d’eau quand on traverse le canyon dans le bateau à rames et on accoste de l’autre côté, de l’autre côté on accoste là, fait un feu, on se sèche. Quand on accoste là je viens de ce côté, chasse le lapin dans le coin. Pas d’homme blanc ici, personne, juste nous. Alors j’attrape cinq lapins, je tire cinq lapins dans le coin, alors je l’apporte à la maison pour souper. On part d’ici jusqu’en bas. On voit pas d’homme blanc, mais on voit d’autres Indiens, à quelques places après le lac Lebarge, un bon bout en bas de la rivière, on voit des Indiens. Pas encore d’homme blanc, on voit pas encore d’homme blanc, jusqu’au bout. Eh bien on descend la Klondike, et beaucoup campent là, les Indiens sont des Indiens Dawson. Ils accostent là tout le temps ces Indiens, Indiens Dawson, langage différent. On comprend pas, on doit parler l’anglais pour qu’ils nous comprennent. George vit là avec les Indiens, pas d’homme blanc à côté de lui, juste lui tout seul, George Carmack, il aime ça comme ça. Eh bien on dit à George, « On est descendus te chercher » et George dit « très dommage pour vous d’avoir parcouru un long chemin pour me chercher ». Quand je lui dis, il répond qu’on peut pas repartir maintenant, pas avant l’hiver. Quand la rivière gèle, on essaie de repartir par là avec un attelage de chiens, il nous dit de faire comme ça, George Carmack. D’accord, alors on reste là, alors on construit un piège à poisson et on l’installe sur la rivière Klondike et on fait sécher du poisson pour nos chiens pour l’hiver. Eh bien après un moment il nous dit, George Carmack : « Avant que vous descendiez ici il y a des mois, un homme remontait la rivière, cet homme il m’a dit qu’il avait trouvé de l’or l’automne passé, plus loin là-bas. Le nom de cet homme c’est Bob Henderson, c’est un homme blanc ». On comprend pas, mais George oui, mais George il nous dit vous savez? George Carmack et Skookum Jim, Dawson Charlie et Bob Henderson et moi, les premiers au Klondike, on trouve l’or, nous cinq, mais ils sont tous morts, tous morts sauf moi. Dans ce temps-là, quand on trouve le Klondike et l’or je suis juste un enfant, dans ce temps-là. Je suis un vieil homme maintenant. Moi juste enfant dans ce temps-là. Eh bien George il nous dit : « Cet homme il est parti par là il y a des mois, Bob Henderson. Partons à sa recherche, peut-être qu’il a trouvé beaucoup d’or », il nous dit comme ça, George Carmack. D’accord, alors on part à sa recherche, alors il y a Skookum Jim et Dawson Charlie et George Carmack, les trois partent à la recherche de Bob Henderson, mais je reste à la maison au campement sur la Klondike. Je reste à la maison, je m’occupe du piège à poisson, je m’occupe des chiens, je reste à la maison. Quand les trois hommes partent chercher Bob Henderson, même jour ils partent même jour pour trouver de l’or, et Dawson Charlie, c’est lui qui trouve en premier de l’or dans le ruisseau Bonanza, dans le ruisseau Bonanza. Pas encore ruisseau Bonanza, va être ruisseau Bonanza très bientôt. Quand ils partent du campement, le premier or qu’ils trouvent à huit milles du campement dans le Bonanza. Pépite de dix cents, ils la trouvent, Charlie, le premier à la trouver, pépite de dix cents dans le Bonanza. Eh bien en même temps ils cherchent, ils vont en même temps chercher de l’or. Ils ont des batées, ils ont des pelles aussi, et trois hommes. Ils remontent le ruisseau, chaque fois qu’ils essaient à une place ils voient de l’or, mais ils cherchent bonne place, ils cherchent place riche, personne s’inquiète, mais [?] moitié amont du ruisseau, va devenir Eldorado, pas encore Eldorado, va devenir Eldorado, mais les trois hommes ils remontent ce ruisseau. En premier quand ils remontent ce ruisseau et ils ne voient pas d’or, pas d’or sur le dessus, non, mais beaucoup d’or dans ce ruisseau aussi, dans le Bonanza. Quand ils remontent ce ruisseau, pas d’or, c’est le ruisseau le plus riche, Eldorado, le ruisseau le plus riche, mais pas d’or sur le dessus. Avant que les autres viennent, j’y vais plusieurs fois et je prospecte, pour le plaisir, mais je vois pas d’or, mais beaucoup d’or dans celui-là, c’est bon. Alors les trois hommes, ils remontent ce ruisseau, ils cherchent Bob Henderson. Ils trouvent Bob Henderson sur le chemin du retour, loin sur un ruisseau, ruisseau Hunker, je sais pas où, Gold Bottom. Je sais pas où ils le trouvent, Bob Henderson. Le ruisseau de Bob Henderson est bon, et il prospecte autour et il trouve un peu d’or. Il restait là, Bob Henderson il est seul, il a de l’or aussi, il prospecte autour. Alors là trois hommes, les trois hommes, George Carmack, Skookum Jim et Charlie, ils sont restés là au campement de Bob Henderson une nuit. Lendemain matin, ils retournent, les trois, ils s’en retournent, mais un ruisseau différent, ils remontent ce ruisseau en premier, quand ils repartent, mais ruisseau différent et ils voient encore de l’or quand ils repartent, mais ruisseau différent et ils voient encore de l’or quand ils repartent, les trois, mais ils cherchent une bonne place, ils cherchent une place riche, personne dérange, alors ils prennent le temps. Eh bien ils descendent mais ils sont déjà venus ici, ils remontent les chutes Russell, ils cuisinent ici, puis ils partent, pour cuisiner comme ça ils sont passés par ici quand ils remontaient, mais ils reviennent, encore, au même endroit, les trois hommes. Ils trouvent encore rien de bon, ils trouvent pas encore de bonne place, mais un quart de mille plus bas que la chute, un quart de mille plus loin ils se reposent les trois sur le dessus de la berge. Quand ils se reposent un homme descend au ruisseau, boit de l’eau. Skookum Jim, c’est lui, descendu au ruisseau pour boire de l’eau. Quand il prend de l’eau pour boire, il voit de l’or sur la roche, sur la roche. Il finit de boire et il appelle George. « George! Descend ici, apporte batée et pelle, on va essayer ici » qu’il dit, Jim, alors George descend au ruisseau et quand il descend au ruisseau il lui dit « Regarde ici, George, comme de l’or ici, tu vois cette roche-là? » « Bien, dit George, c’est de l’or », et il met la batée là et il met du gravier dans la batée et il lave lui. Première batée et bonne batée. Bon or grossier et il essaie un peu plus bas. Beaucoup d’or et il essaie beaucoup plus haut, beaucoup d’or. Alors George dit « Je crois qu’on a une bonne place ici, on va jalonner une concession ». Alors ils jalonnent une concession les trois hommes, sur le ruisseau Bonanza, le 17 août, ils jalonnent une concession. Ils donnent un nom au ruisseau aussi, le ruisseau sur le Bonanza. Eh bien il a 5 $ d’or, bon or, bon or grossier. George dit « Cet or c’est pas du toc, c’est du bon or » qu’il dit, alors ils jalonnent une concession les trois hommes sur le Bonanza, mais je jalonne pas la concession. Je suis trop jeune, mais j’étais au campement, je suis trop jeune, je peux pas jalonner de concession. Eh bien ils reviennent sur la Klondike les trois hommes, quand ils reviennent ils ont de l’or. George il a une balance pour l’or, il le pèse, l’or vaut 5 $ qu’il dit, c’est 0,50 $ la livre d’or il dit, riche, qu’il dit. Quand je vois l’or au début comme si c’était pas important, je comprends pas l’or. Pas cette fois, j’aime voir l’or tout le temps, je revois jamais l’or, oui. Alors George dit « Allons à Forty Mile », Forty Mile mais avant 1898 et un camp minier là, petit par exemple, pas petit du tout par exemple. « Allons à Forty Mile, allons enregistrer une concession. » Il nous dit comme ça le bureau d’enregistrement là Forty Mile. Eh bien on y va, rame, un bateau, nous quatre on y va. Alors on va enregistrer une concession et on arrive à Forty Mile. George Carmack il dit à tous ses amis vous savez, on a trouvé de l’or, du bon or. Des gens partent pas, non, juste quelques personnes partent, peut-être dix peut-être quatre ou cinq personnes partent quand on retourne, vous savez.

Eh bien quand on retourne, quand on passe par la Klondike, notre vieux campement, on déménage le campement au ruisseau on va trouver notre richesse ou pas, on va travailler pendant un bout de temps. Eh bien on commence à déménager le campement au ruisseau. Quand on arrive là on construit un sluice, mais sluice de dix pieds, on le construit et on arrête l’eau, on travaille là. La fois où on a commencé à travailler était le 1[[superscript]]er[[/]] septembre, le temps de trois semaines on travaille là et le temps de trois semaines on sort les pépites d’or. On a trouvé l’or en août aussi, mais on devait aller à Forty Mile et revenir, on a pris tout août, on fait rien, mais on a commencé le travail le 1[[superscript]]er[[/]] septembre et on a travaillé là, sluice de 10 pieds, on a travaillé là. Trois semaines on a travaillé là et pendant trois semaines on sort de l’or pas dans le fond rocheux sur le côté, le ruisseau, le côté du ruisseau, on fait couler l’eau toute la journée, on travaille chacun de notre côté sur la roche. Trois semaines de temps on sort 1440 $ en or, trois semaines de temps, mais la moitié de l’or on le perd, le sluice trop court, on se dépêche, dans ce temps-là, septembre, Klondike froide, elle neige, très froide. « Il faut qu’on arrête, George dit, je pense qu’on en a assez pour manger, 1440 $ on en a assez pour manger ». Alors on retourne encore à Forty Mile pour nourriture pour nourriture d’hiver. On prend deux bateaux deux bateaux à rames, on va ramener beaucoup de nourriture, alors on retourne à Forty Mile encore la deuxième fois, à Forty Mile encore. On apporte cet or au N.C. il y a un magasin là à Forty Mile. On a amené l’or au magasin N.C. On vend tout cet or au magasin N.C. On dit on sort cet or en trois semaines, c’est là que la ruée commence. Pas un reste à la maison, tout le monde y va, première fois personne y va, tout le monde y va, et quand la ruée commence à arriver à la rivière deux ans été, hiver, toujours quelqu’un remonte la rivière. Après deux ans quand 1898 et une grosse ruée commence de l’extérieur pas de route dans ce temps-là, juste un sentier pédestre indien. C’est comme ça que la ruée vers l’or commence 1898. Poste de traite là à Dyea, loin par là, je sais pas combien long, loin par là, la police à cheval installe là un poste de traite, Wilson son nom, Wilson bâtit un poste de traite, Wilson son nom, Wilson bâtit un poste de traite. C’est là qu’on va et qu’on a ce qu’on veut pour échanger. C’est comme ça que la ruée vers l’or commence en 1898 de l’extérieur, mais en même temps pas encore de magasin dans le coin, dans le pays, personne apporte un magasin.

Le récit des évènements fait par Patsy Henderson est similaire à celui qu’a recueilli Ogilvie auprès de Skookum Jim et Dawson Charlie, mais il inclut également de nombreux autres détails à propos des exigences de la vie d’un Indien à l’époque. Patsy Henderson est demeuré un personnage important dans l’historiographie et la représentation de la ruée vers l’or puisqu’il a plus tard été embauché par le White Pass and Yukon Railroad pour expliquer l’histoire et le mode de vie des Amérindiens aux touristes qui débarquaient à Carcross. Le Whitehorse Star (2 octobre 1990) a rappelé son rôle avec affection :

« Que ce soit sur le quai de la gare de Carcross ou dans sa petite cabane de l’autre côté des passages, Patsy a continué de raconter l’histoire de la Découverte jusqu’à sa mort en 1966. Bel homme aux cheveux blancs et à l’œil toujours pétillant, son souvenir fait encore sourire ceux qui ont connu son malicieux sens de l’humour et son esprit indomptable. »

Source: Thomas F. Thornton, L’histoire de Patsy Henderson (Ottawa: Klondike Gold Rush National Historical Park, 2004), 152-177

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