L’expdition chilcotine
Journal d’un volontaire
(suite)

Daily British Colonist, 15 octobre 1864

L’expdition est demeure plusieurs jours proximit des lacs prs du ranch de Manning, effectuant des missions de reconnaissance dans toutes les directions partir de son campement, un circuit de vingt trente milles, mais ses membres n’ont jamais rencontr d’Indiens. plusieurs occasions, quelques autochtones sont venus dans le campement avec des soi-disant intentions amicales et M. Brew leur a permis d’aller et venir volont, mme si, selon l’opinion de plusieurs volontaires, ils taient venus espionner; celui-ci gardait ses tillicums (amis) compltement au courant des agissements et des intentions de son groupe. Des femmes et des enfants flnaient frquemment dans le campement et, un matin, notre journaliste a not qu’un robuste guerrier chilcotin, mousquet l’paule et accompagn de sa klootchmen (femme), a pntr dans le campement, y est rest toute la journe, a klosch nannich (tout examin) et est ensuite reparti sans que personne ne lui adresse la parole, la grande indignation des volontaires qui taient d’avis que l’utilisation de coercitions judicieuses aurait pu lui arracher de prcieux renseignements.

Le groupe a alors subi de pnibles preuves cause du manque de nourriture, les rations tant rduites; cependant, ils ont russi prendre du poisson (des carpes) et un groupe parti en reconnaissance sous M. Elwyn, le commandant adjoint – dont l’nergie et le courage lui ont valu les hommages des volontaires – a dcouvert des caches indiennes contenant du poisson sch et d’autres Siwash muckamuck (nourritures indiennes), ce qui leur a permis de faire durer leurs provisions. Le temps tait la pluie. Le 18 juillet, alors que le groupe campait prs de la ferme de Manning, un transport express provenant de M. Cox a apport l’information selon laquelle tout son groupe arriverait le lendemain; ce qui s’est fait; ces hommes manquaient galement de provisions. Le groupe de M. Brew a alors appris la triste nouvelle de la mort de M. McLean dont notre journaliste fait ici un rcit intressant :

Une information ayant t reue par M. Cox selon laquelle des Chilcotins taient embusqus sur une colline prs du campement, McLean, accompagn par un Indien Shuswap, a immdiatement entrepris de gravir la colline en qute des sauvages qui y rdaient. Approchant avec prcaution sur le sentier, le long duquel s’ouvrait des passages traversant la colline, son œil expriment a immdiatement remarqu un mince cran de branches de sapins appuy contre le tronc d’un grand arbre et dominant les approches. Il s’est tout de suite prpar tirer, mais pour une fois la ruse indienne a djou sa parfaite connaissance de leurs tactiques. L’cran de sapin n’tait qu’une feinte prpare avec soin et, alors que les yeux perants de McLean taient fixs sur l’endroit d’o il s’attendait voir apparatre le canon d’un mousquet, le bruit sec d’un fusil qui s’enclenche se fit entendre d’un bosquet de saules du ct oppos du sentier et, avant qu’il ne puisse suivre l’exemple de son compagnon qui avait l’oreille fine et qui s’est rapidement jet au sol, une balle a transperc le malheureux et il est tomb mort. Le Shuswap, que la deuxime balle a survol sans faire de mal, s’est remis sur pied immdiatement et a cherch du regard ses agresseurs tout en se mettant l’abri; il les a aperus qui se sauvaient par le ct de la colline. Il est rapidement retourn au campement annoncer la triste nouvelle et un groupe de dix hommes, sous Buckley, un des survivants de Bute, est parti leur poursuite mais sans autre succs que d’envoyer une vole 1200 verges des sauvages en retraite. Tout le groupe a ensuite entour la colline sur trois cts, le quatrime tant protg par une profonde lagune d’une largeur d’environ soixante verges. Les russ voyous ont cependant russi chapper la vigilance de leurs poursuivants en plongeant dans la lagune, les volontaires leur tirant dessus mais sans efficacit alors qu’ils mergeaient de l’autre ct.

( suivre)