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  Personne ne connat son nom: Klatsassin et la guerre de Chilcotin
   
 

Brew au secrtaire colonial de la Colombie-Britannique

Waddington
23 mai 1864

[ Homathco, sous le dfil, Cette esquisse, dessine par Frederick Whymper seulement quelques jours avant l’attaque, montre la valle Homathco en bas du canyon. Elle a t grave et publie en 1868 et portait la lgende suivante :  La route, qu’on ne voit pas, serpente  travers les bois aux pieds [de l’artiste]. Les montagnes au loin font probablement 8 000 pieds de haut et ont une tendue presque ininterrompue de neige ternelle et de glace. , Frederick Whymper,   ]

Sir,

J’ai l’honneur de vous annoncer qu’aprs une marche laborieuse je suis arriv, avec mon groupe, la scne du meurtre sur la Homathco 10 h du matin le 20 de ce mois. Nous serions arrivs la veille, mais nous avons t retenus au traversier pendant sept heures parce que la corde et le bateau ne fonctionnaient pas et que la rivire en crue tait devenue un vritable torrent. mon arrive la scne du meurtre, j’ai immdiatement ordonn qu’on fasse des recherches dans toutes les directions.

Dans le campement o les neuf hommes ont t tus, nous avons trouv des traces de sang dans chacune des tentes o des hommes ont t massacrs sauf dans celle occupe par Chas. Buttle, mais nous avons trouv son manteau ensanglant avec deux trous de balle dans le dos; il n’y a donc aucun doute sur son destin. Un groupe est all deux milles d’ici au campement de Brewster et des trois autres hommes, mais rien n’y a t dcouvert, en aprs-midi M. Waddington est arriv avec Little George , le cuisinier de Brewster qui a montr l’endroit o il a entendu les coups de feu le jour des meurtres. Peu aprs, l’air vici nous a permis de dcouvrir trois des corps : Brewster, Jim Gawley et John Clark. Brewster avait t tu par balle, sa tte crase par une hache, et il tait ventr. Gawley avait reu des balles dans le bras et le front alors que Clarke avait reu deux coups dans la cuisse et l’aine et sa tte tait crase. M. Elwyn et moi avons tabli les causes des dcs et nous avons fait enterrer les corps aussi dcemment que le permettaient les circonstances. M. Elwyn a lu le service funbre. J’avais laiss sept hommes au traversier pour aider M. Waddington faire traverser les mulets, mais ma grande surprise, M. Waddington est venu sans les animaux parce qu’il craignait de leur faire traverser la rivire en crue et cause de l’tat prcaire du matriel de traversier. Les Indiens ne pouvaient que transporter des petites quantits et nous avons donc manqu de provisions et j’ai d retourner immdiatement la moiti du groupe au traversier. J’y suis retourn avec le reste du groupe aprs l’enterrement le 21 et tout le monde est arriv ici aujourd’hui. moins d’avoir des chevaux, des provisions et les moyens de rparer le traversier et son matriel, je ne pouvais garder un groupe de cinquante hommes dans ce territoire. Ils manqueraient de nourriture. Les Indiens du bas pays ont si peur qu’ils ne s’aventureraient pas cent verges dans ce territoire sans protection et, de plus, ils ne peuvent transporter une quantit de provisions suffisante qui vaille la peine de payer pour ces services. Je me suis entretenu avec M. Waddington quant l’opportunisme d’avancer plus l’intrieur si cela s’avrait possible. Nous sommes arrivs la conclusion que cela serait irralisable avec les moyens notre disposition. Des sentiers devraient tre dgags, des ponts rigs, des prcipices escalads et des obstructions matrises par des moyens qui demandent des comptences d’ingnieur ainsi que des ressources. Pensant qu’il tait inutile de dbourser de larges sommes pour garder les hommes, j’avais dcid de revenir par le Forward aujourd’hui, mais votre lettre du 19 de ce mois que je viens de recevoir justifie certainement que je reste ici jusqu’ ce que je reoive de nouvelles instructions. Si Son Excellence le gouverneur dsire que je pntre l’intrieur, j’essaierai, mme si cela sera extrmement difficile. Je ne peux me faire aucune ide juste du sentier partir des descriptions avantageuses qu’en fait M. Waddington. quatre milles de distance, le sentier franchit une montagne qui, mon avis, fait environ 2000 pieds, mais M. Waddington dit 1100 pieds. Si je dois continuer, vous devrez me faire parvenir des chevaux haches scies cordage. M. Waddington pourra vous en donner la quantit.

Pour revenir aux scnes de meurtre : nous avons marqu dans le sable les endroits o les corps des neuf hommes ont t trans et jets la rivire. Battiste Demarais un des hommes de Brewster n’aurait pas t assassin, il amasssait [sic] du bois lorsque la fusillade a commenc. Ses empreintes ont t trouves jusqu’au bord de la rivire o il aurait saut, les pas taient aussi longs que ceux d’un homme descendant une colline en courant. Son mouchoir a t trouv entre l’endroit o il travaillait et la rivire. l’endroit o il a saut, aucun homme n’aurait chapp la noyade.

Il est difficile de comprendre comment des hommes peuvent avoir fait preuve d’une telle confiance aveugle, telle que dmontre par ceux qui ont t tus, en des sauvages qui sont inconstants. Il y avait dans le campement une quantit de toutes ces choses que convoitaient les Indiens, vtements, poudre, balles, sucre, farine viande & toutes les [choses?]. On savait que les Indiens taient proches de la famine et pourtant pas le moindre effort n’a t fait pour obtenir leur bonne grce ou pour se protger de leur hostilit. Lorsqu’ils travaillaient, ils se plaignaient que Brewster les payait mal et ne leur donnait rien manger. Leur salaire aurait d leur tre vers en argent, mais comme me l’a dit un des hommes de M. Waddington, il n’en a jamais t question. Ils ont reu de la poudre, des balles, des vtements ou des couvertures comme ils le dsiraient, mais bien sr ce mode de paiement reprsentait une perte pour eux. Ils n’ont jamais pris des provisions en paiement. Ils pensaient avoir le droit d’tre nourris, mais ils ne l’taient pas. Ils mendiaient de la nourriture ou la volaient et lorsque cela ne marchait pas, ils allaient la chasse ou la pche. Les femmes, particulirement les plus jeunes, taient mieux nourries que les hommes puisque le prix de la prostitution pour les misrables affames tait assez pour se nourrir. Les Chilcotins ne s’taient jamais hasards au sud de la rivire Homathco jusqu’ ce que M. Waddington fasse la paix entre eux et les Clohoose. Au dbut, ils taient principalement arms d’arcs et des flches, mais il a largement contribu leur fournir des armes feu, de la poudre et des balles en faisant du commerce avec eux. Je pense que les Indiens ont t traits de faon fort peu judicieuse. Si on avait utilis un certain discernement leur gard, cet affront n’aurait jamais t commis.

Dans le campement o les 9 hommes ont t tus, nous avons trouv un reu au nom de James Campbell (tu) pour 300 $ et un autre au nom de P.A. Peterson (bless) pour 200 $. Le dernier reu contenait deux billets plis de 20 $. Je joins le tout. Peterson, qui est Victoria, pourrait vouloir son argent. Pour arriver au campement de Brewster partir du premier campement, le groupe a d descendre un prcipice par une corde et traverser un ravin de plusieurs centaines de pieds de profondeur, et ce, sur un simple rondin. Faire passer les chevaux par cette portion de sentier requerra plusieurs jours de travail, en fait, je ne vois pas comment cela pourrait tre fait.

J’espre que vous excuserez les imperfections de cette communication j’cris l’extrieur et je suis harcel par des moustiques les gens parlent autour de moi et je sais que j’ai fait plusieurs erreurs. Je ne garde aucune copie. J’envoie ceci par canonnire puisque cela arrivera N. W. plus rapidement qu’un cano. Quatre de mes hommes retournent. Si je dois continuer, j’aurai besoin de plus d’hommes. Les Indiens ont trs peur que les Chilcotins reviennent et tuent tout le monde, mais les atrocits commises pour avoir du butin l’ont t par quelques hommes d’une branche de la tribu chilcotine et la tribu principale ne partira pas en guerre en leur nom. Dans une cache un peu en dehors d’un sentier de chasse indien, on a trouv une grande quantit de marchandise qui avait t prise dans la maison du passeur o Smith a t tu. Parmi le butin, les Indiens ont pris deux barils de poudre canon et trente livres de balles. Ils ont parpill et dtruit une grande quantit de choses qu’ils ne pouvaient cacher ou transporter avec eux.

Il m’est trs difficile d’interroger les Indiens ici car ils ne connaissent pas un mot de chinook.

J’avais l’intention de faire un rapport complet mon arrive, mais je pense que ce rapport fait la hte contient au moins un rsum de ce que j’aurai dire.

Si j’ai besoin de quelque chose en particulier avant d’avoir votre rponse, j’enverrai un cano a si je peux persuader les Indiens d’y aller car ils pensent que les Chilcotins sont sur le sentier de guerre en amont et en aval de la rivire. Ils ne sont pas [seuls?] car, dans certains dfils, dix hommes pourraient en tuer cent arms sans en perdre un seul.

Je demeure,
Sir,
votre humble serviteur
C. Brew, S. M., J. P.

Source: BCA, Colonial Correspondence, GR-1372, F193/14, Mflm B-1310, Chartres Brew, Lettre au secrtaire colonial de la Colombie-Britannique, 23 mai 1864.

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