Personne ne connaît son nom: Klatsassin et la guerre de Chilcotin
   
 

Seymour à Cardwell, no 37

9 septembre 1864

[ Le chemin Waddington à l’extrémité nord du canyon Waddington sur la rivière Homathco, Charles Horetzky, BCA A-04140 ]

Tel que le suggérait le 17e paragraphe de ma dépêche no 7 en date du 20 mai qui relatait le massacre des hommes de M. Waddington à Bute Inlet par les Indiens chilcotins, les meurtriers ne se sont pas attardés, ont traversé les montagnes et se sont réfugiés dans les plaines de l’intérieur.

2. Il s’est avéré impossible pour les volontaires que j’ai envoyés sous le commandement de M. Brew de les poursuivre. Ne fut-ce que pour rejoindre l’endroit où Brewster, le contremaître, avait été tué, les hommes devaient être descendus par des cordes le long d’un précipice et ceux qui en avaient le courage n’ont pu se rendre à l’endroit où se trouvait le corps qu’en traversant sur un simple rondin de bois un ravin profond de plusieurs centaines de pieds. Là où les Indiens pouvaient passer, la plupart des volontaires de New Westminster le pouvaient aussi, mais les autochtones n’avaient pas à transporter de nourriture puisqu’ils arrivaient en territoire familier alors que les volontaires devaient transporter leurs vivres ou mourir de faim. Il était évident que je ne devais pas permettre à nos hommes de pénétrer vers l’intérieur en passant par Bute Inlet. Je n’avais jamais vu terrain si ardu. Dans certains cas, les montagnes surgissent tout simplement à angle droit des plaines. Les glaciers sont suspendus au-dessus de vallées étroites qui jouissent d’un climat presque tropical et les cascades tombant du sommet de ces précipices éclaboussent à peine la face perpendiculaire des rochers. Le groupe de M. Brew a enterré les dépouilles et est retourné à New Westminster.

3. Le territoire chilcotin où se sont repliés les meurtriers se trouve à l’intérieur de la grande barrière que forme la chaîne des Cascades. C’était un territoire presque inconnu des Blancs jusqu’aux récents événements alors que des bandes armées de volontaires l’ont fouillé de fond en comble. Pour bien démontrer l’ampleur de notre ignorance jusqu’à présent, je joins une carte géographique qui avait été dressée par le Génie royal et qui contient les caractéristiques présumées de ce territoire, et une carte du territoire de Bute Inlet qui a été compilée à partir de renseignements provenant des Indiens et des recherches récentes.

4. Le territoire occupé par les Chilcotins s’étend probablement sur une distance de deux cents milles du nord au sud. À partir du sommet des montagnes de Bute Inlet à la rivière West Road, la tribu parcourait une distance de trois cents milles d’est en ouest, de la chaîne des Cascades jusqu’au Fraser. La presque totalité du terrain est en haute altitude, la végétation est chétive et les plaines ont une plus grande superficie que celles normalement retrouvées en Colombie-Britannique. Mais il y a plusieurs vallées d’une très grande fertilité et une multitude de rivières et de lacs. Les sentiers indiens qui traversent le territoire se rencontrent au lac Benshee et c’était donc là que se retrouverait toute expédition envoyée contre les meurtriers. Puisqu’il était impossible de traverser les montagnes de Bute, il ne restait que deux voies qui pouvaient être considérées comme praticables pour arriver à Benshee avec les vivres : une par Alexandria et l’autre par Bentinck Arm. Avant d’envoyer M. Brew à Bute Inlet, des instructions avaient été données afin que M. Cox et un groupe de volontaires partent pour Benshee à partir d’Alexandria. Le manque de transport, tel que décrit dans ma dépêche no 8 en date du 20 mai, rendait impossible le départ d’une expédition à partir de Bentinck Arm.

5. Il y avait très peu d’information sur le territoire des Chilcotins et guère plus sur ses habitants. Il était présumé que la tribu, même après les ravages de la petite vérole, pouvait compter sur plusieurs centaines de guerriers. On savait, d’après les quelques rares membres de la tribu qui s’étaient approchés de la côte, qu’ils étaient grands et athlétiques, qu’ils possédaient des chevaux ainsi qu’une bonne provision d’armes. Ils avaient quelquefois guerroyé contre les Indiens côtiers et avaient toujours été victorieux. Trois ou quatre convois de mulets avaient traversé le territoire d’ouest en est chargés de vivres pour les mines d’or de Cariboo. Les charretiers avaient fait la connaissance du grand chef de la section ouest de la tribu, Anaheim, dont le siège est à Nacoontloon, et d’Alexis, dont le lieu de résidence se situe à environ cent milles d’Alexandria. Ce dernier avait toutefois de fréquents rapports avec les Blancs du fort de la compagnie de la Baie d’Hudson sur le Fraser et avait occasionnellement reçu la visite des prêtres catholiques romains. Nous avions vaguement entendu dire qu’une large bande sous les ordres d’un subalterne d’Alexis occupait les huttes sur les berges du lac Benshee et qu’un détachement d’hommes de la tribu d’Anaheim occupait un fort protégé d’une palissade à Sulteth. Tous ces endroits se trouvent le long du sentier par lequel voyageaient les convois de mulets. Vers le sud, dans le renfoncement formé par la chaîne des Cascades, il était supposé que plusieurs Chilcotins y possédaient leurs terrains de chasse et de pêche, mais même les Blancs les plus aventureux n’avaient jamais foulé ce territoire. C’était là l’étendue de notre connaissance de ce vaste territoire lorsqu’il devint nécessaire d’y planifier une invasion.

6. Les meurtriers, une fois arrivés aux plaines du nord de Bute Inlet, ont rapidement poursuivi leur route vers le lac Benshee. Il semble qu’ils aient mobilisé quelques recrues en chemin car ils étaient près de trente lorsqu’ils sont arrivés près de la ferme d’un colon blanc, William Manning. Le chef Klatsassin, qui était responsable du massacre de Bute Inlet, lui a envoyé une femme indienne avec un message l’informant qu’il allait le tuer immédiatement. Manning n’a pas répondu, mais il est sorti s’asseoir sur un rondin à l’extérieur de sa maison. En quelques instants, les Chilcotins sont arrivés, l’ont tué avec un tomahawk, ont mutilé son corps violemment et l’ont jeté dans un ruisselet qui coulait près de la maison. Ils ont ensuite pillé les vivres, brûlé les dépendances, les meules de foin et tout ce qui pouvait être détruit par le feu et ils se sont même donné le mal de briser les charrues et les autres outils agraires.

7. Manning était le seul colon installé dans ce territoire, mais, malheureusement, un convoi de 42 chevaux et huit conducteurs approchait Bentinck Arm. Il s’agissait du groupe auquel j’avais fait allusion dans ma dépêche précédente. Klatsassin est allé à leur rencontre, et comme pour Manning, a immédiatement informé McDonald, le chef du groupe, qu’il était venu les assassiner. Mais comme les huit Blancs étaient bien armés et montraient qu’ils étaient prêts à vendre leur peau chèrement, les Indiens hésitèrent et se seraient ensuite retirés. Mais McDonald savait qu’ils n’étaient pas loin et a rapidement fortifié le sommet d’une petite colline où il est resté en sécurité pendant quelques jours. Puis, il a décidé de revenir aussi rapidement que possible dans le territoire Bella Coola. Comme le groupe quittait son abri, les Chilcotins sont apparus en force et ont galopé sur eux. Les Blancs ont cependant été les premiers à traverser un pont indien, long et étroit, qui surplombait un marais et qu’ils ont défendu contre les autochtones qui, encore une fois, se sont retirés, mais pour planifier une embuscade sur le sentier. Ils ont tiré une volée au passage du convoi. Deux des hommes ont été désarçonnés, un cheval tué et puis une attaque ouverte a été menée par une force écrasante. McDonald et deux hommes furent tués. Cinq hommes, bien que sérieusement blessés, ont réussi à se sauver alors que les chevaux se sont rués entre les hommes et les Indiens.

8. Officiellement, nous avions de bonnes raisons de traiter ces actes de violence comme des massacres isolés, mais il n’y a maintenant aucune raison de ne pas avouer qu’il s’agissait d’une insurrection, de nature extrêmement redoutable en raison de l’inaccessibilité du territoire où elle se déchaînait. Toute la tribu des Chilcotins semblait y être associée alors que Benshee, là où Manning fut assassiné, était sous la juridiction d’Alexis, et, Sutleth, où étaient tombés McDonald et ses deux camarades, sous celle d’Anaheim. Ils devaient aussi avoir le soutien, à tout le moins, des Indiens de Bella Coola, parce qu’Anaheim descendit dans leurs terres pour achever l’extermination des Blancs et ce ne fut que par pure chance qu’un M. Hamilton, sa femme et sa fille s’échappèrent juste au moment où les Chilcotins arrivaient. Le territoire était si peu peuplé par les Européens que le départ des Hamilton mit fin à l’occupation blanche de la mer jusqu’au Fraser. Les Indiens Bella Coola, ayant reçu la visite d’un navire de guerre, ne se joignirent pas à l’insurrection, mais ne firent aucune protestation contre la violation de leur territoire qu’ils avaient jusqu’à maintenant si jalousement gardé.

9. Une grande agitation régnait dans cette colonie et dans la colonie voisine pendant que nos compatriotes se faisaient exterminer et, au-delà de nos limites territoriales, il ne fut aucunement pris en considération que j’étais dans l’impossibilité de me procurer les services d’un navire de guerre, ni que le caractère accidenté des montagnes Cascades semblait fermer tout accès vers l’intérieur aux bêtes de somme ou aux hommes avec leurs bagages. Il est vrai que les hommes de M. Cox étaient partis d’Alexandria, mais en nombre insuffisant pour mettre fin à une telle insurrection. Grande fut donc ma satisfaction lorsque le vice-amiral Kingcome est enfin arrivé à la station et a consenti à transporter une expédition vers Bentinck Arm, le point de départ duquel nous étions déterminés à partir pour nous rendre, si possible, dans les territoires de chasse des Chilcotins. Pas un seul moment ne fut délibérément perdu afin de réunir une force de quarante volontaires à partir de New Westminster. J’en ai confié le commandement à M. Brew, le magistrat de police de New Westminster, et j’ai décidé de l’accompagner à tout le moins jusqu’à Bella Coola d’où je pourrais juger s’il était possible de continuer.

10. Après l’échec subi pour rejoindre l’intérieur par Bute Inlet, j’avais écrit à M. Cox pour lui dire qu’il était le seul sur qui je pouvais compter et qu’il devait réunir un groupe suffisamment fort pour se défendre. Il a éprouvé quelques difficultés à recruter des volontaires dans le haut pays, mais il a finalement réussi à enrôler trente hommes, nombre qui s’est ensuite accru à cinquante et finalement à soixante-cinq. La plupart étaient natifs des États-Unis et n’étaient pas très heureux des contraintes que je leur avais imposées sur la manière de mener leurs opérations contre les Indiens. M. Cox a quitté Alexandria le 8 juin et est arrivé au lac Benshee le 12, une distance de 112 milles par sentier indien. Trente-sept chevaux accompagnaient l’expédition.

11. Le sentier sur lequel il voyageait passe par une colline dénudée située à moins de un mille de la ferme de Manning. Du sommet, les hommes de M. Cox ont aperçu les Chilcotins fermement installés dans leurs huttes. Son avant-garde se montra aux autochtones et il semble que les Indiens ont pensé avoir à leur merci un autre malheureux convoi et se sont préparés à les rencontrer; je crois que M. Cox a perdu à ce moment une excellente occasion de capturer les meurtriers puisqu’une vallée située à sa droite aurait dissimulé ses hommes à l’arrière de la position occupée par les Indiens. Ils ont cependant montré leur imposant convoi de chevaux et les autochtones, avec force rage et haine, ont abandonné leur village et se sont retirés dans la forêt. En après-midi, M. Cox envoya six hommes en reconnaissance. Les Indiens leur tirèrent dessus et les repoussèrent vers le gros de la force, rechargeant et faisant feu alors qu’ils avançaient, blessant un homme. Le lendemain, les Blancs ont mis le feu aux huttes indiennes alors que les propriétaires sont revenus une autre fois au sommet d’une colline avoisinante en hurlant et faisant feu avec leurs mousquets, mais n’infligeant aucun dommage. M. Cox a fait construire un fort en rondins au sommet d’une colline et il a hissé un drapeau blanc espérant l’arrivée d’Indiens alliés qui auraient pu se trouver dans le territoire. Aucun n’est venu et, à mon arrivée à Benshee le 6 juillet, j’ai trouvé M. Cox et ses hommes à l’intérieur des murs de sa forteresse. Ils étaient virtuellement assiégés par un ennemi invisible.

12. Entre-temps, l’expédition de New Westminster arrivait à son aide. À son arrivée à Bentinck Arm, le navire amiral avait accueilli trois blessés du groupe de McDonald. Ils nous ont informés de l’insurrection d’Anaheim et de l’heureuse évasion des Hamilton. Ils nous ont donné un compte rendu si sombre de la situation qu’il était de mon devoir de retenir le groupe de M. Brew ou de l’accompagner moi-même. J’ai choisi la seconde alternative.

13. Pensant que la présence d’un puissant navire comme le Sutlej impressionnerait énormément les Indiens de la côte, M. Brew, avec mon accord, avait embauché trente d’entre eux sous le commandement de leur jeune chef de guerre. Avec trente-huit volontaires de New Westminster, notre bande d’Indiens et dix-neuf chevaux de bât, nous sommes partis du village de Rascal le 20 juin pour le lac Benshee au cœur du territoire chilcotin, situé à 250 milles de notre base d’opération. Au fur et à mesure que nous avancions, les communications se fermaient derrière nous et je n’ai plus eu que de rares occasions de communiquer avec votre département.

14. Les quelques convois qui ont traversé le territoire chilcotin venaient d’Alexandria et se dirigeaient vers la source de la navigation sur la rivière Bella Coola à 53 milles de son embouchure. Les marchandises sont transportées par canoës à l’endroit où le transport terrestre débute. En conséquence, étant dans un certain sens des pionniers dans ce territoire, les premiers hommes à y conduire des chevaux par la mer, nous devions ouvrir un sentier et bâtir des ponts le long de la riche vallée alluviale. Les innombrables ruisseaux menant à la rivière – elle-même à peine un torrent – s’abreuvaient des glaciers juste au-dessus de nous et ralentissaient nos progrès. Toutefois nous avons atteint le sommet des montagnes Cascades le 30 juin et sommes enfin arrivés en pays chilcotin, ayant subi des pertes relativement insignifiantes pour une expédition si difficile, soit la perte de trois chevaux, la désertion de vingt Indiens et la blessure accidentelle d’un seul volontaire près du village de Rascal.

15. Nous n’avions rencontré que deux tribus durant notre passage jusqu’à Bella Coola. Les Tsantonies avaient pris possession de la maison de M. Hamilton au traversier et semblaient prêts à contester notre passage de la rivière. Nos alliés indiens, toutefois, nous ont fermement soutenus et, par une démonstration de force accompagnée de bons mots et de petits cadeaux, nous avons réussi à obtenir une allégeance chancelante de cette tribu qui avait entendu parler de plusieurs meurtres de Blancs, mais jamais de châtiments subséquents. Les Kishkatts, sur qui nous sommes ensuite tombés dans les bois, ont abandonné leurs fourrures et leur nourriture et se sont enfuis dans les montagnes. Ils ont été poursuivis par les Bella Coola avec une rapidité qui a refroidi mes espoirs d’attraper les grands et puissants Chilcotins. Les Kishkatts ont été ramenés et apparaissaient sauvages mais soumis.

16. Pendant que nous étions encore dans les précipices de la « grande coulisse », où le sentier des Indiens suit le flanc presque perpendiculaire d’une montagne de roches désintégrées, on a entendu des cris à l’arrière et nos Indiens ont capturé un Chilcotin. Nous avons appris plus tard que c’était Anaheim et ses hommes qui occupaient les bois. C’était peut-être l’air déterminé des volontaires ou peut-être la présence d’Indiens alliés parmi nous qui a permis d’éviter l’attaque qui semblait avoir été méditée, une attaque qui nous aurait pris en situation de désavantage et aurait pu connaître ce succès dont quelqu’un s’était déjà vanté, comme on peut le constater dans un extrait du journal de l’île de Vancouver dont je joins copie.

DERNIÈRES NOUVELLES DE BUTE INLET
UN AUTRE MASSACRE

Un M. Sampore, commerçant à l’emploi de M. Waddington, est arrivé de Bute Inlet en compagnie d’un autre Blanc en canoë ce matin avec l’information suivante concernant le massacre de la totalité, ou d’une partie, de l’expédition de Bentinck Arm.

Une nouvelle a été communiquée par les Indiens de la côte aux Eucletaws à Bute Inlet à l’effet que toute l’expédition (M. Waddington pense qu’il s’agissait peut-être d’un petit groupe avec les vivres et leur escorte) a été surprise à mi-chemin de la montée de la « grande coulisse » sur le sentier de Bentinck Arm, le côté dénudé d’une montagne escarpée d’une hauteur de 2000 pieds. Les Indiens avaient préparé un certain nombre de grosses roches et rondins de bois qu’ils ont lancés du sommet sur les hommes les précipitant dans un torrent 1000 pieds plus bas.

Telle est la version rapportée par M. Sampore et qu’il a pu corroborer avec d’autres récits parvenus à Nanaimo où les faits ont été confirmés dimanche dernier.

Avant le départ de M. Sampore, deux des meurtriers chilcotins sont descendus à la source de la crique en reconnaissance, mais ont immédiatement disparu lorsqu’ils se sont vus observés. Cet événement a tellement terrifié les Indiens alliés qu’ils ont quitté la ville immédiatement et ont installé un campement inattaquable à la source de la crique.

Les Indiens n’avaient pas entendu parler du désastre dont aurait été victime le groupe de M. Cox.

Nous remercions M. Waddington pour l’information rapportée ci-dessus.

17. Au-delà de la vigilance qu’il est nécessaire d’appliquer lorsqu’on avance dans un territoire où chaque bosquet peut cacher une embuscade, il se passait très peu d’événements pour soulager la monotonie du voyage dans la forêt clairsemée des hautes plaines. On avançait généralement en silence et aucun coup de feu n’était permis pour chasser les gélinottes qui auraient pu varier la monotonie de notre nourriture.

18. Il était connu qu’Anaheim avait un fort protégé par une palissade à Nacoontloon. M. Brew espérait qu’il s’y rendrait avec toute sa tribu pour offrir une résistance, même si leur nombre était supérieur. Cela aurait précipité les choses et l’on aurait ainsi pu en finir avec ces longues marches harassantes. Mais le fort était vide, le village désert. Puis il y a eu un changement, alors que nous sommes passés à proximité de la scène du dernier massacre et que nous avons eu la pénible tâche d’enterrer les corps de nos compatriotes mutilés par les Indiens, déchiquetés par les loups et horriblement décomposés. Il y avait des chevaux morts sur le sentier, des selles éventrées, des boîtes de chandelles, des instruments aratoires cassés, un mousquet fracassé par une balle. Un chef indien avait été tué par McDonald après qu’il eut été lui-même mortellement blessé. Ce chef avait été enterré par ses camarades en grande pompe, sa tombe garnie de drapeaux. Mais les exigences de la guerre avec les Blancs étaient trop grandes pour qu’ils sacrifient son cheval et son mousquet pour son utilisation dans l’autre monde, comme le voulait la coutume.

19. Afin d’éviter que ne s’allonge encore plus cette dépêche qui ne pourrait être abrégée, je joins copie d’une lettre écrite selon mes instructions alors que nous étions au lac Benshee par le lieutenant Cooper R. M. qui agissait comme mon aide de camp. Une lettre qu’il a signée ne suffira pas à rendre tous les hommages qui reviennent au groupe d’hommes envoyé sous ses ordres au lac Capana à la poursuite des Indiens. Je me dois de lui rendre plus grande justice. Avec à peine une heure d’avis, ils sont partis avec seulement un cheval pour transporter leurs vivres, la pluie tombant à torrent et avec des instructions de ne pas allumer de feu. Le territoire n’avait jamais été exploré par des Blancs et leur guide principal était le prisonnier chilcotin. Ils ont suivi les traces des Indiens en fuite pendant plusieurs jours et n’ont cessé leur poursuite que lorsque toute trace des fugitifs eut disparu sur la surface lisse de la lisière de neige des montagnes Cascades. Leur guide s’est enfui en réussissant presque à prendre avec lui le seul cheval de cette expédition.

20. Après le départ de M. Cooper, le reste du groupe de M. Brew ainsi que moi-même nous sommes rapidement remis en route vers Benshee. J’avais donné instruction à M. Cox de me rejoindre en personne, ou d’envoyer quelqu’un en qui il avait grande confiance, à 15 milles de Bentinck Arm sur le sentier, mais personne n’était au rendez-vous. J’avais d’importantes raisons lorsque j’ai donné ces instructions. Je craignais les problèmes d’ordre disciplinaire qui pourraient survenir avec un si grand nombre de volontaires qui camperaient ensemble sous deux commandements distincts. Je voulais être plus près du groupe de M. Cooper en cas de désastre, mais aucune alternative ne m’était laissée que de poursuivre notre chemin. Le 6 juillet, notre petite bande arriva cinq jours plus tôt que prévu à la forteresse de M. Cox.

21. La satisfaction était grande des deux côtés à cette réunion. J’ai reçu de nombreuses acclamations et des tigers1 du groupe en provenance d’Alexandria. Mais une fois l’enthousiasme passé, je ne pouvais que m’enquérir auprès de M. Cox de la raison pour laquelle une bande de soixante-cinq hommes était restée inactive si longtemps! Ils étaient arrivés à Benshee deux jours avant notre départ de New Westminster! Il semble qu’ils aient voyagé dans un territoire désert, indifférent, sinon hostile, à leur égard. Le chef Alexis ne s’était pas déclaré ouvertement contre les Blancs comme l’avait fait Anaheim, mais M. Cox ne pouvait lui accorder aucune confiance. Au début, il aurait été malade. Puis, on a dit qu’il était parti chasser le caribou (renne) dans les montagnes. Cependant, il a été décidé rapidement de ne plus l’attendre, mais que le groupe d’Alexandria partirait le lendemain matin suivant vers le lac Takla et les montagnes de Bute Inlet. Ainsi, toute la bande est sortie du fort au grand jour, faisant une belle et formidable impression.

22. Les quelques heures que les deux groupes passèrent ensemble ont suffi à démontrer la différence de leur caractère. Les hommes élevés dans les districts miniers, en majorité des Américains, passaient la grande partie de leur temps à danser et à jouer aux cartes tout en poussant des cris de guerre et jouant du tambour sur des pots en fer blanc. L’expédition de New Westminster, composée presque exclusivement d’Anglais et comprenant plusieurs sapeurs à la retraite, passèrent leur soirée comme à l’habitude, tranquillement, comme des soldats. Il n’y avait aucun spiritueux dans les deux camps et pourtant les divertissements ont continué dans un des deux camps longtemps après que le silence eut prévalu dans l’autre. Une certaine marginalisation entre les occupants du fort et les hommes campés dans la plaine s’est installée à ce moment et n’a jamais complètement disparu.

23. Les provisions avaient commencé à manquer dans le camp de M. Brew, et bien que nous n’ayons été que peu nombreux, il a dû envoyer un convoi avec escortes au sommet de la « grande coulisse » dès que les forces de M. Cox furent parties.

24. Durant trois jours et trois nuits, le petit groupe de New Westminster fut incapable de se séparer et dût rester vigilant la nuit. Le fort avait été laissé dans des conditions si répugnantes que M. Brew préférait une plus grande vigilance à l’extérieur que la relative sécurité à l’intérieur.

Les éclaireurs indiens rôdaient. Les jappements de chiens la nuit étaient fréquents et menaçants, et des traces fraîches de mocassins ou de pieds nus étaient visibles au petit matin. Plusieurs hommes montaient la garde jusqu’à l’aube et dormaient le jour.

25. Le 10, le groupe qui était parti le 2 vers le lac Capana nous a rejoints et nous étions alors suffisamment nombreux pour effectuer des sorties de pêche ou de chasse.

26. Une femme chilcotin qui avait vécu avec Manning était restée près des ruines de la ferme. M. Brew s’est adressé à elle et l’a exhortée à aller voir Alexis pour lui expliquer la situation. Il lui a expliqué que ce n’était pas une guerre contre la tribu mais simplement une poursuite contre certains hommes qui, sans provocation, avaient assassiné un grand nombre de Blancs. Le Gouverneur lui-même s’était déplacé pour s’assurer que justice soit rendue et il promettait protection à Alexis ainsi qu’à tous ceux qui l’accompagnaient s’il voulait bien venir à notre camp. Elle ne ressentait pas la haine des Blancs qui avait cours chez les hommes de sa tribu et elle est partie le 7 à la recherche de son chef. Elle a fait l’aller-retour une ou deux fois, ramenant quelques enfants avec elle; puis, un homme est venu qui semblait avoir été envoyé pour tester la sincérité de nos propos modérés. Lorsqu’il est retourné sans qu’aucun mal ne lui fût arrivé, un nombre considérable de squaws ont formé un campement de pêche à six milles du camp et, avec une assurance grandissante, ont commencé à venir à notre camp presque quotidiennement pour échanger des truites contre du sucre. Pleinement satisfaites de notre bonne foi, les femmes ont promis qu’Alexis viendrait si le Gouverneur restait. Elles ont levé leur campement et sont enfin parties à sa recherche.

27. Les provisions étaient très basses. La rivière avait été détournée de son cours tellement souvent par les Indiens Bella Coola que le poisson avait été soit attrapé ou éloigné. La dysenterie a fait son apparition, causée par une diète principalement composée de poisson (jusqu’à leur disparition), de groseilles qui n’étaient pas mûres et d’une petite quantité de farine, mais le convoi de vivres était en retard et M. Brew était déterminé à attendre jusqu’à l’approche de la famine avant de procéder à une marche forcée de 112 milles jusqu’à Alexandria pour aller chercher de la nourriture.

28. Le 20 juillet, le groupe de M. Cox est revenu à Benshee, même s’il leur restait des provisions pour six jours, ne sachant pas que le groupe de New Westminster n’avait reçu aucune provision. M. Cox avait pénétré très avant vers le sud, dans un riche territoire de pêche et y était tombé sur de nombreux Indiens. Il ne pouvait même pas compter sur une certaine chance pour obtenir de l’aide des Indiens, comme c’était le cas pour M. Brew, parce que ses hommes avaient affirmé avant de quitter le Fraser qu’ils extermineraient chaque Chilcotin. C’était peut-être la raison de l’absence d’Alexis et la raison pour laquelle le fort de M. Cox n’avait pas été visité lorsque le drapeau blanc y flottait pendant plusieurs jours. Quelle qu’en soit la cause, les Indiens sont restés distants et les volontaires du nord ont continué vers Bute Inlet sans savoir quelle réception les attendait. Ils ont été reçus avec grande hostilité. Les Indiens étaient toujours à proximité, généralement hors de vue. Leurs éclaireurs ne lâchaient pas les Blancs d’une semelle. Les Indiens à cheval restaient juste hors de portée des fusils. Des sentiers interminables et embrouillés, tournant en rond ou se terminant dans l’eau, étaient préparés spécialement pour les embêter. Les arbres autour des campements indiens étaient sculptés de silhouettes de Blancs qui étaient utilisées comme cibles lors de pratiques de tirs. Un des chefs poussa même l’audace jusqu’à aller se chauffer auprès d’un feu de camp alors que les hommes de M. Cox ne s’en étaient pas éloignés de plus de deux cents verges. Des coups de feu ont été échangés à maintes reprises, sans en connaître l’effet sur l’ennemi, mais M. McLean, le commandant adjoint, reçut une balle au cœur. Ce jour-là, M. Cox a rebroussé chemin vers Benshee.

29. La situation n’était guère plaisante au camp. Le retour des volontaires du nord après la mort de M. McLean allait répandre la nouvelle aux Indiens dans toute la colonie que nous avions été battus, et, en fait, ce n’était pas loin de la vérité. M. Cox et les officiers qui avaient survécu considéraient que l’expédition n’avait aucune chance de réussite avant l’hiver. M. Brew était d’accord et je me suis vu dans la position où l’on me recommandait, alors que j’avais voyagé jusqu’au cœur du territoire des Chilcotins, d’ordonner le retour des deux groupes de volontaires, ces hommes qui avaient coûté tant d’argent et créé un si vif intérêt dans la colonie, et ceci, en laissant les choses dans un état pire qu’à notre arrivée. Je voyais déjà, dès notre retraite, une insurrection se propager de la mer jusqu’aux montagnes Rocheuses. Un effort additionnel devait être tenté. Alors j’ai immédiatement donné ordre aux volontaires de New Westminster de reprendre le travail abandonné par le groupe de M. Cox.

30. Cet après-midi-là, une importante bande d’Indiens à cheval est apparue sur une colline d’où les forces d’Alexandria avaient été vues pour la première fois par les Chilcotins. Les Indiens se sont arrêtés et ont mis pied à terre. Nous leur avons envoyé une invitation à venir au camp, espérant qu’il s’agissait d’Alexis et de son groupe. C’était le cas. Ayant reçu l’assurance que le Gouverneur était toujours dans le camp, il a accepté de venir. Sa suite disposée dans un certain ordre, Alexis est venu avec ses hommes au meilleur pas de leurs chevaux, tenant leur mousquet au-dessus de leur tête pour montrer qu’ils venaient en paix. Ayant vérifié l’identité du Gouverneur, le chef s’est jeté en bas de son cheval et s’est immédiatement approché de moi. Il était vêtu d’un uniforme français tel qu’on en voit dans les tableaux représentant Montcalm.

30. Notre conversation ne fut pas satisfaisante. J’ai dû me plaindre du meurtre de Manning et lui demander comment il pouvait penser, lui le chef du territoire, qu’il était correct de partir chasser le caribou alors que ses hommes tuaient chaque personne de race blanche qu’ils rencontraient. Il répondit qu’en vérité, les grands chefs avaient perdu une grande part de leur autorité depuis que les Indiens avaient entendu dire que chaque Anglais faisait la différence. Que les hommes sous Klatsassin et Telloot avaient coupé tout lien avec lui et qu’ils avaient le droit de faire la guerre contre nous sans que cela ne le regarde. J’ai demandé ce que nos compatriotes avaient fait pour provoquer des hostilités exécutées de façon si barbare. Sa réponse, traduite en français canadien, a été que les hommes de Klatsassin étaient « des mauvais sauvages qui ne connaissaient pas le bon Dieu ». J’ai fait tous les efforts possible pour lui faire comprendre que nous n’étions pas en guerre contre les Chilcotins, mais seulement contre ceux du sentier de Bute Inlet et que nous étions résolus de les attraper ou de les tuer. Il m’a demandé d’un air presque méprisant combien de temps je comptais rester sur ses terrains de chasse. J’ai répondu « trois ans ».

31. La nuit qui a suivi fut très angoissante. Le groupe de M. Cox, qui était une sorte d’assemblée délibérante, était mécontent que je mette en doute le fait que là où ils avaient failli, personne ne pouvait réussir. Je ne sais comment, mais lorsque les hommes de New Westminster ont obéi de plein gré aux ordres de les remplacer, les volontaires d’Alexandria ont commencé à penser que la capture des Indiens n’était plus aussi impossible que cela semblait l’avoir été le matin même. Alors, de voir assigner à 65 hommes la tâche de garder une position récemment gardée par 10 a semblé une insulte et toute leur force s’est mise d’accord pour exiger d’être autorisée à joindre la marche contre les Indiens ou à se retirer. Pour envenimer la situation, l’adjoint d’Alexis avait été vu à Bute Inlet pendant le massacre et les hommes de M. Cox étaient impatients de le pendre ou de le brûler vif malgré la promesse que les hommes d’Alexis pourraient repartir sans avoir été molestés. Les Indiens ont alors commencé à sortir leurs mousquets de leurs étuis et à préparer la résistance et Ulnas a dû être arrêté pour sa propre protection. Puis, s’est ajouté un problème additionnel alors que M. Brew, en tant que trésorier par intérim, a signalé les dépenses faramineuses pour les deux mois de vivres que je commandais d’Alexandria et que je payais aux prix de Cariboo. Les craintes pour la sécurité des convois de vivres étaient générales et, au-dessus de cette atmosphère de mécontentement, planait le spectre de la famine. Nous qui avions à peine de quoi nous nourrir, nous avions convié quelque vingt invités avec qui nous devions partager le peu qu’il nous restait.

32. Alexis comprenait notre position et au matin a donné l’ordre de seller ses chevaux. Il était d’importance primordiale de ne pas le laisser partir dans de telles dispositions alors que la possibilité de conflits était bien réelle. La connaissance que M. Brew avait des Indiens lui a permis de me suggérer le seul moyen par lequel le chef pourrait être retenu. Il m’a conseillé de lui demander de m’escorter jusqu’à Alexandria. Surpris mais flatté par cette marque de confiance, il a accepté de rester.

33. Les meilleurs chevaux de M. Cox venaient de partir pour Alexandria pour rapporter des vivres lorsque le convoi de M. Brew est enfin arrivé. Le convoi avait été retenu afin d’obtenir une escorte additionnelle. La nourriture, la discipline et la bonne humeur, qui n’avaient jamais manqué dans le camp de New Westminster, ont refait leur apparition et Alexis a accepté d’accompagner l’expédition aux montagnes de Bute Inlet avec une force considérable.

34. Peu après, les hommes de M. Cox m’ont offert de se mettre inconditionnellement à ma disposition si j’acceptais de prendre le commandement de la totalité des forces coloniales sur le terrain.

35. Il faudrait au moins une quinzaine de jours avant que les marchandises et les autres moyens de transport arrivent pour la marche vers le sud. Cela faisait plusieurs semaines que j’avais été coupé de mes tâches ordinaires et des questions de grande importance demandaient ma présence à Cariboo. J’ai donc décidé de partir pour Alexandria. Mon grand objectif en me joignant à l’expédition était de m’assurer que les Blancs agiraient de façon modérée avec les Indiens. J’étais déterminé à montrer ce qui n’avait jamais été vu avant en cette partie du monde, c’est-à-dire un gouvernement calme et juste dans des circonstances destinées à créer de l’exaspération. Mais je ne pouvais ignorer le fait qu’il s’agissait d’une guerre dans laquelle nous étions engagés contre la nation des Chilcotins, livrée sans merci de leur part, et nous devions nous comporter comme en temps de guerre. Heureusement, dans les circonstances, nos agents de police savaient manier le fusil et le revolver au moins aussi bien que les autres instruments plus pacifiques utilisés dans l’application de la loi. Cependant je n’ai pas fondé tous nos espoirs sur eux et je n’ai pas abandonné l’espoir que justice prévaudrait en utilisant la loi et la loyauté et j’ai laissé à M. Brew, un magistrat expérimenté et un homme d’un tempérament et d’une discrétion admirables, les pleins pouvoirs pour tenir un tribunal judiciaire en territoire chilcotin.

36. Ma dépêche no 25 en date du 30 du mois dernier vous aura déjà informé du succès partiel déjà remporté par la seconde expédition dans les montagnes de Bute. Klatsassin, Telloot et les autres chefs de l’insurrection se sont rendus. Pourchassés de leurs terrains de chasse, ayant mangé leurs derniers chevaux, ils ont dû se rendre ou mourir de faim. Ils se sont rendus avec la seule condition, imposée par Klatsassin, qu’on lui permette de monter à l’échafaud avec les bras libres, qu’il ajuste lui-même la corde et qu’il puisse prendre le dernier saut de son propre chef. Les prisonniers ont été amenés à Alexandria et y seront jugés par le juge en chef et un jury. Si la clémence peut être accordée à certains de ces « mauvais sauvages qui ne connaissent pas le bon Dieu », l’occasion ne sera pas ratée.

37. M. Brew m’a fait parvenir des dépêches par un des hommes de New Westminster. Il a été escorté à Alexandria par les hommes de M. Cox. Dans les renfoncements des montagnes de Bute, les hommes de M. Brew, émaciés, épuisés, difficilement reconnaissables, poursuivent les Indiens, marchant quelquefois quarante milles par jour. Ces derniers, chassés de leurs territoires de pêche, brûlent leurs huttes derrière eux, abandonnent tout sauf leurs chevaux qu’ils mangent, tout comme le font leurs poursuivants. Si M. Brew a pu étirer ses moyens de subsistance pendant quelques jours à partir de la date où il a écrit, le dernier des rebelles indiens dans le territoire de Bute l’aura combattu ou se sera rendu. Par contre, il devra encore faire face à Anaheim.

38. Il me semble, j’en confesse, que c’est presque un miracle que des Européens aient pu capturer des Indiens sauvages dans leurs propres territoires de chasse en été et les aient poussés au suicide ou à la reddition. M. Brew a presque terminé ce qu’il pensait être impossible, et qui l’aurait été sans l’assistance du chef des Bella Coola – il faut leur rendre ce qui leur est dû – dans la poursuite des Chilcotins. Que son succès soit complet ou non, je pourrai toujours repenser avec satisfaction au temps où j’ai eu l’honneur de servir sous ses ordres comme un des volontaires de New Westminster.

Veuillez agréer etc.

La présente dépêche contient une narration suivie des massacres des Indiens chilcotins et des opérations subséquentes pour lesquelles le gouverneur Seymour était dans l’impossibilité de faire rapport puisqu’il participait lui-même, courageusement, à l’incursion contre les Indiens hostiles.

Il fait une grande distinction entre les volontaires de Cox, composés largement d’Américains et ceux de New Westminster, les premiers ayant été plus fanfarons et menaçants dans leurs remarques sur les Indiens et les derniers plus réservés dans leur langage mais ayant connu plus de succès dans leurs actions. D’après ce rapport, le résultat est que les Européens ont eu le meilleur sur les Indiens puisqu’ils les ont mieux surveillés et qu’ils ont mieux supporté la famine alors que plusieurs meurtriers ont été forcés de se rendre. Mais M. Seymour n’hésite pas à affirmer qu’il est peut-être mieux d’utiliser la discrétion et de traiter ces affaires officiellement comme des cas de meurtres et de violence isolés, mais qu’en réalité, ils étaient le fruit d’un début d’insurrection générale d’une partie des Indiens.

La question qui se pose est de savoir quelles marques d’approbation le secrétaire d’état sera prêt à annoncer quant aux efforts déployés par le gouverneur Seymour dans ces circonstances difficiles. Ils semblent avoir été couronnés de succès malgré la perspective peu prometteuse d’un tel dilemme.

TFE 21 novembre

Je devrais peut-être ajouter qu’on m’a dit que les Indiens chilcotins ne sont pas nombreux. M. Trutch, récemment arrivé, estime les guerriers à moins d’une centaine, mais bien sûr je ne peux me porter garant de la précision de ce qu’il avance.

TFE 21/11

Pièces jointes :

Note dans le fichier : « 2 cartes : (1) croquis cartographique de l’intérieur de la Colombie-Britannique juste au-dessus de Bute Inlet. (2) carte schématique de l’intérieur de la Colombie-Britannique (feuille 5 d’un levé cartographique); 1864, étant ff. 183 et 184 de C.O. 60/19, ont été mis à la cartothèque en novembre 1950, D. B. Wardle. »

Lettre imprimée, Henry Cooper, Lieutenant, R.M.L.I., aide de camp par intérim, camp du lac Benshee, 24 juillet 1864, décrivant les événements de la poursuite des meurtriers indiens.

Également :

Projet de réponse, Cardwell à Seymour, no 52, 1er décembre 1864.

La dépêche a été approuvée et signée par M. Cardwell.
TFE 1er décembre

Source: Great Britain Public Record Office, Colonial Office Records, CO 60/19, p. 149, 10601, Frederick Seymour, Lettre à Cardwell, no 37, sent 9 septembre 1864, received 17 novembre 1864.

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