Personne ne connaît son nom: Klatsassin et la guerre de Chilcotin
   
 

"Le massacre de Bute Inlet et ses causes"

[ La route de Bentinck Arm , C. Venables, BCA CM B91 ]

The Victoria Colonist, 13 juin 1864

À l'éditeur du British Colonist – Jusqu'à maintenant, je me suis abstenu de répondre aux absurdités que le British Columbian a publiées à mon sujet ainsi que sur le sentier de Bute Inlet et je ne vais pas ennuyer vos lecteurs ou moi-même à ce sujet; cependant, lorsque je constate que certains autres milieux profèrent de vagues accusations contre les morts et que des calomnies circulent mystérieusement, ceci afin d'atteindre un but spécifique, et que le fardeau des derniers massacres est placé là où il ne le devrait pas, il est de mon devoir de parler et de faire valoir les revendications de ceux qui, hélas!, ne peuvent plus le faire pour eux-mêmes.

Alors, monsieur, je déclare tout de suite que la cause réelle du massacre de Bute Inlet n'avait rien à voir avec la conduite des victimes elles-mêmes qui n'ont aucunement "irrité les assassins par un traitement abusif, ni ne les ont provoqués par une conduite injuste ou mauvaise". Et je vais prouver le contraire.

Le public sait que les seuls auteurs du massacre de Bute Inlet étaient les Indiens chilcotins du haut pays qui n'étaient jamais descendus à Bute Inlet. Plusieurs d'entre eux provenaient des environs du lac Nacoontloon et il était bien connu qu'un des principaux meurtriers appartenait à la tribu du chef Anaheim. Les tribus Nacoontloon et Bella Coola sont en termes très amicaux et se marient constamment entre elles. Les provocations mutuelles sont la cause de la vengeance de ces Indiens sur mon groupe de travailleurs qui était innocent. Monsieur, je ne suis pas un magistrat et je n'ai jamais été un détective, mais j'ai amassé les détails suivants avec précaution et, au contraire du secret qui a été gardé à mon sujet, je les rends publics sans rien craindre et je défie qui que ce soit de me contredire.

Conséquemment, est-il vrai ou non que, l'année dernière, le lieutenant Palmer, ou son sergent, en chemin vers Alexandria, ont enfreint des coutumes indiennes bien connues et que le lieutenant Palmer a assommé le fils du second chef de la tribu, qui ne l'a pas apprécié, et que le lieutenant Palmer a ensuite menacé de le tuer après quoi le jeune homme est revenu avec cinquante Indiens armés, a dénudé sa poitrine et l'a mis au défi de le faire? Les Indiens étaient trop nombreux et le lieutenant Palmer s'est désisté. Il est certain que cet affront n'a jamais été pardonné.

Les Blancs n'ont-ils pas, à peu près au même moment, amené la vérole à Bella Coola d'où elle [s'est?] propagée vers Nacoontloon et jusqu'aux lacs Benshee et Chisient où j'ai moi-même vu les tombes d'environ 500 Indiens; et un tiers de la population n'a-t-elle pas été emportée par cette première manifestation; parce qu'il y en a eu une deuxième dont je devrai parler maintenant?

Les colons blancs n'ont-ils pas communiqué une autre contagion à ces tribus, dont le deuxième chef à Bella Coola se meurt lentement?

Et deux des Chilcotins du haut pays, qui étaient les principaux acteurs dans le massacre de Bute Inlet (un ayant une très large bouche) n'étaient-ils pas à leur arrivée porteurs de cette maladie? Et ne leur a-t-on pas fourni des médicaments et pris soin d'eux au campement, à mes frais, alors qu'ils n'y faisaient rien pour plus d'un mois précédant le meurtre?

Alors que la vérole faisait rage, il est bien connu que les Indiens pouvaient à peine trouver le courage d'enterrer leurs morts; mais ils ont transporté les corps dans les buissons, rangé les couvertures infectées et les ont déposées à côté des corps. Petit à petit, cependant, la contagion s'est résorbée et les survivants ont recommencé à respirer. Entre-temps, un colon, qui est encore à Bella Coola, a conclu un marché pour marier une jolie jeune Indienne selon les coutumes indiennes. Ceci a été accepté avec empressement et les membres de la famille ont offert plusieurs douzaines de couvertures au marié qui devait les retourner environ un mois plus tard et en ajouter un nombre égal, comme le veut la coutume indienne. Il y a eu un grand festin aux frais des Indiens et le marié a ensuite ramené son épouse chez lui. Il devait recevoir de grandes quantités de couvertures et de riches présents de Victoria par le premier schooner, qui n'est jamais arrivé. Après quatre mois, la famille est revenue chercher la pauvre fille qui était déshonorée. Est-ce que ce n'est pas un acte de provocation?

Et un certain M. N-____ n'a-t-il pas vécu toute une année aux dépens des Indiens leur disant qu'il était un grand tyhee (chef) envoyé par le gouvernement et qu'il recevrait sous peu une grande quantité de couvertures et de provisions? Et ne les a-t-il pas persuadés de lui bâtir un grand entrepôt, de 30 pieds x 40 pieds, pour lequel les Indiens ont fourni le bois à partir de leurs propres huttes? Pour tout cela, il leur a donné un billet pour 20 couvertures ou plus, selon le cas, payable lors de la livraison de Victoria qui ne s'est jamais produite et pour laquelle les Indiens ont encore le billet.

Et, à peu près au même moment, un certain dénommé Angus McLeod et un autre nommé Taylor ne sont-ils pas allés chercher les mêmes couvertures infectées dans les buissons, couvertures que les Indiens avaient déposées avec les corps des trois hommes morts de la vérole, et ne les ont-ils pas exhibées comme étant neuves et ne les ont-ils pas vendues une autre fois aux Indiens, provoquant une seconde ronde de contagion qui a tué un autre tiers de la population ainsi qu'Angus McLeod, l'auteur de ce marché, qui le méritait bien?

Ce ne sont là que quelques-uns des détails que j'ai recueillis et est-il à supposer, même par des fonctionnaires, que ces actes diaboliques n'ont pas éveillé la haine des Indiens et de ceux qui sont venus de Bute Inlet? Mes hommes et moi avons été totalement innocents de ces actes et pourtant les actes de vengeance dont ils ont été victimes au lac Benshee et qui doivent maintenant être punis nous sont maintenant imputés – parce que je me suis plaint et que j'ai demandé, et je demande encore, à être indemnisé. Les Indiens qui sont descendus de Bute Inlet avaient été traités de façon honteuse, ce que nous ne savions pas, d'une façon qui n'était certainement pas inconnue du gouvernement; les Indiens ont alors trouvé une groupe d'hommes qui, dans l'innocence de leur coeur et leur confiance dans le gouvernement de la côte, se sont sentis en sécurité et travaillaient sans armes. Ces Indiens ont naturellement été tentés de prendre une revanche cruelle et de piller là où ils avaient eux-mêmes été pillés.

Laissez le public impartial comparer les actes de provocation tels que décrits plus haut ainsi que les vagues accusations qui ont été portées contre les pauvres victimes du massacre. Je parle de ce qui est généralement connu à ce sujet. En ce qui concerne les détails — même s'ils sont si bien connus, à ce qu'il semble, et ont circulé dans certains milieux — on a pris grand soin de me les cacher ainsi qu'à ceux qui auraient pu y voir clair. Ils sont basés entièrement sur le témoignage des Indiens et, principalement je crois, sur celui d'un homme qui louche et dont le manque d'honnêteté est si notoire qu'aucun magistrat, lorsque mis au courant des faits, ne devrait croire un mot de ce qu'il dit. Ces témoignages, obtenus par des procédures propres aux détectives, n'a que peu de valeur et tout cela est calculé pour intimider et dérouter l'esprit du pauvre Indien qui est ainsi aisément amené à dire ce qu'il pense que voudra entendre le grand tyhee du gouvernement qui le questionne. De plus, toutes ces charges sont énergiquement niées par chacun des survivants de l'expédition, huit en tout! Un de ceux qui, en passant, a été questionné et contre-interrogé le vendredi après-midi par certains fonctionnaires à New Westminster jusqu'à ce qu'il "en soit révolté", comme il me l'a dit. Et voilà ce qui en est du zèle des fonctionnaires du gouvernement qui tentent de prouver trop de choses, de se tromper eux-mêmes et de tromper le gouvernement qu'ils veulent servir et qui font du tort à ce dernier auprès de l'opinion publique.

Alfred Waddington

Source: Alfred Waddington, "Le massacre de Bute Inlet et ses causes," The Victoria Colonist, 13 juin 1864.

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