Personne ne connaît son nom: Klatsassin et la guerre de Chilcotin
   
 

Peur de l’écriture par R. C. Lundin Brown, 1873

...Ils [les Chilcotins] ont, semblerait-il, une horreur singulière d’avoir leur nom mis sur papier. Ils regardent les journaux comme si c’était quelque chose de terrible et ils tremblent en voyant le fonctionnement d’un crayon. Écrire est, selon eux, un terrible mystère. Grâce à cela, les Blancs semblent entretenir des relations avec des forces invisibles. Lorsqu’ils écrivent, personne ne sait ce qu’ils peuvent accomplir. Ils peuvent demander l’arrivée de la peste sur le pays, ou ordonner à la pluie de rester à l’ouest, ou donner l’ordre au saumon de demeurer dans l’océan. L’Indien est tout spécialement scandalisé lorsqu’il voit son nom mis sur papier. Pour lui, le nom et la personne qui le porte ne sont pas distincts. Si son nom est écrit, sa personne l’est également : si son nom est donné aux démons qui peuplent sa hiérarchie, il est certain d’être ensorcelé et donné en proie à ses ennemis invisibles. Alors lorsque ces Chilcotins ont vu leurs noms écrits et se sont entendus menacé par la maladie, ils n’étaient que trop prêts à croire à la menace. Ils en ont énormément parlé entre eux. Ils se souvenaient que quelque chose de semblable avait été annoncé par un autre homme blanc deux années plus tôt, à un endroit nommé Puntzeen, à l’intérieur du territoire; il avait dit que la variole arrivait, et au cours de l’hiver 1862-1863 elle était arrivée – hé, et avait emporté avec elle la meilleure partie des tribus. Les Shuswaps n’avaient-ils pas perdu plusieurs de leurs guerriers ? Et les Indiens vivant au loin à Lillooet, le long du grand fleuve, n’avaient-ils pas perdu près des deux tiers de leur tribu ? Il n’était que trop évident que ces terribles Blancs allaient réaliser leur menace et envoyer la plus horrible des maladies jamais sorties des mâchoires de l’enfer et envoyer leurs tribus dans la nuit éternelle.

Source: R. C. Lundin Brown, "Klatsassin et autres réminiscences de la vie de missionnaire en Colombie-Britannique" (London: Gilbert and Rivington, Printers, 1873), 10-11.

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