Personne ne connaît son nom: Klatsassin et la guerre de Chilcotin
   
 

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Voyage à la pointe de Bentinck Arm sur le bateau Labouchere

The British Colonist, 20 août 1862

Qu’un bon sentier puisse être construit à partir du site projeté pour la ville à Bella Coola, je ne peux ni le confirmer ni le nier, mais qu’un bon sentier existe déjà, je ne peux que le nier. Ce n’est pas qu’une simple affirmation sans valeur, puisqu’elle est basée sur ma propre expérience et sur celles du lieutenant Palmer et de M. Hood, qui ont emprunté ce sentier avec leurs animaux de bât, sur sa section riveraine, et qu’elle est également basée sur le témoignage des mineurs revenant de cette section en haut du point de départ de la navigation. Je suis autorisé par M. Sweet, que je considère un pionnier intelligent de l’ouest des Amériques, à déclarer qu’il était un des membres du groupe qui a voyagé avec M. Pearson, « le guide de renom », que lui et d’autres membres du groupe ont refusé à de nombreuses reprises de suivre le guide, et qu’alors qu’ils se dirigeant dans la bonne direction, le guide s’est perdu pendant deux jours complets à une occasion et pendant huit heures à une autre occasion, et doutait constamment du chemin à suivre. Est-ce que cela vous semble être un bon sentier ? le guide, je pense, avait déclaré avoir emprunté ce sentier à de nombreuses reprises. M. Sweet et tous les mineurs ont dû laisser une grande partie de leurs provisions et plus encore derrière eux; M. Sweet ainsi que quelques autres les ont laissées à Monsieur James Pontlas, le Chef de Bella Coola. M. Pearson, semble-t-il, n’avait rien à laisser, mais a réussi, en promettant un paiement élevé, à obtenir qu’un Indien de Bella Coola transporte ses couvertures à Alexandria, d’où il a établi une ordonnance à M. Pontlas de donner huit couvertures aux Indiens. J’étais présent lorsque Sweet a reçu les biens de Pontlas; bien évidemment, de nombreux articles manquaient, et parmi ceux-ci huit couvertures payées à l’ordre de M. Pearson! Gardez en tête que telle n’est pas ma déclaration, mais bien celle de M. Sweet.

D’après les rapports de M. Spring, qui a été au point de départ de la navigation et s’est rendu aussi loin que Chilcotin pour essayer d’obtenir des animaux bipèdes et quadrupèdes des deux Canadiens déjà nommés, de M. Sweet et d’Enos, de Bilboas et de Kenney, qui sont retournés en empruntant le sentier, on m’a assuré qu’à environ un mille et demi du point de départ de la navigation, il y a deux ou trois milles de sentier en bon état puis, plus loin, à une distance d’environ dix milles du point de départ de la navigation, le sentier est très rocailleux et difficile, puis on atteint des rochers qu’il faut parcourir sur une distance de cinq milles, que des quadrupèdes ne peuvent absolument pas parcourir et que les passagers à pied parcourent en sautant par-dessus les gouffres entre les rochers. Ensuite, il y a la pente longue de plusieurs milles, qui étant généralement faite de petites pierres et de gravier, n’est pas un grand obstacle à la construction d’un sentier qui la recouvrira.

Après quelques autres milles de sentier rocailleux, on arrive au précipice (le nom lui-même est de mauvais augure), une montagne presque perpendiculaire, autour duquel aucun sentier n’avait été trouvé au moment où j’ai quitté. Entre le précipice et Chilcotin, il y a de trente à quarante milles de mauvais sentier rocailleux, après lesquels on trouve un terrain vallonné avec du bois de faibles dimensions, puis le sentier devient comparativement facile à parcourir. M. Robert McLeod, m’a-t-on dit, a marqué un sentier de Chilcotin jusqu’à Quesnel Mouth, un lieu idéal, dit-on, pour le terminal du sentier de Bentinck Arm. La distance entre le point de départ de la navigation et le lieu projeté pour la ville est évaluée à 175 milles, auxquels on ajoute 45 milles de sentier riverain (c’est sûrement plus) ce qui donne 220 milles de déplacement. C’est une erreur de penser que le capitaine Venables ait emprunté le sentier de Bentinck Arm avec des chevaux; il m’a lui-même affirmé qu’il a voyagé entre Nacoontlon et Noosdoos sur la rivière, à 24 milles de Bella Coola, où nous avons trouvé la preuve que des chevaux y sont demeurés pendant une période de temps considérable.

D’après les faits ci-dessus mentionnés, je suppose qu’un chemin de roulage est quasi impossible, bien qu’avec un assortiment approprié de nuages du très populaire essai du Dr Forbes, une route nébuleuse pourrait être construite jusqu’à la lune. Si un sentier de chargement est construit ce doit être à grands frais, puisque la plupart des améliorations nécessaires doivent être réalisées par dynamitage. Toutefois, le sentier est entre bonnes mains. M. Hood est un gentilhomme de moyens, intelligent, énergique et travailleur, qui n’est pas facilement découragé par les difficultés et je crois que si le sentier s’avère praticable et que M. Hood reçoit suffisamment d’encouragements, il pourra en faire quelque chose. Son groupe est constitué de onze hommes et il avait vingt-neuf chevaux et mules. Il en avait cependant perdu deux la dernière fois que j’ai entendu parler de lui.

Dans les circonstances, il était excessivement cruel et répréhensible, sans de meilleurs arguments, de rassurer les mineurs sur le fait que le sentier ne représentait aucun danger et qu’ils pourraient faire transporter leurs nombreuses livres de provisions jusqu’à Fort Alexandria, pour 10 cents la livre, par les Indiens Bella Coola – dont aucun n’a transporté de provision jusque-là. Certains ont laissé la plupart de leurs provisions à Pontlas, le Chef des Bella Coola, qui s’était engagé à me conduire à Fort Rupert – qui a pris mes souverains (des arrhes), et m’a planté là, à Desolation Hall, comme un navet – d’autres ont laissé leurs provisions à Barney Johnson, et certains, les amenant jusqu’au point de départ de la navigation en canoës, les ont laissées à M. Spring. Quelques-uns les ont apportées jusqu’à la pente et les ont laissés à M. Venables, là où il a laissés ses fameuses liqueurs reposer de quatre à cinq mois. Je n’envie pas au capitaine ses milliers d’acres pas plus qu’à M. Cary ses marécages qui feront d’excellents pâturages pour les grenouilles. En résumé, par comparaison avec port Douglas où on traite de grosses affaires, je ne vois rien, même en regardant les choses du meilleur côté, pour justifier l’idée qu’il puisse y avoir un jour une nécessité pour une grande ville à la tête Bentinck Arm. Maintenant, il ne reste plus qu’à savoir si le rapport du capitaine Palmer corroborera mon rapport pratique.

VIATOR.

Erratum. — Pour le mot payante de l’expression « route payante » dans mon dernier texte doit plutôt se lire « passable » (J’ai peur qu’il n’y ait pas de paiement dans cela.) Pour le capitaine Marly et Oucables, lisez plutôt Venables ; pour Juan Ewers, lire Enos.

Source: VIATOR, "Un voyage à l’embouchure de Bentinck Arm sur le vapeur Labouchere," British Colonist, 20 août 1862.

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