Personne ne connaît son nom: Klatsassin et la guerre de Chilcotin
   
 

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De la route côtière, important – misères et souffrances

Le British Colonist, 22 juin 1862

Hier matin, plusieurs hommes, qui avaient emprunté la route côtière pour se rendre jusqu’au Fraser, ont débarqué du Gov. Douglas et nous ont fait un récit affligeant de la situation. Des Grands-Éboulements, Pearson et son groupe ont mis 15 jours à atteindre Alexandria et, bien qu’à court de nourriture, n’ont pas souffert outre mesure. Cependant, 40 hommes, partis du même endroit plusieurs jours après lui, ont enduré les pires tourments. Seulement neuf d’entre eux ont rejoint Alexandria 20 jours plus tard. L’un d’entre eux, un M. Poole, géologue et mineur du Staffordshire en Angleterre, nous décrit de façon poignante son expérience et celle de ses compagnons. Aux Éboulements, la plupart des provisions furent abandonnées là, les Indiens ayant refusé de porter le matériel plus loin. Les mineurs dépendaient maintenant des Indiens de l’intérieur pour les réapprovisionner en gibier et en poisson. Les Éboulements à peine derrière eux que deux Canadiens, des frères nommés Linn, tombèrent malades, touchés par la petite vérole, et furent laissés aux bons soins des indigènes du village Noot-lef. Au lac Chilcotin, deux autres Canadiens, dont l'un se nommait Pearce, furent aussi atteints de la même maladie et restèrent ainsi chez les Indiens Chilcotins. Tous ces cas présentaient les symptômes de la forme la plus virulente du mal. Le groupe continua pendant cinq ou six jours. Les vivres manquèrent lorsqu’il devint impossible de se procurer soit poisson soit gibier; alors, les souffrances commencèrent. Plusieurs hommes, réduits à leur dernier biscuit ou morceau de bacon, se laissèrent bientôt distancer, à bout de forces, faute de nourriture.

Peu d’entre eux avaient auparavant subi des privations ou pâti d’une manière quelconque. Pour ceux-ci, endurer toutes ces épreuves et ces misères fut plus difficile. Plusieurs furent abandonnés alors qu’ils tombaient d’inanition, trop faibles pour faire un pas de plus. Ayant subsisté pendant 3 jours en mangeant des petits fruits, trois bécassines et un écureuil, M. Poole et sept autres réussirent à atteindre le fort Alexandria à 9 heures dans la soirée du 4 courant. Deux jours plus tard, un Anglais bien nanti arriva lui aussi. Presque mort de faim, il engagea néanmoins aussitôt des Indiens pour transporter des provisions aux hommes affamés encore sur la piste. Les habitants du fort ne firent rien pour porter assistance aux gens dans le besoin. Par contre, plusieurs porteurs firent tout ce qu’ils purent pour les aider. M. Poole pense que le manque de vivres est responsable de la mort de certains membres de l’expédition laissés pour compte. Le groupe était à peu près également composé d’Anglais, d’Américains et de Canadiens. En chemin pour rejoindre notre ville, plusieurs relais ont pourvu aux besoins essentiels de M. Poole et de son équipe. Un Américain à Port Douglas, M. Layton, a non seulement nourri notre informateur, mais a même payé son passage jusqu’ici bien que ce dernier lui ait été totalement étranger.

En dépit des grandes souffrances éprouvées, M. Poole affirme que la route côtière est plus courte que tout autre. Il ne conseille toutefois à personne de l’emprunter avant qu’un véritable chemin n’ait été construit. Quant aux terres arables dont parlaient tant de voyageurs, selon lui, elles seraient un mythe. Si Pearson et son équipe avaient balisé la piste comme il avait été convenu avant leur départ du bras Bentinck, rien de ceci ne serait arrivé.

Source: "De la route côtière, important – misères et souffrances," The British Colonist, 22 juillet 1862.

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