Personne ne connaît son nom: Klatsassin et la guerre de Chilcotin
   
 

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Une force militaire souhaitée

The British Columbian, 1er juin 1864

Il y a moins de douze mois, nous écrivions un article avec le même titre ayant pour but de souligner à quel point il était mal avisé de retirer toutes les forces militaires de la Colombie-Britannique au moment où la population des sauvages autochtones était environ dix fois plus élevée que celle des Blancs, avant qu’une quelconque politique indienne ait été établie dans le territoire et alors que les aborigènes étaient bien loin de saisir les motivations et les intentions des « envahisseurs aux visages pâles »; nous avions alors mis en garde les gouvernements, autant colonial qu’impérial, de l’effet que le retrait de l’armée, si modeste soit-elle, aurait sur la population autochtone. La quasi-prédiction faite dans l’article dont il est question s’est tristement et concrètement accomplie – et elle s’accomplit encore – en ce sens que la récente émeute indienne de Bute Inlet est largement attribuée à l’absence connue de toute force militaire dans la colonie.

Le révérend Pierre Fouquet, revenu il y a quelques jours d’une croisière pastorale le long des côtes de l’Amérique russe et qui a visité tous les villages indiens côtiers de notre colonie ainsi que ces Indiens qui habitent sur ses îles, nous apprend qu’il était clair pour ces personnes que les forces militaires avaient été retirées et, selon eux, la marine aussi. Cela dit, quiconque connaît avec quelle peur, presque superstitieuse, les Indiens considèrent l’armée sera d’accord avec nous pour dire que s’il y avait eu une telle armée au pays nous n’aurions pas à rapporter qu’une très large partie de cette colonie est maintenant sous contrôle des sauvages qui ont, au moment d’écrire ces lignes, et selon toutes probabilités, assassiné tous les hommes blancs y habitant!

Que la responsabilité revienne à notre gouverneur précédent ou au gouvernement impérial nous importe peu. Il suffit de savoir que cette folie a probablement coûté la vie à quarante ou cinquante colons et a engagé le pays dans un imbroglio qui pourrait coûter encore plus de vies et entraînera très certainement de larges coûts qui hypothéqueront une grande partie de nos pauvres revenus. Nous ne doutons pas de la capacité du gouverneur Seymour de mâter les Indiens réfractaires et de traîner devant la justice ceux qui se sont mouillés les mains dans le sang des Blancs. Mais, une fois ces gestes accomplis, cela ne veut absolument pas dire que nos problèmes seront réglés. Nos relations avec les Indiens ne seront pas bâties sur des bases sécuritaires et durables tant que chaque tribu ne sera pas incluse dans un traité protégeant leurs droits et qu’une profonde entente ne sera pas établie entre eux et les Blancs; une telle entente ne peut être concrétisée alors que notre pays est dépourvu d’une force militaire et nous ne croyons pas que cette entente survivrait longtemps sans la présence d’une telle armée pour quelques années au moins, jusqu’au moment où les autochtones se seront assurés que les Blancs sont de bonne foi et que le respect du traité leur apportera ultimement un meilleur bien-être.

Comme nous l’avons dit il y a peu de temps, la meilleure approche, et la plus économique, est de faire ce qui est juste et bon envers les Indiens. Et le plus tôt sera le mieux, car chaque année qui passe rend la tâche plus difficile et plus coûteuse alors que l’état actuel de nos relations avec les Indiens a des conséquences désastreuses sur le peuplement de ce pays. Lors de la réalisation de ce grand projet qui est également, pour plusieurs raisons, un difficile projet, nous devons, bien entendu, nous tourner vers le gouvernement central afin d’obtenir de l'aide matérielle. Nous avons besoin de soldats et d’argent de l’Empire et plus rapidement ils arriveront, moins nous en aurons besoin.

Laissons alors le gouverneur Seymour terminer ce qu’il a entrepris avec tant de rapidité et d’énergie. Laissons les responsables de la récente tragédie être pourchassés et punis, peu importe le prix. Cela accompli, laissons Son Excellence obtenir du gouvernement central une force militaire et navale ayant pour objectif de favoriser chez les Indiens, une fois pour toutes, un état d’esprit favorable à un traité. Il n’est pas dans nos intentions de les forcer à signer un traité du bout de la baïonnette ou par la bouche de nos canons. Une telle position serait mal avisée autant qu’injuste. Mais notre position est la suivante : il serait extrêmement difficile, à cause du curieux tempérament des Indiens, de trouver une entente avec eux ou de les y inciter, dans un premier temps, et à y rester fidèle à moins qu’ils soient informés que le gouverneur a à sa disposition les moyens de forcer l’obéissance et de punir toute infraction à la loi.

Source: "Une force militaire souhaitée," The British Columbian, 1 juin 1864.

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