Personne ne connaît son nom: Klatsassin et la guerre de Chilcotin
   
 

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Voyage et aventure en territoire d’Alaska

En passant sous silence les détails d’une pénible traversée, nous sommes arrivés à Bute Inlet le 22 mars et, profitant d’une brise favorable, nous avons traversé l’embouchure de la rivière Homathco ce même jour. Lorsque nous sommes entrés dans le bras de mer, nous avons constaté une différence très marquée entre les basses îles rocheuses du golfe de Georgie et les montagnes escarpées couronnées de neige du continent. Le capitaine, qui connaissait la côte de la Norvège, a déclaré que le paysage était identique en tout point à celui des fjords. La neige fondait rapidement et disparaissait dans des petits ruisseaux qui se faufilaient paisiblement à travers la forêt jusqu’à la mer ainsi que dans plusieurs cascades bruyantes qui dégringolaient des falaises dégarnies et abruptes. Près de la rivière, des Chilcotins sont arrivés en pagayant et sont montés à bord pour faire une promenade gratuitement. À l’exception des anneaux qu’ils avaient au nez, de la peinture dont ils étaient recouverts et de l’inévitable couverture de la côte qu’ils portaient, leur habillement n’avait rien de très caractéristique. Certains portaient une chemise sans pantalon et d’autres portaient un pantalon sans chemise. Deux d’entre eux étaient pittoresques avec leurs robes de cérémonie en peau de loup, le pelage tourné vers l’intérieur et l’extérieur orné de franges de queues-de-pie faites de martres ou d’écureuils. Parmi eux, une vieille bonne femme attirait l’attention à cause de son apparence repoussante et de sa petite pipe qu’elle semblait apprécier.

Près d’un petit quai construit à l’embouchure de la rivière, un homme blanc solitaire, M. C-----, est apparu et, de toute évidence, était heureux de nous voir. Il avait la responsabilité des provisions et des mules pour l’hiver, entre autres, et les Indiens avaient parfois menacé de le tuer.

Un incident amusant était survenu pendant son séjour. Plusieurs petites choses disparaissaient de sa maison en bois rond et il n’arrivait pas à mettre la main sur le voleur, quel qu’il soit, mais croyait qu’il pénétrait dans la maison par la grande cheminée. Un jour, un ami a accepté de s’installer à l’intérieur avec un quart de livre de poudre à canon. Il a barré la porte et a fait semblant de partir; il s’est caché près de la maison pour voir ce qui allait arriver. Presque aussitôt, un indien est apparu seul, marchant à pas furtifs, sans culottes, sans rien. Il est monté sur le toit et il était presque arrivé en bas de la cheminée lorsque l’homme qui était caché à l’intérieur a lancé la poudre sur les cendres qui fumaient et le tout a explosé. L’Indien aussi a explosé! en poussant un cri terrifiant. Mais, un voile doit être jeté sur son état. Il a par la suite donné une mise en garde très salutaire à sa tribu, étant dans l’incapacité de s’asseoir ou de se coucher.

Ces personnes semblaient vraiment être à court de provisions et se battaient avec leurs misérables chiens cayota pour tout ce qu’on jetait à l’extérieur de notre campement et qui ressemblait à des os, à de la couenne de lard, à des feuilles de thé et autres objets de luxe. Plusieurs d’entre eux ont par la suite été engagés pour transporter la marchandise sur leur dos, leur cargaison toujours attachée à une courroie qui faisait le tour et passait sur leur front .Étant donné qu’ils transportaient 100 livres et plus de cette façon, ils doivent avoir une forte tête sans parler d’une grosse tête! Quelques-uns d’entre eux ont aussi été engagés pour construire la route…

Source: Frederick Whymper, "Voyages et aventures dans le territoire d’Alaska" (Ann Arbor: University Microfilms, Inc., 1966), 19-20.

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